PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le SBF 120 a clôturé vendredi en baisse de
1,5%, à 4.973,29 points, tout comme le CAC 40, qui termine l'année
à 6.473,76 points. En 2022, les deux indices ont respectivement
perdu 10,3% et 9,5%, et s'en sortent un peu mieux que le Stoxx
Europe 600, qui a dans le même temps abandonné 12,9%.
Alors que l'année avait débuté sous le signe du variant Omicron du
coronavirus, les préoccupations d'ordre sanitaire ont rapidement
laissé la place en 2022 à une nouvelle crise, énergétique cette
fois. L'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février a en effet
provoqué une envolée des prix du pétrole et du gaz naturel, venue
alimenter une inflation qui s'installait déjà en raison de tensions
mondiales sur les approvisionnements.
Dans un contexte économique assombri par le conflit en Ukraine et
l'inflation, qui a poussé les banques centrales à mettre en oeuvre
un cycle de resserrement monétaire historique par son ampleur et sa
rapidité, les investisseurs ont redéfini leurs priorités. Au sein
du SBF 120, les secteurs de la défense et de l'énergie ont été
plébiscités en 2022, tandis que les entreprises les plus endettées
ont été délaissées.
Face à la hausse des coûts d'emprunt, qui restera un thème majeur
pour les marchés en 2023, les banques pourraient tirer leur épingle
du jeu. Les secteurs liés à la consommation des ménages (loisirs,
tourisme, distribution, biens de consommation non essentiels)
risquent, eux, de pâtir de la baisse attendue du pouvoir d'achat
dans un contexte de forte inflation et de ralentissement
économique.
Si la plupart des économistes anticipent une récession prochaine en
Europe et aux Etats-Unis, son ampleur pourrait être limitée par la
reprise de l'économie chinoise en 2023, Pékin venant de mettre fin
à la politique "zéro Covid" en place depuis trois ans. Les
entreprises les plus tournées vers l'international pourraient tirer
parti de cette situation. Certains analystes mettent cependant en
garde contre les conséquences à court terme de l'actuelle flambée
des contaminations en Chine, qui pourrait entraîner de nouvelles
perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT REALISE LES MEILLEURS PARCOURS EN
2022:
-L'avionneur Dassault Aviation (66,5%) a survolé le SBF 120 en
2022. A l'image de Thales, dont il détenait 24,6% du capital à fin
juin 2022, Dassault Aviation a bénéficié du regain d'intérêt des
investisseurs pour le secteur de la défense suite à l'offensive
russe en Ukraine. Ce regain de tensions géopolitiques a conduit de
nombreux pays à augmenter leur budget de défense, particulièrement
en Europe. Dans ce contexte, l'avion de combat de Dassault
Aviation, le Rafale, a de nouveau su séduire, notamment l'Indonésie
qui a signé pour 42 exemplaires. Autre bonne nouvelle: Dassault
Aviation est finalement parvenu à s'entendre avec Airbus concernant
le partage des tâches sur le projet d'avion de combat de nouvelle
génération (NGF). En 2023, les investisseurs se montreront
attentifs à l'évolution de la demande de jets d'affaires, qui
pourrait pâtir du ralentissement de la croissance mondiale.
-Entré au SBF 120 voilà à peine deux semaines, SES-imagotag
(+62,2%) réalise un parcours flamboyant en Bourse. La
capitalisation boursière du premier fabricant mondial d'étiquettes
électroniques a quadruplé en deux ans. En mars, le groupe a marqué
les esprits en remportant auprès du numéro un mondial de la grande
distribution Walmart un contrat qui pourrait dépasser les 2,5
milliards d'euros, soit près de six fois le chiffre d'affaires
réalisé en 2021. Les analystes estiment que ce contrat, qui
confirme la supériorité technologique de SES-imagotag sur la
concurrence, en amènera d'autres. Le plan stratégique 'Vusion
2027', présenté en novembre, prévoit d'ailleurs une croissance du
chiffre d'affaires supérieure à 40% en 2022, puis de plus de 30%
par an en moyenne jusqu'à atteindre 2,2 milliards d'euros en 2027.
SES-imagotag table aussi sur une expansion de ses marges d'environ
60% par an. De quoi faire oublier une valorisation élevée: le titre
se paye plus de 37 fois les bénéfices attendus en 2023, contre 12,2
fois pour son nouvel indice de référence.
