La faible valorisation de Publicis pourrait attirer les prédateurs -- DJ Plus
11 Octobre 2019 - 4:39PM
Dow Jones News
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le malheur des uns fait le bonheur des
autres. Il ne s'agit pas du dernier slogan publicitaire imaginé par
Publicis, mais bien de la morale pressentie d'un scénario boursier
qui se profile. Le second avertissement lancé jeudi soir par le
numéro trois mondial de la publicité sur ses résultats de
l'exercice 2019 a torpillé son cours de Bourse, qui s'effondre de
13% vendredi, à 36,98 euros.
Déjà plus forte baisse du CAC 40 en 2017 et en 2018, l'action
Publicis est en passe de réaliser un malheureux triplé puisqu'elle
accuse également le repli le plus marqué de l'indice depuis le
début 2019, avec une chute de 26,2%.
Avec un cours de Bourse ramené sur son niveau de l'année 2012,
Publicis voit désormais sa capitalisation ressortir à 8,9 milliards
d'euros. Classée 42ème valeur de la Bourse de Paris au palmarès de
la capitalisation flottante et 39ème en matière de volumes
d'échange, l'entreprise présidée par Arthur Sadoun est même
susceptible de perdre sa place au sein du CAC 40. Une telle
exclusion ne serait pas surprenante au regard des critères du
conseil scientifique des indices d'Euronext.
A ce niveau, et en tenant compte des nombreuses révisions
d'estimations de résultats effectuées vendredi par les analystes,
la valorisation du titre Publicis est historiquement basse. Selon
UBS, la valeur s'échange selon un ratio cours de Bourse sur
bénéfice net par action de 8 pour 2020, à comparer à des multiples
de 10 pour son concurrent britannique WPP et de 12 pour l'américain
Omnicom. Cette décote reflète "les incertitudes entourant le modèle
commercial et la stratégie de redressement de Publicis", assure
UBS.
Jugeant que le capital de la société "n'est pas contrôlé", la
spéculation autour du titre Publicis devrait "rapidement
réapparaître", prédit Oddo BHF. Par le passé, la société américaine
de services aux entreprises Accenture et la SSII française
Capgemini ont fait figure de favoris des investisseurs pour une
reprise de Publicis. Mais aujourd'hui, "Capgemini est accaparé par
son projet d'OPA sur Altran Technologies, tandis que l'entreprise
Accenture n'est intéressée que par une partie seulement des
activités de Publicis", indique un analyste basé à Londres.
Vivendi en prétendant tout désigné
Dans cette configuration, "Vivendi est un des candidats les plus
plausibles pour un rachat de Publicis, qu'il pourrait marier à
Havas", selon Jean-Baptiste Sergeant, analyste chez Mainfirst.
Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, un porte-parole du groupe
contrôlé par Vincent Bolloré n'a pas souhaité commenter ces
spéculations.
De son côté, Liberum appuie la thèse développée par Mainfirst,
assurant que l'avertissement sur résultats émis jeudi soir accroît
la probabilité d'une OPA visant Publicis, et désigne également
Vivendi comme l'acquéreur le plus probable. L'intermédiaire
financier souligne que Vivendi pourrait estimer "que le temps est
venu" de déclencher une telle opération.
Vivendi s'apprête à récupérer 3 milliards d'euros de la vente de
10% du capital de sa filiale UMG au groupe chinois Tencent, qui
possède de surcroît une option pouvant lui permettre d'acquérir
d'ici un an 10% supplémentaires d'UMG, pour le même prix.
Mais Vivendi pourrait bien prendre le contrôle de Publicis sans
s'offrir tout son capital, se dispensant alors de payer une prime
de valorisation sur l'intégralité des actions du publicitaire. Un
des scénarios imaginés par Liberum consiste en l'achat, par
Vivendi, de la participation des familles Badinter et Lévy au tour
de table de Publicis, représentant en cumulé à peine 9,1% du
capital mais 15,8% des droits de vote selon les données arrêtées à
fin 2018. "Ce scénario ne paraît pas farfelu du tout", reconnaît un
analyste parisien.
Durablement plombé par la baisse de ses revenus dans le segment de
la publicité traditionnelle aux Etats-Unis, son premier débouché,
et par l'incursion des cabinets de conseil et des sociétés
technologiques américaines telles Facebook ou Google dans les
métiers du marketing, Publicis raconte une tragique histoire
boursière. Seule la perspective d'une OPA - ou à défaut l'intrusion
d'un activiste - pourrait redonner espoir à ses actionnaires.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH - VLV
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