Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--La crise sanitaire a entraîné une violente sortie de route pour un Renault convalescent. Le constructeur automobile a publié vendredi des résultats 2020 marqués par une perte historique de 8 milliards d'euros.



Bien que colossal, ce chiffre était prévisible: Renault avait déjà essuyé une perte de 7,3 milliards d'euros au premier semestre. Le marché n'en sanctionne pas moins la copie livrée par l'industriel, l'action perdant 5% en milieu d'après-midi.



"Le groupe a refusé de donner des objectifs pour 2021, ce que les investisseurs n'apprécient pas", explique un analyste basé à Londres. Luca de Meo, le directeur général du constructeur, a justifié ce choix par le manque de visibilité dû à la fois à la pandémie et à la pénurie de composants électroniques, dont Renault attend le pic au deuxième trimestre. Dans un tel contexte au début de 2021 "cela n'aurait pas eu beaucoup de sens" de donner de perspectives annuelles, a déclaré le dirigeant.



La réaction des investisseurs est excessive. "Renault a publié des chiffres annuels facialement mauvais sur lesquels le marché se concentre. Mais les investisseurs omettent l'amélioration du second semestre", souligne Jean Louis Sempé, analyste chez Invest Securities. "La qualité des résultats et le message envoyé par la direction ne justifient pas du tout une baisse du titre", juge de son côté Pierre-Yves Quéméner, de Stifel.



Une politique de prix qui paie



Renault est rentré dans la première phase de son plan stratégique "Renaulution" qui prévoit le redressement de ses performances via la compression des coûts et la hausse des prix de ventes, le groupe répliquant la stratégie qui a permis à son rival PSA de passer de la quasi-faillite à une rentabilité insolente.



L'industriel a donné des preuves tangibles de progrès dans cette direction sur la deuxième partie de 2020. "Les premiers signes du redressement de Renault au second semestre sont là", juge Jean-Louis Sempé.



Le constructeur est parvenu à dégager une marge opérationnelle de l'automobile de 341 millions d'euros, surprenant les analystes qui tablaient sur un chiffre négatif à hauteur de 120 millions d'euros, selon JPMorgan Cazenove.



Renault a récolté les premiers fruits de ses efforts pour tirer les prix de ses véhicules vers le haut. Cette politique a eu impact positif de 1,4 milliard d'euros sur les revenus du second semestre. "Renault est plus sélectif sur les ventes et les canaux de ventes, ce qui paie au niveau des prix", constate Michael Foundoukidis, d'Oddo BHF. L'analyste ajoute que la marge du groupe a également bénéficié de la réduction de ses coûts fixes.



Renault a abaissé ses coûts fixes de 1,2 milliard d'euros en 2020 soit 60% de son objectif de 2 milliards à l'horizon 2022, qui devrait logiquement être dépassé. "Nous avons été beaucoup plus vite que prévu", s'est félicitée la directrice financière, Clotilde Delbos.



Baisse du point mort



"Les signaux envoyés ce vendredi montrent que le redressement de Renault est de plus en plus évident et ne doit surtout pas être sous-estimé par le marché", remarque Pierre-Yves Quéméner, analyste chez Stifel.



En 2021, malgré les difficultés causées par la pandémie, la hausse des prix des matières premières et la pénuries de puces, Renault sera capable de poursuivre ses efforts. "Toutes [ces] perturbations ne nous empêchent pas de continuer notre politique de prix et la réductions de nos coûts", a assuré Luca de Meo.



Ses résultats devraient s'en ressentir. JPMorgan Cazenove estime que le marché n'apprécie pas à sa juste valeur la capacité du groupe à rétablir ses marges. La banque s'attend à ce que la rentabilité opérationnelle du groupe repasse dans le vert dès cette année et dépasse le seuil de 3%, soit deux ans plus tôt que le prévoit le plan stratégique de l'industriel.



"L'environnement a beau être défavorable au premier semestre, il faut relativiser", assure Jean-Louis Sempé d'Invest Securities. "Renault bénéficiera davantage de l'abaissement de son point mort, avec les effets de sa restructuration, de la poursuite des hausses de prix de ses modèles et de son fort 'mix' électrique", poursuit l'analyste qui prévoit une marge opérationnelle de 3,5% pour 2021.



Après une année 2020 à oublier, Renault rencontre encore des obstacles sur sa route. Mais le constructeur a indéniablement donné aux investisseurs des motifs de croire en sa résurrection.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



February 19, 2021 09:51 ET (14:51 GMT)




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