Avec First Republic, JPMorgan espère faire table rase des regrets de 2008 - Plus USA
02 Mai 2023 - 1:30PM
Dow Jones News
NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Avec First Republic, JPMorgan pourrait
enfin faire l'expérience d'un sauvetage bancaire sans accroc.
La première banque américaine est intervenue pour acquérir les
dépôts et la plupart des actifs de First Republic Bank, qui a été
saisie lundi à la première heure par la Federal Deposit Insurance
Corp (FDIC), l'agence américaine de garantie des dépôts. Si
l'opération s'inscrit dans la lignée de précédents sauvetages
orchestrés par JPMorgan, elle pourrait toutefois connaître une
issue moins douloureuse.
L'acquisition va permettre aux agences de First Republic de rouvrir
aux horaires habituels. Elle évite également au gouvernement
américain le casse-tête politique d'avoir à se prononcer une fois
de plus sur l'octroi d'une protection spéciale, comme il l'a fait
pour Silicon Valley Bank et Signature Bank, aux détenteurs de
dépôts non garantis de First Republic - au nombre desquels figurent
JPMorgan elle-même ainsi que dix autres des plus grandes banques du
pays.
Les investisseurs peuvent légitimement se demander si JPMorgan ne
viendrait pas de s'embarrasser d'un nouveau fardeau. Son
président-directeur général, Jamie Dimon, a souvent exprimé des
regrets concernant les sauvetages opérés par la banque pendant la
crise financière de 2008 sous la pression des régulateurs, avec la
reprise de la banque d'investissement Bear Stearns et celle de la
banque de détail Washington Mutual.
Ces sauvetages ont certes permis d'empêcher que la crise ait des
répercussions encore plus graves, mais ils ont entraîné JPMorgan
dans des batailles judiciaires de long terme et l'ont lestée de
milliards de dollars d'obligations financières. JPMorgan s'est
retrouvée empêtrée pendant des années dans des questions portant
sur la responsabilité des obligations financières découlant des
actifs hypothécaires de Washington Mutual, qui se sont traduites
notamment par des poursuites judiciaires contre la FDIC.
Les propos tenus par Jamie Dimon au sujet de Washington Mutual, ou
WaMu, ont été plus nuancés que ceux concernant Bear Stearns. "Nous
ne retenterions pas une expérience comme celle de Bear Stearns - en
fait, je ne crois pas que notre conseil d'administration me
laisserait prendre une telle décision", avait écrit Jamie Dimon
dans une lettre aux actionnaires accompagnant le rapport annuel de
la banque au titre de l'exercice 2014. "L'opération WaMu serait
sans doute encore pertinente, mais à un prix bien inférieur pour
tenir compte des incertitudes juridiques en cours [...] Ce sont des
leçons qui nous ont coûté cher et dont je me souviendrai".
Une banque "simple"
Contrairement à Bear Stearns, First Republic n'est pas une banque
d'investissement complexe de Wall Street, avec des dérivés et
d'autres embrouillaminis susceptibles de compliquer une
acquisition, même dans les meilleures conditions. Et la
question-clé autour des prêts hypothécaires de First Republic porte
sur le risque de taux d'intérêt, et non sur la probabilité qu'ils
soient remboursés. Ces prêts sont par ailleurs restés en grande
partie inscrits au bilan de First Republic, au lieu d'être
titrisés.
De surcroît, la FDIC et JPMorgan se sont entendues sur un partage
des pertes liées aux prêts commerciaux et d'immobilier résidentiel.
La FDIC fournira des lignes de crédit de 50 milliards de dollars à
taux fixe sur cinq ans à JPMorgan. L'organisme public évalue à près
de 13 milliards de dollars l'impact sur son fonds de garantie, mais
n'a pas précisé l'origine de ces coûts.
Tous ces éléments peuvent contribuer à expliquer pourquoi, quelque
15 ans après la crise de 2008, JPMorgan a décidé de s'engager dans
ce que la FDIC a qualifié de "procédure d'appel d'offres hautement
concurrentielle" pour le rachat de First Republic. Malgré toutes
les difficultés et les complexités inhérentes à ses acquisitions de
2008, JPMorgan a surmonté la précédente crise bancaire en
acquerrant une taille et une échelle qui lui ont non seulement
permis de devenir la plus grande banque des Etats-Unis, mais
également l'une des plus rentables, avec un rendement des fonds
propres systématiquement supérieur à ceux de ses concurrentes.
Surtout, First Republic pourrait permettre à JPMorgan de développer
son activité de gestion de fortune, un segment particulièrement
attrayant, sur lequel il est en concurrence avec des établissements
comme Morgan Stanley.
Compte tenu de cette opportunité d'élargir encore son champ
d'action, il n'est pas si surprenant que JPMorgan se soit décidé à
intervenir à nouveau.
-Telis Demos et Aaron Back, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV
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May 02, 2023 07:10 ET (11:10 GMT)
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