Actualisé: Soupçons de corruption en Afrique: Vincent Bolloré face aux juges
25 Avril 2018 - 8:42PM
Dow Jones News
L'homme d'affaires Vincent Bolloré était présenté mercredi à
Paris aux juges susceptibles de le mettre en examen dans l'enquête
sur des soupçons de corruption dans l'attribution à son groupe de
concessions portuaires en Afrique de l'Ouest.
Le milliardaire de 66 ans, encore aux commandes du groupe Bolloré
mais qui a récemment cédé les rênes de Vivendi à son fils Yannick,
avait été placé en garde à vue mardi matin dans les locaux de la
police anticorruption à Nanterre.
A ses côtés se trouvaient le directeur général du groupe Bolloré,
Gilles Alix, et le responsable du pôle international de Havas,
Jean-Philippe Dorent. Tous deux étaient eux aussi présentés
mercredi aux juges du pôle financier de Paris, a-t-on appris de
source judiciaire, confirmant une information de Challenges.
L'enquête vise des soupçons de "corruption d'agents étrangers
dépositaires de l'autorité publique", "abus de biens sociaux" et
"abus de confiance".
Le quatrième homme placé en garde à vue mardi, l'homme d'affaires
français Francis Perez, patron de la société Pefaco très présente
en Afrique, a pour sa part été remis en liberté peu après 14H00
sans charge retenue contre lui, a annoncé son avocat Me Jean Robert
Phung.
Les juges d'instruction Serge Tournaire et Aude Buresi tentent de
déterminer si le groupe Bolloré a utilisé les activités de conseil
politique de sa filiale Havas pour se voir attribuer la gestion des
ports de Lomé, au Togo, et de Conakry, en Guinée, via une autre de
ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée
SDV.
SDV avait obtenu la gestion du port de Conakry quelques mois après
l'élection d'Alpha Condé fin 2010, et avait remporté la concession
à Lomé peu avant la réélection en 2010 de Faure Gnassingbé. Les
deux candidats victorieux s'étaient attachés les services d'Havas
et de M. Dorent.
Or, selon le journal Le Monde, les magistrats soupçonnent Havas
d'avoir sous-facturé ses services, afin que le groupe Bolloré
décroche ces deux contrats en contrepartie.
A chaque fois, la désignation de SDV a donné lieu à une bataille
judiciaire entre le groupe Bolloré et les anciens gestionnaires.
S'agissant de Conakry, l'ancien concessionnaire Necotrans avait
ainsi déposé une plainte pour "corruption internationale" dès mars
2011. Mais elle avait été classée sans suite après quelques
semaines par le parquet de Paris.
Les soupçons sur les activités africaines de Vincent Bolloré ont
aussi été nourris par les plaintes d'un ancien associé
franco-espagnol de M. Bolloré, Jacques Dupuydauby, évincé du port
de Lomé en 2009.
C'est aussi en enquêtant sur le groupe Pefaco, société spécialisée
dans l'hôtellerie et les jeux très implantée en Afrique, que la
justice avait resserré ses investigations sur les activités de
Bolloré sur le continent. Son président, Francis Perez, 55 ans, est
connu pour son réseau de relations en Afrique et pour sa grande
proximité avec M. Dorent.
Selon l'avocat de M. Perez, les enquêteurs l'ont interrogé sur des
versements, d'un montant total de 450.000 euros, effectués en 2010
au profit de ce dirigeant d'Havas.
"Ces quatre virements sont un prêt à un ami, qui a fait l'objet
d'un acte notarié et qui est remboursé depuis six ans", a déclaré à
l'AFP Me Phung, dénonçant des "fantasmes".
- "Sans autre forme de procès" -
Dans un communiqué mardi, le groupe Bolloré avait "formellement"
démenti avoir commis des irrégularités en Afrique, où il gère 16
terminaux portuaires.
"Les concessions obtenues au Togo l'ont été en 2001, bien avant
l'entrée du groupe dans Havas, et en Guinée, en 2011, à la suite de
la défaillance du ndeg1 (le groupe étant arrivé en seconde position
lors de cet appel d'offres), défaillance constatée avant l'élection
du président", a fait valoir le groupe.
"Bolloré remplissait toutes les conditions d'appel d'offres. C'est
un ami, je privilégie les amis. Et alors ?", s'était toutefois
justifié Alpha Condé au journal Le Monde en 2016.
S'agissant de Conakry, Bolloré avait été condamné en 2013 à
Nanterre à verser plus de 2 millions d'euros à Necotrans, l'ancien
concessionnaire. Placé en redressement judiciaire en juin 2017,
Necotrans avait alors été racheté par Bolloré.
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April 25, 2018 14:22 ET (18:22 GMT)
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