L'impressionnant rebond du chiffre d'affaires et des commandes de Manitou BF SA au deuxième trimestre suggère que le pire est désormais passé pour le fabricant d'engins de manutention, après la chute de l'activité qui a marqué les six derniers trimestres.



Mais cette amélioration reste à pérenniser et ne permet malheureusement pas encore d'envisager une normalisation de la situation du groupe familial, qui doit encore faire face à d'importants défis.



Le deuxième trimestre n'en marque pas moins une rupture. Le chiffre d'affaires de Manitou a rebondi de 36% à 225 millions d'euros, grâce à la contribution de l'ensemble de ses divisions et de ses implantations géographiques.



Surtout, le groupe a continué d'engranger les commandes, jusqu'à porter son carnet de commandes au niveau record de 5.400 machines, soit environ quatre mois de visibilité sur son activité. Manitou table désormais sur un rebond de 10% à 15% de son activité en 2010, là où il visait auparavant une hausse de 5% à 10%.



Mais les implications pour les perspectives de rentabilité du groupe restent à déterminer. Si l'objectif d'un retour à l'équilibre du résultat brut d'exploitation se trouve conforté, cela ne permettra pas nécessairement un retour à l'équilibre opérationnel. En tout état de cause, 2010 devrait être une nouvelle année de pertes.



Le rebond du carnet de commandes pourrait vite s'essouffler, comme le reconnaît Manitou. La hausse des derniers mois est essentiellement due à un phénomène de rattrapage technique, alimenté par les reports des investissements initialement prévus en 2009, et soutenu par le cycle naturel de remplacement des machines.



Or les marchés finaux du groupe restent très incertains, que ce soit du côté agricole, industriel ou de la construction. Manitou réalise la quasi-totalité de ses ventes dans les pays développés, et ne peut donc que marginalement compter sur le dynamisme des pays émergents. Compte tenu de la fragilité de la reprise économique en Europe et aux Etats-Unis, les clients du groupe devraient continuer d'investir au compte-goutte.



Dans l'immédiat, la principale préoccupation du groupe devrait être ses approvisionnements. Manitou sous-traite pratiquement 80% de la valeur de ses appareils auprès d'environ 600 fournisseurs. Ils restent dans une situation financière très difficile, ce qui pourrait entraîner des retards de livraison.



Manitou pourrait même être contraint de soutenir certains d'entre eux financièrement. Mais, dans le cadre de la restructuration de sa dette, au plus fort de la crise, le groupe s'est engagé à ne pas laisser son ratio dette nette sur fonds propres dépasser 100%, contre 73% fin 2009.



Cette marge de manoeuvre financière limitée pèsera tôt ou tard sur la capacité d'expansion de Manitou. S'il veut aller chercher la croissance là où elle se trouve, le groupe va devoir investir pour s'implanter plus solidement dans les pays émergents, au besoin par des acquisitions.



Dans la situation actuelle, un appel au marché permettrait à Manitou d'envisager plus sereinement son avenir. Mais cette perspective ne peut être envisagée à court terme. En effet, lors de l'assemblée générale qui a eu lieu fin juin, faute de pouvoir s'accorder sur le sujet, le concert familial qui détient environ 62% de l'entreprise a reporté toute réflexion sur une augmentation de capital à une assemblée ultérieure, à une date qui n'a pas encore été fixée.



Dans l'intérêt de leur entreprise, les familles Braud et Himsworth devraient dès aujourd'hui envisager cette perspective, même si elle est susceptible de les diluer au capital.



-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@dowjones.com

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