La problématique belge d'Engie est conséquente mais pas insurmontable - DJ Plus
15 Octobre 2018 - 1:47PM
Dow Jones News
Alice Doré,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le titre Engie traverse une année
mouvementée. Il a tour à tour été chahuté en raison
d'interrogations sur la gouvernance du groupe, par la publication
en mai d'un chiffre d'affaires trimestriel décevant, puis par
l'annonce en juin de retards dans l'agenda des révisions de trois
unités nucléaires en Belgique.
Depuis, "le nucléaire belge est la principale source d'incertitude
et de nouvelles négatives pour Engie", note Tancrede Fulop,
analyste chez Morningstar, résumant un sentiment largement partagé
parmi les investisseurs.
Au cours des cinq derniers mois, le titre du fournisseur de gaz et
d'électricité a accusé une baisse de 20%. A un peu moins de 12
euros, il évolue bien en deçà de l'objectif de cours moyen des
analystes sondés par FactSet, à 15,56 euros.
La situation en Belgique constitue un problème épineux pour Engie,
qui a précisé le mois dernier que les retards de redémarrage de
certaines unités belges après une période de maintenance ont déjà
pesé à hauteur de 600 millions d'euros sur l'excédent brut
d'exploitation (Ebitda) et le résultat net part du groupe depuis le
début de l'année.
Compte tenu de cet impact sur les résultats d'Engie et des
différents reports de redémarrage des unités concernées, "les
investisseurs sont en droit de se demander à partir de combien
d'occurrences exceptionnelles le problème devient structurel",
soulignent les analystes de Credit Suisse.
Un risque sur l'endettement
Pour le moment, Engie fait valoir qu'il bénéficie d'une structure
financière saine et ne s'attend à aucun impact des difficultés
belges sur son ratio dette nette/Ebitda. Celui-ci est toujours
attendu inférieur ou égal à 2,5 fois en 2018, grâce à des effets de
compensations d'autres activités porteuses, comme les services et
les infrastructures.
Le ratio actuellement visé est confortable, souligne un analyste,
tout en prévenant que les provisions pour le nucléaire belge
pourraient tout de même le rendre difficile à atteindre et à
consolider en 2019. Ces difficultés pourraient être accentuées en
cas de nouveaux retards l'année prochaine ou si la facture liée à
la gestion des passifs nucléaires dans le pays venait à être
réévaluée à la hausse.
Pour cet analyste, le risque existe bel et bien et pourrait entamer
la capacité d'Engie à effectuer une éventuelle acquisition de
grande envergure, soit au-delà de la dizaine de milliards
d'euros.
Un avis partagé par Standard and Poor's, pour qui une politique
d'investissement plus agressive d'Engie pourrait entraîner une
dégradation de sa note de crédit, actuellement à "A-", assortie
d'une perspective stable. "Engie n'a pas de marge de manœuvre
significative pour effectuer une grosse acquisition financée par de
la dette", juge l'agence de notation.
Et c'est là que le bât pourrait blesser. L'entreprise se retrouve
très exposée à la France, qui représente environ 40% de son chiffre
d'affaires, et a vu sa présence sur des zones de croissance comme
les Etats-Unis et l'Asie réduite par la vente d'actifs dans le
charbon.
Une valorisation attractive
Dans l'ensemble, la transformation industrielle d'Engie vers les
services et des activités de production d'énergie renouvelable est
saluée par les opérateurs de marché.
Même si des intermédiaires financiers appellent à la prudence, le
consensus reste largement positif sur le titre Engie. Selon
FactSet, 74% des analystes ont une recommandation "acheter" ou
"surpondérer", 22% sont à "conserver", et 4% se positionnent à
"vendre" ou "sous-pondérer".
Selon les calculs de Credit Suisse, Engie s'échange sur des
multiples de 11,7 fois ses bénéfices, contre un ratio de 14,6 fois
pour le secteur. Le cours actuel d'Engie offre un bon point
d'entrée sur le titre, qui dispose d'importants catalyseurs à moyen
terme, comme la hausse des prix de l'électricité qui n'est
actuellement pas intégrée, soulignent des analystes.
Pour J.P.Morgan Cazenove, si Engie manque de catalyseurs à court
terme, ses fondamentaux sont robustes et pourraient conduire à une
revalorisation à l'horizon 2019.
Pour cela, Engie devra éviter tout nouveau couac d'ici la
présentation de son nouveau plan stratégique en février
prochain.
-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed:
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