Faute de précisions sur l'incident mexicain, Teleperformance est condamné à l'excellence - DJ Plus
20 Avril 2015 - 4:41PM
Dow Jones News
Faute de pouvoir communiquer plus précisément sur l'incident qui
a provoqué une chute de 7% de son action en Bourse vendredi, la
qualité de ses performances commerciales et financières constitue
la meilleure défense que le gérant de centres d'appels
Teleperformance (RCF.FR) peut opposer aux inquiétudes du
marché.
Pas de démenti ferme
En réaction à la publication d'articles de presse mettant en cause
la sécurité des données d'un centre d'appels mexicain du groupe, le
spécialiste de la relation avec les clients a réaffirmé ses
objectifs annuels et avancé la publication de son chiffre
d'affaires du premier trimestre. Celle-ci aura lieu ce lundi après
Bourse au lieu de mercredi. Le consensus établi par la société à
partir des prévisions de neuf analystes porte sur un chiffre
d'affaires de 798 millions d'euros, en hausse de 30,7% à données
publiées et de 8,3% sur une base organique. Lundi après-midi,
l'action Teleperformance rebondissait de 5,4%, à 65,65 euros.
Le fin mot de l'affaire ne sera peut-être jamais connu. "Le groupe
n'est pas en mesure de commenter une situation particulière
concernant un de ses clients avec lequel il a signé des clauses de
confidentialité interdisant de communiquer sur tout incident
pouvant se produire dans le cadre de la gestion du contrat de
service", a déclaré Teleperformance dans un communiqué publié
vendredi soir.
Pour 2015, Teleperformance s'est fixé pour objectif une hausse à
données comparables de plus de 7% de son chiffre d'affaires, avec
une marge opérationnelle courante d'au moins 10,3%, contre 9,7% en
2014.
Des propos rassurants
S'il était avéré, l'incident ne serait cependant pas anodin. De
sources de presse, le régulateur mexicain a ouvert une enquête
préliminaire sur un centre d'appels géré par le français pour le
compte de l'opérateur de télécoms américain AT&T (T). Ce
dernier s'est vu infliger ce mois-ci par le gendarme américain des
télécoms, la Federal Communications Commission, une amende de 25
millions de dollars pour défaut de protection de données de clients
dans des centres d'appels au Mexique, en Colombie et aux
Philippines. D'après les analystes, AT&T génère à lui seul 7%
du chiffre d'affaires de Teleperformance et représente à ce titre
son premier client.
Ce n'est pas la première, ni sans doute la dernière fois, que le
groupe est confronté à ce genre d'incident, compte tenu du poids
croissant de l'informatique et des réseaux dans la vie des
entreprises et de l'intérêt que suscitent les données qu'elles
génèrent. "Les data centers et les centres de contacts [...] gérant
de larges bases de données constituent des cibles privilégiées pour
les malfaiteurs", a reconnu Teleperformance dans un communiqué.
Dans son document de référence 2014, le groupe convient d'ailleurs
qu'il a notamment fait face à une fraude dans un de ses centres
d'appel l'année dernière. A la suite de cette fraude,
Teleperformance a justement été "appelé en responsabilité par l'un
de ses clients dans le cadre d'un contrat soumis à une clause de
confidentialité". Rassurant, il a déclaré dans son document de
référence être confiant "dans sa capacité à résoudre ce litige sans
perte financière significative".
Mais pas de blanc-seing des actionnaires
Le décrochage de l'action vendredi montre néanmoins à quel point la
Bourse prend ce genre "d'incident" au sérieux. Les clauses de
confidentialité liant Teleperformance à ses clients l'empêchent
peut-être d'en dire plus. Mais faute de démenti formel, ce sont les
résultats du groupe qui prouveront au marché que ces incidents ne
font pas dérailler sa dynamique commerciale ou sa rentabilité. Le
maintien des objectifs annuels malgré une hausse des dépenses pour
renforcer les systèmes de sécurité est certes rassurant. Les
actionnaires du groupe attendent maintenant qu'il joigne les actes
à la parole.
-Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@wsj.com ed/LB