L'impact de la volatilité des changes sur les profits préoccupe les multinationales
02 Août 2018 - 12:14PM
Dow Jones News
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les récentes fluctuations monétaires
déclenchées par l'escalade des tensions entre les Etats-Unis et ses
partenaires commerciaux pourraient affecter des milliards de
dollars de bénéfices et de chiffres d'affaires, préviennent les
multinationales.
Le yuan a atteint la semaine dernière un nouveau point bas en un an
face au dollar. L'euro a gagné 0,98% face au billet vert au cours
des six dernières semaines, mais s'est replié de 2,5% face à la
devise américaine depuis le début de l'année. Au cours du mois
écoulé, le dollar a progressé de 1,03% face au yen et reculé de
0,97% face au dollar canadien.
Ces fluctuations se répercutent maintenant sur les résultats des
entreprises. Facebook, qui a surpris le marché la semaine dernière
en annonçant une croissance inférieure aux attentes, a en partie
attribué ce ralentissement à la volatilité des devises et son
directeur financier, Dave Wehner, s'attend à ce que les taux de
change pèsent sur les résultats au second semestre.
En tenant compte des effets de change, le groupe britannique de
spiritueux Diageo a vu ses ventes reculer de 454 millions de livres
sterling au cours de l'exercice clos le 30 juin, a indiqué sa
directrice générale Kathryn Mikells.
Le fabricant anglo-néerlandais de biens de consommation Unilever a
lui aussi été pénalisé. "La conversion des devises a diminué le
chiffre d'affaires de 8,9%", a souligné son directeur financier,
Graeme Pitkethly, selon la transcription d'une présentation des
résultats le 20 juillet. "C'est la conséquence de l'appréciation de
l'euro face à la quasi-totalité de nos principales devises".
Renforcement des politiques de couverture
Les deux tiers environ des 200 directeurs financiers interrogés
lors d'une enquête réalisée en juillet ont indiqué que leurs
résultats avaient été affectés par une exposition non couverte au
risque de change, selon HSBC Holdings. En outre, 47% des directeurs
financiers d'entreprises générant un chiffre d'affaires supérieur à
5 milliards de dollars ont indiqué qu'ils comptaient augmenter leur
couverture contre la volatilité des taux de change, tandis que 77%
d'entre eux prévoient d'y consacrer davantage de fonds, précise
HSBC.
Les directeurs financiers de groupes comme le site de réservations
hôtelières Trivago ou le distributeur de produits laitiers
Interfood Holding ont annoncé qu'ils prévoyaient de renforcer leur
gestion du risque de change, malgré les coûts supplémentaires. La
société de technologie néerlandaise Philips a choisi pour sa part
de recourir à des robots de trading pour limiter son exposition aux
devises.
Ce regain de prudence à l'égard du risque de change intervient
alors que les tensions commerciales assombrissent les perspectives
de croissance économique mondiale et accentuent les inquiétudes
concernant l'avenir du modèle actuel des multinationales. Les
variations de la valeur du dollar, de l'euro ou du yen viennent
s'ajouter aux défis que doivent relever des entreprises déjà aux
prises avec les avancées technologiques, l'instauration potentielle
de droits de douane et les relèvements de taux d'intérêt.
Le directeur financier de Trivago, Axel Hefer, a expliqué qu'il
étudierait le lancement d'un programme de couverture du risque de
change au cours des douze prochains mois. Le voyagiste allemand,
qui prévoit de se développer dans des pays comme l'Inde, la Turquie
et la Russie, n'a pas encore couvert son exposition monétaire. Le
dollar et l'euro sont les premières devises de transactions du
groupe.
Le néerlandais Interfood tient déjà compte du coût de couverture
lors de chaque opération et couvre toutes ses transactions, a
précisé son trésorier Vincent Almering. C'est le timing qui fera
désormais la différence. Interfood met en place une couverture dès
qu'une opération est bouclée. "Nous n'attendons [même] plus
quelques heures", a souligné le dirigeant. L'une des raisons pour
lesquelles les entreprises ne se couvrent pas davantage contre le
risque de change est le coût de cette protection, qui peut
représenter jusqu'à 20% ou plus de la transaction, selon Rudi
Alexis, responsable des changes chez Barclays PLC. "Sur les marchés
émergents en particulier, couvrir un actif peut se révéler
extrêmement onéreux", souligne-t-il.
Pour d'autres directeurs financiers, l'investissement se justifie
par l'assurance d'une tranquillité d'esprit et d'une meilleure
visibilité sur les marges bénéficiaires. Associated British Foods,
propriétaire du géant de la mode à bas prix Primark, couvre ses
commandes de vêtements et ses achats d'immobilisation six mois à
l'avance.
"La mise en place d'une couverture de change a évidemment un coût",
note son directeur financier John Bason, qui juge toutefois que "ce
coût est faible si on le rapporte à la suppression du risque sur la
marge". Or "les devises peuvent fluctuer considérablement en six
mois".
-Nina Trentmann, The Wall Street Journal (Version française Emilie
Palvadeau) ed : ECH -0-
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August 02, 2018 05:54 ET (09:54 GMT)
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