Par BastienBouchaud





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les marchés de matières premières ne se remettent toujours pas du pavé jeté dans la mare par Washington début avril. La sévérité des sanctions imposées contre Rusal, le premier producteur d'aluminium hors de Chine, continue de troubler les cours des métaux industriels.



"C'est vraiment sans précédent au niveau des turbulences que cela a déclenchées", note Robin Bhar, analyste métaux chez Société Générale. Les remous ont touché les cours du nickel mercredi. La crainte de voir les sanctions américaines s'étendre à Nornickel, le deuxième plus important producteur du métal utilisé dans les batteries électriques, a fait bondir le prix de la tonne d'environ 12%, avant de refluer à 15.275 dollars, en hausse de 7,5% sur la journée et au plus haut depuis trois ans. Jeudi matin, ce bond se poursuivait.



L'envol du cours du nickel serait lié à des traders chinois inquiets de voir deux marques de Nornickel décotées du LME, d'après Olivier Nugent d'ING, une décision prise il y a six mois et sans rapport avec les sanctions américaines. "Les prix intègrent certainement en partie la possibilité de voir le nickel visé" par de futures sanctions, estime toutefois Colin Hamilton, en charge de la recherche matières premières chez BMO Capital Markets.



Le métal a déjà gagné plus de 12% depuis l'annonce des sanctions, par ailleurs soutenu par une production décevante au premier trimestre dans la mine de Vale au Brésil. Le palladium, principalement exporté de Russie, a également profité des inquiétudes et s'affiche en hausse de 15% depuis l'annonce des sanctions.



L'aluminium, qui s'échangeait début 2017 sous les 1.700 dollars la tonne, a terminé de son côté mercredi en hausse de 5,5%, à 2.537 dollars sur le London Metal Exchange (LME), au plus haut depuis près de sept ans et continuait à s'apprécier jeudi matin.



Depuis l'annonce des sanctions américaines, les cours du métal ont bondi de plus de 25%, et Goldman Sachs estime qu'ils pourraient atteindre 3.000 dollars à court terme. L'alumine, la matière première de l'aluminium, est également portée par les sanctions, Rusal étant l'un des principaux producteurs. Un chargement de la matière première a récemment changé de mains pour 800 dollars la tonne d'après le CRU Group, soit près de 200 dollars de plus que le précédent record de 2006. "Tous les producteurs d'aluminium craignent une pénurie d'alumine, ce qui explique que tout le monde achète et que certains en accumulent", explique le président de Nalco, un producteur indien d'aluminium et d'alumine.



-Bastien Bouchaud, L'Agefi. ed: ECH



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April 19, 2018 03:29 ET (07:29 GMT)




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