Abordant l'avenir avec prudence, Ipsen s'oblige à épater dans les M&A - DJ Plus
01 Décembre 2020 - 4:18PM
Dow Jones News
Dimitri Delmond
Agefi-Dow Jones,
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ipsen a livré une feuille de route sans
éclat ni surprise. Présentées mardi, les nouvelles orientations
stratégiques du laboratoire pharmaceutique pour le moyen terme
répondent parfaitement aux enjeux du secteur. Mais ces mouvements
étaient largement anticipés par les investisseurs.
La volonté du groupe de maximiser la valeur de son portefeuille en
médecine de spécialité, se concentrant sur l'oncologie, les
maladies rares ou les neurosciences, ne constitue pas une surprise,
commente UBS. De même que l'ouverture d'une revue stratégique de
l'activité dédiée à la santé familiale. Cette division a compté
pour 8,1% du chiffre d'affaires du groupe entre janvier et
septembre, tandis que le pôle médecine de spécialité a contribué au
reste (91,9%).
Aussi, les objectifs financiers établis par les dirigeants d'Ipsen
semblent manquer d'ambition. La prévision du groupe d'une hausse
moyenne du chiffre d'affaires comprise entre 2% et 5% chaque année
entre 2020 et 2024 est parfaitement conforme aux attentes des
analystes interrogés par FactSet, qui tablent sur un taux de
croissance moyen annuel de 3,5% sur la période.
Du "flou" et de "l'incertitude"
Les analystes de Midcap Partners regrettent l'absence d'objectif
chiffré concernant la marge opérationnelle des activités attendue
en 2024, alors qu'Ipsen a confirmé qu'elle dépassera 30% des ventes
cette année et représentera plus de 28% des revenus en 2022.
L'absence d'indications sur le niveau de rentabilité futur
"introduit de l'incertitude", déplore JPMorgan Cazenove, voire "un
peu de flou", selon Oddo BHF.
Même David Loew, qui occupe le poste de directeur général d'Ipsen
depuis juillet dernier, a reconnu que sa feuille de route était
résolument prudente. "Aucun laboratoire pharmaceutique ne fournit
d'objectif de marge opérationnelle pour le moyen terme car certains
facteurs rendent toute prédiction impossible", a justifié l'ancien
haut dirigeant de Roche et de Sanofi.
En réaction, le cours de Bourse d'Ipsen avance de 1,2% mardi, à
81,85 euros, pour afficher un modeste gain de 3,6% depuis le début
de l'année. La revalorisation du titre passera par la bonne
maîtrise de la stratégie d'acquisitions (M&A) du groupe, qui a
érigé "l'innovation externe" au rang de priorité en matière
d'allocation de capital.
D'ici à 2024, Ipsen prévoit de porter à 3 milliards d'euros sa
capacité d'investissement dans la croissance de son portefeuille de
R&D, hors éventuelles cessions d'actifs et sur la base d'un
ratio dette nette sur excédent brut d'exploitation inférieur à 2.
Cet objectif sera "facilement" atteint, selon Jefferies, qui
remarque que le flux de trésorerie disponible devrait s'établir à
environ 2 milliards d'euros en données cumulées sur la période,
après le versement des dividendes.
Gare à "l'erreur de synchronisation"
Capable de se doter d'une force de frappe jugée "considérable" par
David Loew, Ipsen court néanmoins un risque: le laboratoire
s'engage à préserver ses marges en finançant ses futures
acquisitions grâce à des gains d'efficacité. Or l'entreprise promet
dans le même temps aux investisseurs une vive accélération de sa
stratégie de M&A. "Une erreur de synchronisation, responsable
d'une détérioration soudaine de la rentabilité, serait mal perçue
par le marché", prévient un analyste basé à Paris.
Contraint de rééquilibrer son portefeuille de R&D, surtout
composé de médicaments actuellement évalués dans des études
cliniques de phase 3, Ipsen compte surtout mettre la main sur des
produits dont le développement est moins avancé. Le niveau de
risque rattaché à ces projets étant, par nature, plus élevé, la
stratégie d'acquisitions du groupe n'en est que plus
périlleuse.
L'abandon ou la suspension d'essais cliniques peut être ravageuse:
en février dernier, Ipsen avait abaissé ses prévisions pour 2022 en
raison du retard pris dans l'évaluation de son candidat-médicament
palovarotène. Cet impondérable avait entraîné la comptabilisation
d'une perte de valeur partielle de 669 millions d'euros avant impôt
dans les résultats de l'exercice 2019 du laboratoire.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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