NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Avec First Republic, JPMorgan pourrait enfin faire l'expérience d'un sauvetage bancaire sans accroc.



La première banque américaine est intervenue pour acquérir les dépôts et la plupart des actifs de First Republic Bank, qui a été saisie lundi à la première heure par la Federal Deposit Insurance Corp (FDIC), l'agence américaine de garantie des dépôts. Si l'opération s'inscrit dans la lignée de précédents sauvetages orchestrés par JPMorgan, elle pourrait toutefois connaître une issue moins douloureuse.



L'acquisition va permettre aux agences de First Republic de rouvrir aux horaires habituels. Elle évite également au gouvernement américain le casse-tête politique d'avoir à se prononcer une fois de plus sur l'octroi d'une protection spéciale, comme il l'a fait pour Silicon Valley Bank et Signature Bank, aux détenteurs de dépôts non garantis de First Republic - au nombre desquels figurent JPMorgan elle-même ainsi que dix autres des plus grandes banques du pays.



Les investisseurs peuvent légitimement se demander si JPMorgan ne viendrait pas de s'embarrasser d'un nouveau fardeau. Son président-directeur général, Jamie Dimon, a souvent exprimé des regrets concernant les sauvetages opérés par la banque pendant la crise financière de 2008 sous la pression des régulateurs, avec la reprise de la banque d'investissement Bear Stearns et celle de la banque de détail Washington Mutual.



Ces sauvetages ont certes permis d'empêcher que la crise ait des répercussions encore plus graves, mais ils ont entraîné JPMorgan dans des batailles judiciaires de long terme et l'ont lestée de milliards de dollars d'obligations financières. JPMorgan s'est retrouvée empêtrée pendant des années dans des questions portant sur la responsabilité des obligations financières découlant des actifs hypothécaires de Washington Mutual, qui se sont traduites notamment par des poursuites judiciaires contre la FDIC.



Les propos tenus par Jamie Dimon au sujet de Washington Mutual, ou WaMu, ont été plus nuancés que ceux concernant Bear Stearns. "Nous ne retenterions pas une expérience comme celle de Bear Stearns - en fait, je ne crois pas que notre conseil d'administration me laisserait prendre une telle décision", avait écrit Jamie Dimon dans une lettre aux actionnaires accompagnant le rapport annuel de la banque au titre de l'exercice 2014. "L'opération WaMu serait sans doute encore pertinente, mais à un prix bien inférieur pour tenir compte des incertitudes juridiques en cours [...] Ce sont des leçons qui nous ont coûté cher et dont je me souviendrai".



Une banque "simple"



Contrairement à Bear Stearns, First Republic n'est pas une banque d'investissement complexe de Wall Street, avec des dérivés et d'autres embrouillaminis susceptibles de compliquer une acquisition, même dans les meilleures conditions. Et la question-clé autour des prêts hypothécaires de First Republic porte sur le risque de taux d'intérêt, et non sur la probabilité qu'ils soient remboursés. Ces prêts sont par ailleurs restés en grande partie inscrits au bilan de First Republic, au lieu d'être titrisés.



De surcroît, la FDIC et JPMorgan se sont entendues sur un partage des pertes liées aux prêts commerciaux et d'immobilier résidentiel. La FDIC fournira des lignes de crédit de 50 milliards de dollars à taux fixe sur cinq ans à JPMorgan. L'organisme public évalue à près de 13 milliards de dollars l'impact sur son fonds de garantie, mais n'a pas précisé l'origine de ces coûts.



Tous ces éléments peuvent contribuer à expliquer pourquoi, quelque 15 ans après la crise de 2008, JPMorgan a décidé de s'engager dans ce que la FDIC a qualifié de "procédure d'appel d'offres hautement concurrentielle" pour le rachat de First Republic. Malgré toutes les difficultés et les complexités inhérentes à ses acquisitions de 2008, JPMorgan a surmonté la précédente crise bancaire en acquerrant une taille et une échelle qui lui ont non seulement permis de devenir la plus grande banque des Etats-Unis, mais également l'une des plus rentables, avec un rendement des fonds propres systématiquement supérieur à ceux de ses concurrentes. Surtout, First Republic pourrait permettre à JPMorgan de développer son activité de gestion de fortune, un segment particulièrement attrayant, sur lequel il est en concurrence avec des établissements comme Morgan Stanley.



Compte tenu de cette opportunité d'élargir encore son champ d'action, il n'est pas si surprenant que JPMorgan se soit décidé à intervenir à nouveau.



-Telis Demos et Aaron Back, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV



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(END) Dow Jones Newswires



May 02, 2023 07:10 ET (11:10 GMT)




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