Manitou devra encore réduire sa dette pour pouvoir financer sa croissance et réaliser des acquisitions dans les pays émergents, alors que la perspective d'un véritable rebond de son activité ne semble envisageable qu'à l'horizon 2011.



Le fabricant d'engins de manutention souffre aujourd'hui d'une exposition marginale aux pays émergents, d'où devrait venir le gros de la croissance future du secteur.



Plutôt que de s'y implanter de manière organique, Manitou aurait intérêt à brûler une étape en y réalisant une ou plusieurs acquisitions.



Mais l'endettement du groupe limite ses marges de manoeuvre. Bien qu'il ait réduit sa dette nette de 35% au cours des neuf premiers mois de l'année, l'endettement fin septembre représentait encore plus de 80% des fonds propres affichés fin juin, un niveau élevé pour une société industrielle.



Il est vrai que Manitou n'a pas utilisé son crédit revolving, et conserve donc une capacité de tirage de 140 millions d'euros. Face à une chute de moitié de son chiffre d'affaires, Manitou a en effet pris des mesures radicales pour protéger ses cashflows et éviter d'y avoir recours. Mais dans le cadre de la restructuration de sa dette mi-2009, le groupe s'est engagé à ne pas laisser son ratio dette nette sur fonds propres dépasser 100% jusqu'en 2011.



Certes, s'il identifiait une cible suffisamment intéressante, Manitou pourrait envisager une augmentation de capital. Mais elle serait a priori lourdement dilutive, à des cours toujours historiquement déprimés. Une perspective qui pourrait déplaire à l'actionnariat familial réuni autour de la famille Braud.



D'autant que la situation du groupe reste difficile. Malgré quelques signes laissant espérer une stabilisation de son activité au quatrième trimestre 2009, Manitou lui-même table sur une année 2010 de transition.



Après avoir relativement résisté en début d'année, le secteur agricole se dégrade depuis l'été dernier. Ce segment, qui génère autour de 40% du chiffre d'affaires du groupe, est frappé par la crise du lait, la chute des cours des matières premières (élevage et céréales), et la raréfaction du crédit.



Après les concessionnaires, les loueurs d'engins de manutention assainissent également leurs parcs d'engins inutilisés. La mise sur le marché de l'occasion de matériels pratiquement neufs à des prix très attractifs entre en concurrence directe avec les appareils de Manitou et pèse sur ses ventes.



En amont, Manitou est confronté au risque croissant de défaillance de ses fournisseurs, qui remet potentiellement en cause sa capacité à servir ses clients. Manitou sous-traite pratiquement 80% de la valeur de ses appareils auprès d'environ 600 fournisseurs. Le groupe s'y refuse actuellement, mais il pourrait être contraint de soutenir certains d'entre eux financièrement.



Autant de raisons pour l'entreprise de poursuivre son désendettement à marche forcée. Le fait de réduire significativement sa dette lui permettrait entre autres de donner des gages de confiance à ses actionnaires, qui pourraient dès lors être plus enclins à injecter de nouveaux fonds dans leur entreprise.



- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 01 40 17 17 71; ambroise.ecorcheville@dowjones.com

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