Le nouvel Elior doit prouver que ses ambitions ne sont pas trop gourmandes - DJ Plus
29 Mai 2019 - 4:21PM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs n'ont guère goûté
mercredi aux résultats semestriels d'Elior. Dans l'après-midi, le
titre du groupe de restauration collective réduit ses pertes à 3%,
à 10,50 euros, après avoir perdu jusqu'à 11% dans la matinée. Le
marché sanctionne un premier semestre 2018-2019 clos fin mars,
qualifié de "décevant" par JPMorgan Cazenove. Sur les six premiers
mois de l'exercice, Elior a accusé un repli organique de ses ventes
de 0,6% et vu sa marge d'Ebita ajusté - soit le résultat
opérationnel courant retraité de certaines charges - diminuer de 40
points de base.
Ces résultats sont les premiers du "nouvel Elior", recentré sur son
activité historique de restauration collective. Le groupe s'apprête
à céder ses activités de concessions au fonds PAI Partners pour
1,54 milliard d'euros. L'opération devrait être finalisée "cet
été", a rappelé le directeur général, Philippe Guillemot. En
conséquence, ces activités ont déjà été inscrites comme étant
"arrêtées" dans le compte de résultat du groupe.
Elior ouvre un nouveau chapitre de son histoire, qui fera de lui le
deuxième "pure player" mondial du secteur après le britannique
Compass. Le groupe devra néanmoins prouver que ce retour à ses
fondamentaux permettra d'accélérer sa croissance et le redressement
de ses marges, alors que son cours de Bourse évolue à des plus bas
historiques. Dans cette optique, réaliser l'ensemble de ses
ambitieux nouveaux objectifs fournirait des assurances à des
investisseurs qui n'ont pas oublié les avertissements sur résultats
des deux derniers exercices.
Une marge stabilisée en 2018-2019
Elior entend d'abord limiter en 2018-2019 le repli organique de ses
revenus à 1% et "stabiliser" sa marge d'Ebita ajusté à 3,6%. A
moyen terme, Elior table ensuite sur une croissance organique
annuelle de 2% à 4% et une amélioration de ses marges de 10 à 30
points de base par an. Le groupe compte par ailleurs utiliser le
produit de cession des activités de concessions pour revenir
"durablement" à un levier d'endettement de 1,5 à 2 fois son Ebitda
(excédent brut d'exploitation), contre 3,9 fois à fin mars.
L'entreprise pourra également reverser jusqu'à 350 millions d'euros
en cumulé lors des exercices 2019-2020 et 2020-2021 sous forme de
rachats d'actions ou de dividendes, selon l'évolution du cours de
Bourse et les opportunités de croissance externe. L'arbitrage se
fera "en fonction de la création de valeur" pour l'actionnaire, a
précisé Philippe Guillemot.
Ce plan de moyen terme satisfait Citigroup, qui juge ces
perspectives "robustes". Elior devra néanmoins convaincre qu'il
peut tenir cette feuille de route ambitieuse. "Sur le papier, ces
objectifs de moyen terme sont satisfaisants mais la question est de
savoir comment ils vont y parvenir alors qu'il y a peu de
visibilité sur l'activité", prévient un analyste. Les perspectives
annuelles et de moyen terme "requièrent de la foi dans
l'exécution", appuie Barclays.
Philippe Guillemot a expliqué aux analystes que les avantages
compétitifs du groupe lui permettraient de "capitaliser" sur les
opportunités de croissance structurelles de son secteur et de
redresser de façon "significative" ses marges lors des prochaines
années.
Cap sur les Etats-Unis
Les analystes de Bernstein soulignent qu'Elior pourrait s'inspirer
de Compass pour améliorer son exécution. En 2006, le groupe
britannique avait vendu SSP, qui regroupait ses activités de
concessions, pour se concentrer sur les problèmes rencontrés sur
son cœur de métier. Ses marges sont passées de moins de 5% en
2005-2006 à 7,3% en 2017-2018, alors que la croissance organique
est restée soutenue à 5,5%.
A l'instar de son concurrent d'outre-Manche, Elior bénéficiera
d'une structure simplifiée pour repartir à l'offensive sur ses
activités de restauration rapide et regarnir des marges qui se sont
érodées de 160 points de base entre 2015-2016 et 2017-2018, relève
Bernstein.
La capacité d'Elior à croître aux Etats-Unis sera particulièrement
suivie. Philippe Guillemot a confirmé vouloir augmenter la présence
de son groupe dans cette région. "Nous pensons que l'expansion aux
Etats-Unis pourrait contribuer à accélérer la croissance organique
si l'entreprise y poursuit son développement avec succès",
soulignait UBS en mars dernier.
Depuis le début de l'année, l'action Elior recule de près de 20%
quand le SBF 120 gagne plus de 11%. Mais pour amorcer une reprise
durable, Elior devra montrer des signes tangibles d'amélioration de
ses résultats. Les investisseurs scruteront donc l'amélioration des
marges promise au deuxième semestre, qui devra être "forte" pour
tenir les objectifs annuels, prévient Barclays.
Le nouvel Elior doit encore démontrer qu'il a trouvé la bonne
recette pour rebondir.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: VLV
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