Actualités:= Plus Europe: Le Pétrole Menace De Baisser Cet Hiver (VLO)

Lian Denning,

THE WALL STREET JOURNAL

Les spéculateurs jouant la hausse des marchés pétroliers placent leurs espoirs dans un viel homme et un enfant.

Ils espèrent que le premier, le ministre du pétrole saoudien septuagénaire Ali Al-Nouaïmi, a raison quand il dit voir un "changement fondamental" sur le marché pétrolier. Quant au second, le phénomène climatique El Niño - l'enfant -, ils croisent les doigts pour qu'il soit clément avec eux.

Ali Al-Nouaïmi, qui s'exprimait avant le sommet de l'Opep la semaine dernière, a tenté de détourner l'attention des niveaux exceptionnellement élevés des stocks pétroliers, préférant souligner que l'économie mondiale était en train de repartir.

Les propos du ministre et ses allusions à un "nouveau paradigme" devraient troubler les spéculateurs qui jouent la hausse sur le pétrole, de même que les statistiques de marché.

Il est vrai que les prix pétroliers ont, contre toute attente, continué à progresser alors même que les stocks ont augmenté. Les craintes d'un "pic pétrolier", l'impact de la demande chinoise et l'inflation ont en effet stimulé l'intérêt pour les contrats à terme, soutenant ainsi leurs prix.

Ces éléments font en outre que les contrats à court terme sont moinschers que ceux dont la livraison est plus tardive, cet écart rendant extrêmement rentable d'acheter du brut, de le stocker et de le revendre à une date ultérieure.

En avril dernier, avec un levier de 80%, un coût de l'emprunt de 3% et des coûts de stockage de 50 cents le baril par mois, acheter du brut physique et le revendre 12 mois plus tard permettait de dégager des rendements supérieurs à 50%.

Mais une menace plane avec l'aplatissement de la courbe des contrats que l'on observe actuellement. Depuis fin juillet, la différence entre contrats à court terme et long terme s'est réduite de moitié, le contrat à 12 mois s'échangeant actuellement environ 5 dollars au-dessus du prix du contrat à 1 mois.

Si l'on prend les mêmes données que dans l'exemple précédent, l'achat de brut et sa revente à 12 mois engendrent désormais une perte de 18%. Et il est à cet égard révélateur que les stocks des Etats-Unis, qui utilisent un quart de la totalité du pétrole mondial, baissent depuis début août, même s'ils demeurent élevés.

Faute d'une reprise économique en V, il y a donc un risque de liquidation des stocks. Le fait que la vigueur des prix du brut ne se traduise pas par une amélioration des marges de raffinage, qui ont diminué à l'échelle mondiale, met bien en évidence la faiblesse de la demande finale. Pas étonnant dans ces conditions que Valero Energy, plus gros raffineur américain en termes de capacités, ait annoncé la semaine dernière de nouvelles fermetures d'usines.

Et maintenant que l'été touche à sa fin se pose le gros problème des distillats, avec notamment le diesel et le fioul. Les raffineurs américains passent généralement de la production d'essence à celle des distillats à l'approche de l'hiver, mais les réserves de distillats étant supérieures de près d'un quart par rapport à la moyenne sur cinq ans, ils sont peu tentés de faire fonctionner leurs raffineries à plein régime, ce qui induit une demande plus faible de brut.

Et le phénomène El Niño, qui peut entraîner des hivers doux en Amérique du Nord, risque fort d'accélérer la tendance, le centre de prévision du climat (Climate Prediction Center) ayant indiqué la semaine dernière qu'El Niño se renforcerait durant l'automne et l'hiver.

En conséquence, l'Opep pourrait bien être obligé de revoir ses prévisions optimistes sur les stocks pétroliers, et sa détermination à réduire la production constitue peut-être le seul rempart pour éviter un fort mouvement baissier des prix pétroliers cet hiver.

-Lian Denning, The Wall Street Journal