La mue digitale de Thales est un catalyseur qui s'appréciera à terme -- DJ Plus
07 Juin 2018 - 5:54PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Thales est désormais en orbite. Après
avoir redressé la barre en portant sa marge opérationnelle de 8% en
2013, à un record de 9,8% en 2017, le groupe d'aéronautique et de
défense vise au moins 11% d'ici à 2021. Cela, sans prendre en
compte l'impact de l'acquisition de Gemalto qui doit être bouclée
au second semestre. Dans le même temps, il compte accélérer sa
transformation digitale, métamorphose qui s'avère nécessaire et
offre des perspectives considérables. Mais qui demandera de la
patience à l'actionnaire, l'essentiel des fruits devant être
récoltés à long terme.
Avec Atos et Capgemini
La mue de Thales est palpable à plusieurs égards. "Thales devient
un groupe de plus en plus technologique", remarque une analyste du
secteur aéronautique spécialisée dans la gouvernance. Les critères
de rémunération de long terme 2018 du PDG Patrice Caine reflète ce
virage. Parmi ces critères figure la performance boursière du
groupe d'ici à 2020 comparé à un panel de sociétés qui, outre
Airbus, BAE Systems ou Safran, intègre désormais Capgemini et Atos.
"Du fait de la vraisemblance des métiers, les ratios de
valorisation doivent théoriquement se rapprocher de ces sociétés
technologiques", souligne cette analyste du secteur
aéronautique.
Les secteurs où Thales opère imposent d'ailleurs de traquer
l'innovation, la R&D d'aujourd'hui créant les ventes de demain.
Les briques technologiques que développe le groupe irriguent
plusieurs métiers. La cybersécurité peut par exemple enrichir la
chaîne de valeurs pour des activités telles que le contrôle aérien,
les divertissements en vol ou la signalisation ferroviaire.
"En fait, Thales se transforme en une société de logiciels et de
services", constate Marc Laubel, analyste chez Alphavalue. "Le
point positif est que ses marchés finaux restent la sécurité, la
défense et le transport, très porteurs en termes de croissance du
chiffre d'affaires et de marges opérationnelles mais qui présentent
aussi une forte visibilité", remarque l'opérateur de marché.
Un effort de R&D "vital"
Thales a renforcé son ancrage numérique, en réalisant des
acquisitions, dont le spécialiste du traitement de données à
grandes échelles ("big data") Guavus et Gemalto, dont les
activités, identité, internet des objets et de cybersécurité
affichent une impressionnante croissance : +24% en données
organiques au premier trimestre.
Thales veut désormais enclencher la vitesse supérieure en
augmentant ses investissements. Les dépenses de R&D
autofinancées doivent passer de 797 millions d'euros en 2017 à
environ 1 milliard d'euros en 2021. Un effort considérable même si
Patrice Caine a répété combien cette R&D s'avèrait "vitale"
pour la compétitivité de son groupe. "Les importants
investissements en R&D sont la clef pour que Thales continue à
surperformer le marché et voir sa marge opérationnelle progresser",
juge néanmoins Marc Laubel, d'Alphavalue.
Tout au moins ces investissements requièrent la patience des
actionnaires. "Les nouveaux services et les innovations de rupture
demanderont un peu de temps pour être adoptés en raison des
spécificités des marchés de Thales (certification et longueur des
cycles d'acquisition) et n'apparaîtront certainement qu'au-delà de
2022", écrit Yan Derocles d'Oddo BHF dans une note publiée jeudi.
L'avance du groupe dans le digital "deviendra réellement tangible
au-delà de 2021", poursuit-il.
2,5 milliards d'euros d'opportunités de revenus supplémentaires
Dans une présentation aux investisseurs, Thales a indiqué mercredi
attendre des opportunités de revenus additionnels liés à la
transformation digitale de 250 millions d'euros pour 2018-2021. Un
montant multiplié par 10 au-delà de 2022 grâce aux grandes
ruptures, comme les trains autonomes, la réduction du pilotage à un
seul avion ou encore la robotisation navale. "Le potentiel (de la
transformation digitale, NDLR) est immense si l'on prend une
perspective de plus long terme", a fait valoir mercredi Patrice
Caine. "Lorsqu'on investit dans Thales, ce n'est pas pour 2019 mais
clairement sur une perspective de plusieurs années", a-t-il rappelé
aux investisseurs.
Ces derniers devront donc laisser le temps à Thales de poursuivre
sa digitalisation. A plus court terme, il leur faudra chercher
autre part les catalyseurs sur un titre qui pourrait être pénalisé
par son statut de bon élève boursier. Depuis le début de l'année,
la valeur a gagné 21% et se situe à quelques encablures de son
objectif de cours moyen des analystes (108 euros contre contre
115). "Il faudra certainement attendre la finalisation de
l'acquisition de Gemalto et les détails sur son intégration pour
viser une poursuite du re-rating justifié par son positionnement
avancé dans les technologies numériques", écrit Yan Derocles,
analyste chez Oddo.
D'ici là, Thales risque de plafonner dans les mêmes altitudes
boursières, déjà très élevées.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
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June 07, 2018 11:34 ET (15:34 GMT)
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