Le e-commerce bouleverse les codes dans le luxe - Market Blog
20 Février 2018 - 11:40AM
Dow Jones News
Par Olivier Pinaud
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Officiellement, Chanel garde ses distances
avec le e-commerce. Mais en prenant une part minoritaire au capital
de Farfetch, un site de ventes en ligne d'articles de luxe, le
groupe français va faire évoluer ses pratiques commerciales.
Jusqu'à présent, afin de préserver l'exclusivité et l'attractivité
de sa marque, Chanel a toujours refusé de vendre sa maroquinerie ou
son prêt-à-porter sur internet, aussi bien sur ses propres sites
que sur des plates-formes spécialisées comme Farfetch ou son
concurrent Yoox-Net à porter. Chanel vend en revanche déjà sur
internet ses cosmétiques et ses parfums.
Désormais, en s'appuyant sur Farfetch, la maison de couture
proposera "de nouvelles expériences et des services personnalisés"
à ses clients. Une application mobile permettra par exemple à un
client d'annoncer sa visite dans un magasin où les vendeurs sauront
ce qu'il a aimé sur le site, connaîtront sa taille et pourront lui
proposer des produits conformes à ses attentes.
Cet investissement et l'accord avec Farfetch, dont les termes
financiers n'ont pas été divulgués, illustrent le virage numérique
entrepris par les groupes de luxe. Richemont a récemment annoncé sa
volonté de prendre le plein contrôle de sa filiale Yoox-Net à
porter. Burberry a lui aussi signé la semaine dernière un accord
avec Farfetch. LVMH a lancé en 2017 le site 24Sèvres.com pour
vendre à la fois les produits de ses différentes griffes mais aussi
des marques concurrentes. Plusieurs maisons de LVMH, comme
Givenchy, disposent également de leur propre site. Hermès a
également lancé un site marchant en 2017.
L'objectif est double. En développant leur propre site ou en
s'appuyant sur des partenaires spécialisés, les groupes de luxe
cherchent tout d'abord à ne pas se faire déborder par les grands
distributeurs comme Amazon ou Alibaba, avec lesquels les relations
ont parfois été houleuses en raison des contrefaçons accessibles
sur ces sites.
Surtout, ces sites maison répondent aux modes d'achat des jeunes
consommateurs. Les ventes sur internet des marques de luxe de
Kering ont bondi de 73% en 2017 et de 86% pour le seul Gucci. Selon
la dernière étude sectorielle de Bain, les ventes en ligne
d'articles de luxe devraient représenter un quart du marché d'ici à
2025, contre 10% actuellement.
Il s'agit enfin de fidéliser les consommateurs alors que ceux-ci
peuvent être tentés d'aller sur les plates-formes de vente
d'articles d'occasion comme Vestiaire Collective ou The
RealReal.
-Olivier Pinaud, L'Agefi. ed: ECH
"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence
Agefi-Dow Jones.
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February 20, 2018 05:20 ET (10:20 GMT)
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