Eric J. Savitz,
Barron's
NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--L'année 2023 a été exceptionnelle pour
les valeurs technologiques, avec une envolée de 40% pour l'indice
Nasdaq Composite et un rendement moyen supérieur à 100% pour les
"Sept Magnifiques", alias Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon.com,
Meta Platforms, Nvidia et Tesla.
Ce rallye a été porté par trois moteurs : l'anticipation d'un pivot
de la Réserve fédérale (Fed), qui a enfin été confirmé la semaine
passée ; un nouvel engagement du secteur en faveur d'une réduction
des coûts ; et, bien sûr, l'intelligence artificielle (IA).
L'intelligence artificielle s'est généralisée cette année auprès du
grand public, ce qui a ravivé l'intérêt des investisseurs pour les
entreprises de semi-conducteurs, logiciels et infrastructures liées
à cette nouvelle technologie. Le marché en a conclu que l'IA était
la plus importante révolution qu'ait jamais connu le secteur
technologique depuis la règle à calcul.
Ces trois facteurs devraient continuer de soutenir les valeurs
technologiques en 2024. Voici quelques prédictions supplémentaires
sur la façon dont l'année 2024 pourrait se dérouler.
A la recherche des valeurs technologiques sous-valorisées
Sauf profonde récession, il est difficile d'imaginer un plongeon
des valeurs technologiques dans un environnement de baisse des taux
d'intérêt. Le mois de janvier donnera l'occasion de miser sur
certaines valeurs moins performantes. Les titres sous-valorisés
seront à chercher du côté des petites capitalisations, qui se sont
envolées après la réunion de politique monétaire de la Fed la
semaine dernière. Néanmoins, les Sept Magnifiques devraient eux
aussi générer d'énormes rendements. David Readerman, qui pilote le
hedge fund Endurance Capital, axé sur la technologie, entrevoit de
potentielles prises de bénéfices sur ses sept valeurs en janvier,
mais estime qu'il faudra ensuite revenir sur ces titres.
D'autres discernent encore des risques. Jordan Klein, analyste chez
Mizuho Group, note que bon nombre de valeurs technologiques
tiennent désormais compte des baisses de taux que devrait effectuer
la Fed en 2024. "Que se passera-t-il si, en fait, les taux ne
baissent pas" ? interroge-t-il dans une récente note à ses
clients.
L'essor de l'IA et du cloud se poursuivra
On peut s'attendre à ce que les valeurs liées à l'IA et à
l'informatique dématérialisée ("cloud") gagnent encore du terrain
en 2024. Tout commence avec Nvidia, qui semble encore bon marché eu
égard à l'étonnante croissance de ses bénéfices. L'action Nvidia
est moins chère, en regard du ratio cours/bénéfices attendu, que
certaines valeurs à croissance plus lente comme Apple, Microsoft et
Meta. En tant que principal fournisseur de puces graphiques
utilisées dans les grands modèles de langage, Nvidia reste sans
conteste le numéro gagnant de la grande loterie de l'IA. De fait,
Nvidia est toujours l'un des paris préférés de Paul Meeks, gérant
de fonds et professeur de finance à l'Académie militaire de
Caroline du Sud, dans le secteur de l'IA.
"Nvidia a encore un train d'avance sur ses concurrents lorsqu'il
s'agit de convertir l'engouement pour l'IA en croissance du chiffre
d'affaires et du bénéfice", souligne Paul Meeks.
Le secteur compte d'autres valeurs intéressantes. Dans les
semi-conducteurs, Advanced Micro Devices, Qualcomm et Broadcom
devraient eux aussi se démarquer, tout comme le fabricant de puces
mémoires Micron Technology, qui publiera ses résultats trimestriels
mercredi. Micron vient de passer une année financièrement
éprouvante, mais le prix des puces mémoire commence à se redresser
- sans compter que les serveurs d'IA et les PC nécessiteront à
l'avenir davantage de mémoire que les anciens appareils.
Microsoft constitue le meilleur pari en ce qui concerne les
logiciels d'IA, en raison de son activité cloud Azure, de sa
participation de 49% dans OpenAI et de son portefeuille de plus en
plus large de logiciels AI Copilot. Attention, toutefois : ce que
dira Microsoft au début 2024 au sujet de la vitesse d'adoption de
son service Copilot pour sa suite d'applications 365 sera
déterminant pour le secteur.
"Reste à voir comment l'IA va se traduire dans les chiffres",
prévient David Readerman. Sans ça, de nouveaux doutes vont se faire
jour concernant la réelle ampleur de l'opportunité que représente
l'IA.
Bien d'autres stratégies pourraient permettre de tirer parti de
cette tendance. On pourrait notamment parier sur les éditeurs de
logiciels Adobe, Oracle et IBM. Amazon, en tant que numéro un du
cloud, devrait lui aussi bénéficier du développement de l'IA, tout
comme Arista Networks, spécialiste de l'interconnexion de réseaux
liés à l'IA. C'est également le cas de Snowflake, en tant que pari
sur les mégadonnées utilisées pour alimenter les grands modèles de
langage, ainsi que de Dell, HP Inc. et Hewlett Packard Enterprise,
pour miser sur les appareils équipés de l'IA.
Vers un retour des IPO
Si l'année 2023 a été très favorable aux mégacapitalisations, elle
a été cauchemardesque pour le marché du capital-risque, avec une
chute des valorisations, une baisse des levées de fonds, une hausse
des faillites et des sorties difficiles à orchestrer. Le marché des
introductions en Bourse (IPO) a été relativement moribond et les
fusions et acquisitions ont été entravées par le cocktail produit
par des taux d'emprunt élevés et une forte réticence de Washington,
Bruxelles et Londres vis-à-vis des grosses opérations.
Une fenêtre devrait s'ouvrir à nouveau pour les IPO lorsque la Fed
aura réellement baissé ses taux. Ce dont le marché a besoin, c'est
d'une grande introduction en Bourse, qui brille de mille feux et
affiche une éclatante réussite. La Silicon Valley attend surtout
celle de Databricks, une plateforme de données valorisée à 43
milliards de dollars et bien positionnée pour tirer parti des
besoins des grands modèles de langage. D'autres candidats sont
aussi attendus au tournant, notamment la société de lancements
spatiaux SpaceX et les distributeurs en ligne Fanatics et Shein,
respectivement spécialisés dans les équipements sportifs et le
prêt-à-porter.
Reprise probable des fusions-acquisitions
Les capitaux s'accumulent au bilan de certaines sociétés
technologiques et dans les coffres des sociétés de
capital-investissement. Il existe un peu plus de 1.000 licornes qui
cherchent une porte de sortie et la plupart ne s'introduiront
jamais en Bourse. Certaines seront tout de même rachetées - et avec
la baisse des taux, l'activité devrait reprendre quelques
couleurs.
Il est peu probable que la position nettement défavorable aux
fusions-acquisitions sur laquelle campe Washington s'assouplisse,
mais l'accumulation de liquidités est suffisamment importante pour
que les cibles potentielles trouvent des acquéreurs.
-Eric J. Savitz, Barron's (Groupe Dow Jones)
(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV
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December 19, 2023 04:22 ET (09:22 GMT)
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