Dimitri Delmond,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Stellantis a particulièrement brillé en Bourse cette année. L'action du constructeur automobile occupe la tête du palmarès de l'indice CAC 40 depuis janvier, avec une hausse de 58% inscrite au compteur. "Stellantis figure parmi les constructeurs les plus performants en Europe et en Amérique du Nord sur le plan de la rentabilité opérationnelle, de la génération de trésorerie et de la rémunération des actionnaires, ce qui place la valeur en tête des listes d'achat des investisseurs", souligne Barclays.



Dans la dernière ligne droite de 2023, les investisseurs ont toutefois déjà les yeux tournés vers 2024, une année qui s'annonce marbrée d'ornières pour l'automobile mondiale. Le secteur devrait être confronté l'an prochain à une normalisation des volumes, les ventes mondiales ayant pratiquement retrouvé leur niveau d'avant la crise sanitaire, et des prix, notamment en Europe sous l'effet d'une concurrence exacerbée par l'arrivée des marques chinoises. Le résultat opérationnel des constructeurs automobiles européens devrait ainsi diminuer de 20% à 25% entre 2023 et 2024, en excluant Porsche, calcule UBS.



Stellantis n'échappera pas à cette baisse attendue des profits opérationnels de l'automobile européenne. Ni à la contraction de la rentabilité d'acteurs qui ne dégagent pas encore des marges aussi élevées sur les véhicules électriques qu'ils vendent que sur les véhicules thermiques. La marge opérationnelle de l'industriel né de la fusion entre Groupe PSA et Fiat Chrysler Automobiles devrait toutefois ressortir supérieure à 10% en 2024, contre un taux de 13,1% attendu pour cette année, pour rester la plus élevée du secteur, nuance UBS.



Priorité à l'abaissement du point mort



Stellantis dispose du meilleur plan industriel pour réaliser des profits via la vente de véhicules électriques en Europe et notamment dans le segment des SUV, relève JPMorgan. Le groupe fait montre d'avantages concurrentiels significatifs sur le créneau de la voiture propre : une production concentrée en Europe de l'Est, des temps d'assemblage réduits et une forte intégration verticale dans les composants du moteur électrique. L'adoption stratégique d'une taille de batterie de 40 kilowattheures, combinée à la technologie LFP (lithium-fer-phosphate), permet également de réduire le coût de fabrication des véhicules.



"Nous travaillons en permanence sur l'abaissement du seuil de rentabilité, ce qui a créé au sein de l'entreprise une culture de l'utilisation judicieuse et exigeante du capital", a assuré Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, mardi lors de la 15e semaine annuelle de l'industrie et de l'automobile de Goldman Sachs. "Stellantis est une entreprise beaucoup plus diversifiée que ses pairs et profite d'une organisation matricielle en trois dimensions : les marques, les fonctions et les régions", a poursuivi le dirigeant.



Grâce à cette organisation, les trois régions géographiques Afrique-Proche-Orient, Amérique latine et Chine sont devenues le "troisième moteur" de la performance financière de Stellantis, derrière l'Amérique du Nord et l'Europe, salue JPMorgan. Selon la banque d'affaires américaine, ces trois régions réunies contribueront à 25% des profits opérationnels du groupe aux 14 marques en 2025, contre 20% en 2023. Ce qui permettra à Stellantis de réduire un peu plus sa dépendance au marché nord-américain, qui ne représenterait plus que 45% des bénéfices opérationnels en 2025, contre 60% actuellement.



A plus long terme, les résultats de Stellantis profiteront aussi de la réduction du nombre de plateformes modulaires de 20 à quatre d'ici à 2030 et du renouvellement du portefeuille de produits.



Machine à cash



Certes, Stellantis est encore perfectible en matière de gestion de stocks et de politique tarifaire, mais l'entreprise continuera à se distinguer positivement de ses concurrents grâce à une génération de trésorerie exceptionnelle. Bernstein considère que Stellantis est en mesure de générer durablement plus de 10 milliards d'euros de flux de trésorerie disponible par an, grâce à "son empreinte géographique unique et à diverses opportunités de croissance".



"Les perspectives de retour à l'actionnaire restent très favorables", apprécie de son côté Oddo BHF. La discipline du groupe en matière d'investissement lui offre une marge de manœuvre appréciable pour lancer un programme de rachat d'actions beaucoup plus important que celui d'un montant de 1,5 milliard d'euros lancé en février dernier et qui s'est achevé ce lundi.



Dans ce contexte, l'écrasante majorité des analystes assure que l'action Stellantis n'est pas à court de carburant. JPMorgan est catégorique : ne serait-ce que pour la qualité de l'exécution de sa stratégie, le groupe mérite une meilleure valorisation. Au cours actuel, le titre s'échange selon un ratio capitalisation boursière sur bénéfice net estimé pour cette année de 3, loin de valoriser les atouts de l'entreprise à leur juste valeur, appuie Oddo BHF. Pour Barclays, ce multiple devrait plutôt se situer autour de 3,75 sur la période couvrant les exercices 2023 à 2025.



Le mois prochain, cela fera deux ans qu'aucun analyste ne recommande de vendre l'action, selon les données de FactSet. Actuellement, 22 des 25 intermédiaires financiers qui suivent la valeur conseillent de s'en porter acquéreur et l'objectif de cours moyen à 12 mois de cet aréopage se situe à 23,79 euros. Cette cible représente un potentiel de hausse de 13,6% par rapport au cours de Bourse de l'action Stellantis lundi matin.



La réalisation de ce potentiel dépendra en premier lieu des performances financières de Stellantis et du contenu de sa journée investisseurs, prévue le 13 juin prochain, mais également de l'agenda politique. L'année prochaine, se dérouleront notamment l'élection présidentielle américaine et les élections européennes. L'issue de ces scrutins sera déterminante pour la transition du marché automobile vers l'électrique et pour l'avenir boursier du secteur, selon qu'il consacre des politiques populistes ou progressistes.



-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV



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December 11, 2023 04:05 ET (09:05 GMT)




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