Pour le mondial de foot, les banques investissent le terrain des pronostics -Market Blog
18 Mai 2018 - 10:01AM
Dow Jones News
Par Julien Marion
Paris (Agefi-Dow Jones)--Evénement sportif majeur par essence, la
coupe du monde de football déchaîne les passions. Les économistes
et analystes des banques ne font pas figure d'exception, plusieurs
d'entre eux s'adonnant au jeu des pronostics. Ils utilisent dans
cette optique les outils statistiques de leur quotidien.
"De nombreux modèles existent dans le monde financier, certaines
banques utilisant des outils d'économétrie pour savoir quelle
équipe peut passer les phases de groupe ou pour déterminer le
vainqueur. S'ils sont bien calibrés, ces modèles peuvent présenter
des degrés de fiabilité relativement élevés, sans être jamais sûr à
100%, la part d'aléa dans le sport étant forte", souligne Charles
Lepetit, économiste du sport et responsable des études économiques
du Centre de droit et d'économie du sport de Limoges.
Les leçons des footballeurs aux investisseurs
Jeudi 17 mai, UBS a donné le coup d'envoi, à l'occasion de la
publication d'un rapport spécial sur la coupe du monde 2018, qui
débutera le 14 juin prochain en Russie. N'en déplaise aux
supporteurs tricolores, les économistes de la banque helvétique ne
donnent pas les Bleus, dont la composition de l'équipe a été
annoncée jeudi soir par le sélectionneur Didier Deschamps, favoris.
Ce statut revient au tenant du titre, l'Allemagne, UBS calculant
une probabilité de victoire de 24% pour la Mannschaft. Suivent le
Brésil (19,8%), l'Espagne (16,1%), l'Angleterre (8,5%) -- pourtant
réputée pour ne jamais être à la hauteur des attentes lors des
grandes compétitions -- et enfin la France (7,3%).
Pour arriver à ces résultats, les économistes d'UBS ont configuré
un modèle statistique en utilisant les résultats des cinq
précédentes coupes du monde, auquel ils ont rajouté un "bonus" pour
la Russie afin de tenir compte du fait qu'elle a l'avantage de
jouer à domicile. Ils ont également eu recours à un instrument
appelé simulation de Monte-Carlo - utilisée notamment en Finance
pour valoriser des produits dérivés- de sorte a obtenir les
résultats d'environ 10.000 scénarios pour la coupe du monde. Les
économistes d'UBS lancent au passage une mise en garde fort
courante dans le monde de la finance : "en football aussi les
performances passées ne garantissent pas les futurs résultats".
Ces mêmes économistes notent d'ailleurs que les investisseurs
peuvent tirer certains enseignements des équipes de football les
plus performantes. Elles savent par exemple s'adapter à leur
adversaire, ou à un fait de jeu, comme une blessure ou une
expulsion. "Les investisseurs font face à des défis similaires",
écrivent-ils en donnant comme exemple la politique monétaire dont
les outils ont énormément évolué au cours des dix dernières années
poussant les investisseurs à faire preuve d'agilité.
Un poulpe bat Goldman Sachs
Outre UBS, Goldman Sachs est aussi coutumier de ces prévisions,
avec plus ou moins de succès. La banque américaine, qui utilise une
méthodologie proche de celle d'UBS, n'a pas encore publié ses
pronostics pour la prochaine édition. Lors de la coupe du monde
2014, elle voyait le Brésil grimper sur la plus haute marche du
podium. Malheureusement pour les auriverde, leur parcours s'était
arrêté en demi-finale, avec une déroute (7-1) face à l'Allemagne.
La même année, Le Wall Street Journal avait ironisé sur la démarche
de la banque en écrivant que, lors de la coupe du monde 2010, le
taux de prévisions exactes de Goldman Sachs avait été inférieur à
celui... d'un poulpe. Lors d'un match, deux boîtes de nourritures
aux couleurs de chacune des équipes étaient placées dans l'aquarium
du céphalopode, appelé "Paul". La première boîte ouverte par le
poulpe était considérée comme étant l'équipe gagnante. Résultat:
sur 14 matchs, Paul avait vu juste 12 fois.
Les prévisionnistes peuvent parfois lier leurs travaux à
l'actualité économique. En 2012, dans une étude qu'ils qualifaient
eux-mêmes de "semi-sérieuse", les économistes de la banque
néerlandaise ABN Amro jugeaient, alors que la crise des dettes
souveraines battait son pleine en zone euro, qu'une victoire de la
France était "le meilleur résultat possible" pour éviter que cette
crise ne se propage davantage, "la crise de la zone euro étant
avant tout une crise de confiance". Il tablait néanmoins sur une
victoire, plus probable, de l'Allemagne. Le vainqueur fut
finalement l'un des pays les plus touchés par cette crise :
l'Espagne.
-Julien Marion, Agefi-DowJones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
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