Le marché réalise le nouveau défi que la grève pose à la grande distribution -DJ Plus
17 Janvier 2020 - 3:33PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Bis repetita. Après avoir subi la fronde
des Gilets jaunes à la fin 2018, les distributeurs français doivent
affronter un autre mouvement social d'ampleur depuis le début du
mois de décembre.
"Pour la deuxième année consécutive, le commerce en France est
impacté par des mouvements sociaux au mois de décembre, période la
plus critique pour notre secteur", a commenté Enrique Martinez, le
directeur général de Fnac Darty. Le distributeur de produits
culturels et électroménagers évalue la perte de chiffre d'affaires
à 70 millions d'euros, contre 45 millions un an plus tôt en raison
du mouvement des Gilets jaunes.
La facture s'est également alourdie pour Casino qui l'estime à 80
millions d'euros contre 50 millions un an plus tôt. Le propriétaire
de Monoprix et Franprix a également abaissé son objectif de hausse
du résultat opérationnel courant à 5% en 2019 contre 10%
précédemment, soit un manque à gagner d'environ 24 millions
d'euros.
Les grèves contre la réforme des retraites semblent avoir des
conséquences plus lourdes que le mouvement des Gilets jaunes pour
le secteur du commerce de détail. D'après les données de la société
Stackr, issues de capteurs installés dans 14.500 points de vente,
la fréquentation dans les magasins a baissé en moyenne de 6% sur la
période du 5 au 19 décembre, par rapport à la période
correspondante de 2018. La fréquentation des commerces situés à
Paris intra-muros a chuté de près de 14%.
Fnac Darty et Casino souffrent particulièrement en raison de leur
implantation dans les centres-villes. Carrefour, dont le chiffre
d'affaires annuel sera publié la semaine prochaine et qui réalise
la moitié de ses ventes en France dans ses hypermarchés, est
potentiellement moins affecté. Les achats alimentaires sont
également plus résistants que ceux d'autres produits, en
particulier les biens de consommation discrétionnaire vendus par
Fnac Darty.
Le titre Fnac Darty a perdu jusqu'à 18% vendredi à l'ouverture des
marchés avant de réduire ses pertes. Il cédait encore 8,3% en
milieu d'après-midi. De son côté, Casino abandonnait 5,4%.
Les flux de trésorerie sous surveillance
"Le consensus n'avait pas bien pris en compte l'importance du mois
de décembre pour les ventes et les marges de Casino et de
Fnac-Darty", constate Clément Genelot, analyste de Bryan Garnier.
La sanction boursière peut également s'expliquer par des
perspectives peu engageantes pour les deux distributeurs. "Un
rebond de la consommation en France à court terme devient de moins
en moins probable", indique l'analyste, alors que la confiance des
ménages a baissé en décembre pour la première fois depuis un
an.
"Nous attendons de prochaines publications difficiles puisque les
mouvements sociaux devraient encore peser sur le premier
trimestre", abonde Florent Thy-Tine, chez Louis Capital
Markets.
Dans ce contexte, les deux groupes devront maintenir leurs flux de
trésorerie s'ils veulent rassurer les investisseurs. Fnac Darty a
indiqué jeudi qu'il tablait sur un free cash flow de 170 millions
d'euros en 2019, en hausse par rapport à l'année 2018, "la seule
bonne nouvelle" de la publication, selon Florent Thy-Tine.
Casino vise quant à lui un flux de trésorerie de 500 millions
d'euros en 2019, hors cessions d'actifs, mais le groupe n'a pas
confirmé cet objectif jeudi. S'il ne l'atteint pas, "cela pourrait
susciter des inquiétudes en amont du plan de restructuration de la
dette de Rallye qui contraint Casino à verser d'importants
dividendes à compter de 2021", note Clément Genelot.
Pour éviter une nouvelle sortie de route en 2020, les distributeurs
devront démontrer leur capacité à s'adapter à un environnement de
consommation peu porteur. Le déploiement de "magasins autonomes"
ouverts tard le soir ou le dimanche en est un exemple. Il a permis
à Casino d'atténuer l'impact des grèves. Les ventes en ligne et
nouveaux services de livraison pourraient également constituer une
planche de salut.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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