En Bourse, le pacte de compétitivité fera des gagnants et perdants
19 Novembre 2012 - 12:09PM
Dow Jones News
Dévoilé avec fracas par le gouvernement Ayrault, le pacte de
compétitivité profiterait naturellement à certaines entreprises
plus qu'à d'autres. Reste à savoir quelles pourraient en être les
principales bénéficiaires, mais aussi celles qui pourraient en
souffrir. Dans une récente note d'analyse, que Dow Jones Newswires
a pu se procurer, la société de Bourse CA Cheuvreux a voulu évaluer
l'impact qu'aurait la mise en place effective du "pacte" sur les
sociétés cotées sous sa couverture.
Sous sa forme actuelle, le pacte propose essentiellement deux
grands trains de mesures aux entreprises. Un crédit d'impôt de 20
milliards d'euros leur serait accordé, avec une montée en puissance
sur trois ans. Ce dispositif concernerait les salaires compris
entre 1 et 2,5 fois le salaire minimum (SMIC). Pour compenser la
diminution des recettes fiscales correspondantes, les sociétés
françaises se verraient notamment imposer à partir de 2014 une
hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui pourrait
rapporter de 6 à 7 milliards d'euros.
Les entreprises qui profiteraient le plus de ces mesures sont
naturellement celles qui emploient une part importante de leurs
effectifs en France, et qui y versent des salaires plus modestes.
Ce sont aussi celles qui seraient les plus à même d'absorber une
hausse de la TVA, parce qu'elles pourraient relever leurs prix sans
que cela affecte sensiblement leurs ventes.
Indépendamment de son avis boursier sur ces valeurs, Cheuvreux
retient au final près d'une vingtaine d'entreprises cotées plus
susceptibles de profiter de l'instauration du pacte de
compétitivité.
Parmi les grandes capitalisations, seules Casino (CO.FR) et
Carrefour (CA.FR) figurent dans sa sélection. Les grandes
entreprises françaises sont déjà très internationalisées. Les
salaires qu'elles versent sont supérieurs à la moyenne et ne
représentent une moindre part de leurs coûts.
Le gros du contingent est constitué de cinq groupes de médias:
NextradioTV (NXTV.FR), Lagardère (MMB.FR), NRJ (NRG.FR),
PagesJaunes (PAJ.FR) et TF1 (TFI.FR), et de trois gestionnaires de
maisons de retraite : Medica (MDCA.FR), Orpea (ORP.FR) et Korian
(KORI.FR). Font également partie des élus Devoteam (DVT.FR), Nexity
(NXI.FR), Boiron (BOI.FR), Bonduelle (BON.FR), Manitou (MTU.FR),
Saft (SAFT.FR) et Seb (SK.FR).
A l'inverse, quelques entreprises pourraient souffrir de la hausse
de la TVA sur leur activité, parce qu'elles ne seront pas en mesure
de relever leurs prix sans que cela n'ait un impact sur leurs
ventes, ou parce qu'elles maintiendront leurs prix au détriment de
leurs marges. Cheuvreux met notamment en avant les groupes
hôteliers Accor (AC.FR), Pierre & Vacances (VAC.FR) et, dans
une moindre mesure, Club Med (CU.FR).
La société de Bourse souligne également que les opérateurs télécoms
comme France Télécom (FTE.FR) pour Orange, Bouygues (EN.FR) pour
Bouygues Telecom, Vivendi (VIV.FR) pour SFR, et Iliad (ILD.FR) pour
Free, risquent d'être affectés dans la mesure où une hausse de
leurs tarifs, même due à un relèvement de TVA, permettraient
légalement à leurs clients de changer d'opérateur.
Reste à savoir à quoi ressemblera le pacte de compétitivité une
fois passé sous les fourches caudines de l'Assemblée nationale puis
du Sénat. Mais sans attendre ce parcours d'obstacle, la sélection
de CA Cheuvreux permet de se faire une première idée de l'impact
qu'il pourrait avoir sur les sociétés françaises cotées.
- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@dowjones.com
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