ALO Alstom

Pierre-Jean Lepagnot

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Sauve qui peut à tous les wagons ! L'équipementier ferroviaire Alstom déraille jeudi à la Bourse de Paris après avoir lancé un avertissement sur sa génération de trésorerie pour l'exercice en cours qui relance la spéculation sur une prochaine augmentation de capital.

Vers 15h15, le titre Alstom abandonnait 37,5% à 13,41 euros, après avoir atteint en séance un plus bas historique de 13,2 euros.

Le groupe a annoncé mercredi soir que sa consommation de trésorerie au premier semestre de son exercice 2023-2024 s'était élevée à 1,15 milliard d'euros, à comparer à 45 millions d'euros à la même période de l'exercice précédent. Les analystes tablaient sur une consommation de trésorerie de 152 millions d'euros, selon un consensus établi par Visible Alpha.

Par conséquent, le groupe, qui tablait initialement sur un cash-flow libre "significativement positif" pour l'exercice qui se terminera le 31 mars 2024, prévoit maintenant un flux de trésorerie négatif à hauteur de 500 à 750 millions d'euros. Alstom a justifié l'écart entre ces deux prévisions par une hausse des stocks liée à l'accélération de sa production, par les retards pris par un programme de matériels roulants au Royaume-Uni et par le décalage de certaines commandes.

Au vu de la chute du titre, ces explications n'ont pas convaincu grand monde. Stifel veut ainsi bien considérer comme de la malchance le retard au Royaume-Uni et le décalage des commandes, mais pas une hausse aussi massive des stocks.

Une problème de crédibilité

Pour l'intermédiaire financier, ce dernier point constitue le symptôme d'un mal plus profond que la seule cyclicité de l'activité. "Les pertes inattendues d'un milliard d'euros semblent devenir une habitude chez Alstom", cingle Stifel en rappelant qu'à l'été 2021, le groupe avait lancé un avertissement de même ampleur lié à la difficile intégration de Bombardier Transport.

Un constat partagé par Deutsche Bank, qui évoque "un problème de génération de trésorerie apparemment sans fin" et considère les dernières annonces du groupe comme "un coup dur porté à la crédibilité de la direction".

Pour la banque allemande, la notation de catégorie "investment grade" d'Alstom semble désormais menacée, une augmentation de capital devenant de plus en plus probable et la dette nette étant susceptible d'atteindre 3 milliards d'euros à la fin de l'exercice en cours, soit 1 milliard d'euros de plus qu'anticipé précédemment.

Invest Securities aussi estime que ce "dérapage significatif sur l'objectif 2023-2024 de génération de trésorerie devrait relancer les craintes d'augmentation de capital au regard de la situation financière du groupe".

"Le groupe a rejeté [mercredi soir devant les analystes financiers, ndlr] l'idée qu'une augmentation de capital était nécessaire pour protéger le bilan", précise Stifel. L'intermédiaire financier ajoute toutefois que "dans le passé, nous étions d'accord pour dire que les inquiétudes concernant la fragilité du bilan étaient exagérées, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui".

Dans ce contexte, les analystes revoient à la baisse leurs prévisions de résultats et leurs objectifs de cours. Deutsche Bank a ramené le sien de 30 à 23 euros jeudi, tandis que Barclays, qui avait prévenu le mois dernier que la consommation de trésorerie d'Alstom posait problème au point de menacer sa note de crédit, a réduit sa cible de 16,5 à 12 euros. Même après le plongeon effectué ce jeudi, ce montant suggère un potentiel de baisse supplémentaire de plus de 10% pour le titre.

Alstom n'est pas prêt de voir la lumière au bout du tunnel.

-Pierre-Jean Lepagnot, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 95; pjlepagnot@agefi.fr ed: VLV

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October 05, 2023 09:19 ET (13:19 GMT)

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