François Berthon,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Depuis ses sommets historiques à plus de 150 euros de fin août dernier, l'action Ipsen a perdu 26%, soit près du double du SBF 120, son indice de référence. Les investisseurs apprécient généralement le profil défensif du secteur de la santé dans un contexte de montée des risques. Mais le marché difficile des mois de septembre et octobre a encouragé des prises de bénéfices assez légitimes sur un titre qui avait très bien performé jusqu'alors, avec un bond de plus de 50% depuis le début janvier. Un phénomène de correction amplifié par le fait qu'Ipsen est une valeur largement détenue au sein des gestions, qu'elle soit ou non spécialisées dans la santé.



Pour autant, le parcours d'Ipsen sur plus longue période reste plus qu'enviable. Sa progression s'inscrit à 13,5% depuis le début de l'année, à 65% sur deux ans, à 240% sur cinq ans... Non sans raison. "Ipsen présente un profil de croissance qui est à peu près deux fois supérieur à celui du reste de l'industrie pharmaceutique européenne, que ce soit au niveau du chiffre d'affaires que du bénéfice", souligne Delphine Le Louêt, analyste Santé et Biotechnologie à la Société Générale.



La Somatuline, un produit phare



Depuis plusieurs années, la croissance d'Ipsen est particulièrement tirée par la Somatuline, le plus important produit du groupe. Lancé en 2014 aux Etats-Unis, ce traitement des tumeurs neuroendocrines est le fer de lance de la division Oncologie du laboratoire, qui s'est depuis étoffée. Les acquisitions des anti-cancéreux Cabometyx, et Onyvide ont enrichi le portefeuille en mars 2016 et janvier 2017. "Ces deux produits ont contribué à transformer l'entreprise en renforçant sa présence aux Etats-Unis et en la faisant devenir un véritable acteur dans le domaine de la cancérologie", souligne Aymeric Le Chatelier, le directeur financier d'Ipsen.



Les ventes de Somatuline ont grimpé de 26,1% à 619,5 millions d'euros sur les neuf premiers mois 2018, avec un bond de 39,4% en Amérique du Nord. Tandis que Somatuline se rapproche du statut de "blockbuster" - c'est-à-dire qu'il pourrait rapidement générer plus de 1 milliard de dollars de vente - Cabometyx, et Onyvide connaissent des taux de croissance à trois chiffres.



D'abord commercialisé pour le traitement du cancer du rein, Cabometyx voit d'ailleurs son champ d'application s'élargir. Ipsen a obtenu à la mi-novembre l'approbation européenne pour le traitement du cancer du foie chez les patients déjà traités antérieurement par sorafénib, le traitement de référence. Le produit est également en phase de développement dans les tumeurs solides en combinaison avec l'anticancéreux Tecentriq de Roche. "Cabometyx est un pipeline à lui tout seul", résume le courtier Oddo BHF.



Alors que le produit devait générer entre 140 et 150 millions d'euros de ventes en 2018 selon les analystes, "avec cette nouvelle indication, le potentiel de vente de Cabometyx se renforce, nous anticipons des ventes additionnelles pouvant atteindre 100 millions d'euros environ", estime de son côté Pierre Vaurice, chez Midcap Partners.



Plus d'1 milliard d'euros à disposition pour des acquisitions



La croissance externe est inhérente à la stratégie d'Ipsen. "C'est indispensable. Ipsen n'a pas vocation à faire de la recherche 'early stage', mais plutôt à acquérir des molécules dont le développement a été mené à bien, au moins en partie", explique Delphine Le Louët chez Société Générale. "L'idée est d'acquérir ou de nouer des partenariats avec des biotechs au stade du développement clinique chez l'homme", confirme Aymeric Le Chatelier. Et pour ce faire, le laboratoire possède d'importants moyens financiers : environ un milliard d'euros soit à peu près deux fois l'EBITDA (excédent brut d'exploitation). Et bientôt davantage, sachant que le groupe devrait générer plus de 300 millions d'euros de trésorerie cette année.



Les actifs ciblés s'inscrivent dans la stratégie de développement du groupe dans ses trois aires thérapeutiques prioritaires : l'oncologie, les neurosciences et les maladies rares. Le laboratoire a pris l'habitude de chercher des niches de marché où les "big pharmas" ne sont pas positionnées, "comme avec Somatuline, avec deux acteurs qui se partagent un marché d'un peu plus de 2 milliards d'euros", rappelle Pierre Vaurice de Midcap Partners.



L'objectif est d'ailleurs de préparer l'expiration à la fin 2021 du brevet de la Somatuline dans les tumeurs neuroendocrines aux Etats-Unis, même si la menace d'un générique est à relativiser dans la mesure où le processus de production du médicament est complexe et coûteux. Aucun biosimilaire du principal concurrent de la Somatuline, la Sandostatine de Novartis, n'est ainsi arrivé sur le marché deux ans pratiquement après l'expiration de ses brevets.



La récente baisse de valorisation des biotechs a rendu leurs niveaux de transaction plus attractifs. Alors que l'objectif de cours moyen des analystes se situe à 145 euros - pour un titre évoluant à 113,05 euros mercredi - Ipsen ne manquerait pas de réanimer son parcours boursier en réalisant une ou plusieurs "belles acquisitions".





-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93; fberthon@agefi.fr ed: ECH



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December 19, 2018 08:01 ET (13:01 GMT)




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