Les dirigeants des pays européens se retrouvent mercredi soir à
Sofia pour définir une réponse collective de l'UE face à
"l'attitude" jugée "capricieuse" de Donald Trump sur le nucléaire
iranien et le commerce international.
"Nous sommes témoins aujourd'hui d'un nouveau phénomène, l'attitude
capricieuse de l'administration américaine", a dénoncé mercredi le
président du Conseil européen Donald Tusk, peu après son arrivée
dans la capitale bulgare.
"Quand on regarde les dernières décisions du président Trump, on
pourrait même se dire qu'avec de tels amis, pas besoin d'ennemis",
a ajouté M. Tusk.
Les relations transatlantiques devraient occuper l'essentiel du
dîner informel mercredi soir des 28 chefs d'Etat et de gouvernement
de l'UE, qui précède le sommet européen proprement dit, consacré
jeudi aux relations de l'UE avec les pays des Balkans.
La chancelière Angela Merkel s'est toutefois montrée réaliste.
"Malgré toutes les difficultés que nous rencontrons ces jours-ci,
les relations transatlantiques sont et resteront d'une importance
capitale", a plaidé Mme Merkel devant le parlement allemand.
Si aucune décision concrète n'est prévue, les 28 vont surtout
chercher à afficher une unité sans faille face aux défis
américains, notamment celui du retrait de l'accord sur le nucléaire
iranien et des sanctions frappant leurs entreprises opérant dans ce
pays.
Cet accord "est d'une importance primordiale pour la paix dans la
région concernée et, au-delà, pour la paix mondiale", a insisté
mercredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude
Juncker, après une rencontre à Bruxelles avec le secrétaire général
de l'ONU, Antonio Guterres.
"Je voudrais que, ce soir, à Sofia, nous nous mettions d'accord sur
une attitude commune, consensuelle, pour ce qui est de nos
relations avec les Etats-Unis", a souhaité M. Juncker.
- "Absurde" -
Côté britannique, la Première ministre Theresa May va insister sur
"l'engagement" du Royaume-Uni à faire en sorte que l'accord soit
respecté tant que l'Iran honore ses engagements, a fait savoir sa
porte-parole.
Donald Tusk a demandé aux trois pays européens signataires de
l'accord nucléaire avec l'Iran, la France, le Royaume-Uni et
l'Allemagne, de partager leur évaluation de la situation mercredi
soir, au lendemain d'une réunion à Bruxelles avec le chef de la
diplomatie iranienne Mohammad Zarif.
Les Européens, qui entendent protéger leurs intérêts économiques
liés à la reprise des échanges commerciaux avec Téhéran,
discuteront de la possibilité d'appliquer une loi dite "de
blocage", un instrument permettant de protéger leurs entreprises
travaillant en Iran face aux menaces de sanctions
extraterritoriales américaines.
"Les moyens sont là, nous les utiliserons. Mais il ne faut pas se
voiler la face, les moyens sont limités", a toutefois prévenu M.
Juncker. A ses côtés, M. Guterres a souhaité que "ces mesures
puissent avoir du succès".
Le géant français Total a d'ores et déjà averti qu'il mettrait fin
à son grand projet gazier en Iran, démarré en juillet 2017, à moins
d'obtenir une dérogation de la part des autorités américaines, avec
le soutien des autorités françaises et européennes.
M. Juncker doit par ailleurs présenter un état des lieux lors du
dîner des discussions en cours avec les Américains au sujet des
droits de douane sur l'acier et l'aluminium.
"Mon objectif est simple: rester fermes. Cela signifie une
exemption permanente" de ces taxes douanières, a réaffirmé mercredi
Donald Tusk.
"Il est absurde de penser que l'UE pourrait être une menace pour
les États-Unis. Nous devons ramener la réalité dans cette
discussion", a-t-il ajouté.
L'UE est exemptée jusqu'au 31 mai à minuit des taxes douanières
américaines de 25% sur ses exportations d'acier et de 10% sur
celles d'aluminium. Pour l'exempter définitivement, Washington
exige une plus grande ouverture du marché européen.
- Accord commercial "restreint" ? -
Les Européens étudient plusieurs scénarios pour mettre un terme à
ce conflit et la Commission a récemment ouvert la porte à une
discussion sur un accord commercial "restreint", qui couvrirait
uniquement des droits de douane sur des produits industriels et
agricoles.
L'Allemagne est favorable à une telle ouverture, contrairement à la
France, qui craint de voir ressurgir le spectre du très impopulaire
TTIP (ou Tafta), le grand accord commercial au point mort depuis
l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Certains pays semblent également prêts à accepter des quotas de la
part des Etats-Unis, une solution qualifiée d'"étrange" par
d'autres.
Outre l'Iran et le commerce, les 28 parleront aussi des événements
à Gaza qui sont aussi liés "à la question plus vaste des
conséquences des décisions de Donald Trump", a souligné un haut
responsable européen.
Jeudi, les 28 rencontreront leurs homologues de six pays des
Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine
et Kosovo) pour raffermir les liens avec cette région où la Russie
tente d'étendre son influence.
"C'est la première fois depuis 15 ans que l'UE rencontre ses
partenaires de la région sous ce format", souligne une source
européenne, tout en précisant qu'il ne sera pas question de parler
d'élargissement.
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May 16, 2018 12:21 ET (16:21 GMT)
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