-Thales (59,5%) a signé de loin la meilleure performance du CAC 40
en 2022. Comme l'ensemble des valeurs liées à la défense, le groupe
a été porté en Bourse par l'invasion de l'Ukraine par la Russie fin
février, ce qui a conduit de nombreux pays, particulièrement en
Europe, à revoir leur budget de défense à la hausse pour les années
à venir. Les sirènes de la guerre ont ainsi replacé le secteur de
la défense sur le radar du marché, alors qu'il pâtissait de la
désaffection des investisseurs sensibles aux critères ESG
(environnementaux, sociaux et de gouvernance). L'année écoulée n'a
toutefois pas été exempte d'embûches pour Thales, qui a eu maille à
partir avec le groupe russophone d'extorsion et de rançongiciel
LockBit 3.0, mais aussi, plus récemment, avec l'autorité
britannique de la concurrence concernant la cession de son activité
GTS à Hitachi. En 2023, les investisseurs surveilleront l'évolution
des activités d'aéronautique civile du groupe, qui ont souffert
récemment de la lenteur du redressement du marché des avions gros
porteurs.
-Pour le groupe d'études par enquêtes Ipsos (+41,8%), 2022 a été
une année faste. Après avoir subi fin 2021 des turbulences liées à
sa gouvernance, Ipsos a vite redressé la barre cette année, grâce à
une activité robuste, des retours supplémentaires aux actionnaires
et de nouvelles prévisions à l'horizon 2025 ambitieuses. Pour Oddo
BHF, Ipsos est en "bonne position pour aborder 2023", car le groupe
possède un profil "assez défensif [...] par rapport aux
incertitudes macroéconomiques", du fait notamment d'une bonne
diversification géographique et de la solidité de son bilan.
-Le fabricant de tubes sans soudure pour l'industrie pétrolière
Vallourec (+39,4%) a retrouvé des couleurs en 2022, soutenu par un
rebond de la demande des producteurs nord-américains. Le groupe a
engrangé plusieurs gros contrats, notamment en Guyane avec
ExxonMobil, ainsi qu'un premier contrat de long terme (10 ans) en
Arabie Saoudite. Fin novembre, l'agence de notation S&P a
relevé d'un cran la note de crédit à long terme du groupe, tablant
sur la poursuite d'une forte demande aux Etats-Unis en 2023 et sur
une contribution positive de sa mine de fer au Brésil. Vallourec
devrait également enregistrer en 2023 les premières retombées de sa
restructuration, qui se traduira par la fermeture de plusieurs
sites en Allemagne et en France et le transfert d'une partie de ses
activités au Brésil.
LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT ACCUSE LES PLUS FORTS REPLIS EN
2022:
-Orpea (-93%) a vécu une véritable descente aux enfers depuis les
révélations en janvier du livre-enquête "Les Fossoyeurs" sur la
gestion de ses établissements. Fragilisé financièrement par la
crise qu'il traverse, l'exploitant de cliniques et de maisons de
retraite a conclu en mai un accord avec ses principaux partenaires
bancaires et lancé une revue stratégique de ses actifs afin de se
désendetter progressivement. Le groupe a ensuite largement remanié
sa direction, avec l'arrivée de Laurent Guillot au poste de
directeur général et de Guillaume Pepy, l'ancien patron de la SNCF,
à la présidence du conseil. Ses performances financières et son
bilan ayant continué de se dégrader, le groupe s'est placé en
octobre sous protection judiciaire avant d'annoncer un plan de
restructuration massif, basé sur deux augmentations de capital d'un
montant total supérieur à 5 milliards d'euros, représentant plus de
dix fois sa capitalisation boursière. Deux investisseurs
activistes, le groupe familial Mat Immo Beaune et la société de
gestion Nextstone, montés à hauteur de 5,3% au capital d'Orpea, ont
riposté avec un projet alternatif de restructuration financière
aussitôt rejeté par la direction. Les prochaines semaines
s'annoncent cruciales pour Orpea qui devra convaincre ses
actionnaires et créanciers de la pertinence de son plan de
refondation.
-Solutions 30 (-76%) a perdu les trois quarts de sa valeur
boursière en 2022, la croissance des ventes du fournisseur de
services d'assistance numérique ayant subi un net coup d'arrêt dès
fin 2021. Au cours des 12 derniers mois, les difficultés de
l'entreprise se sont accumulées: au ralentissement du déploiement
de la fibre optique en Europe se sont ajoutées des ruptures dans
les chaînes d'approvisionnement, avec la crise sanitaire en toile
de fond. De manière directe ou indirecte, la pandémie de Covid-19 a
empêché la bonne exécution d'importants contrats, liés à la
transition énergétique notamment, qui devaient servir de relais de
croissance à l'ex-PC30. Dans ce contexte, les discussions visant à
faire entrer un actionnaire de référence au capital de Solutions
30, et à réveiller son cours de Bourse, tardent à déboucher sur un
accord. Malgré la faible valorisation du groupe reflétée par une
action évoluant à son plus bas niveau en plus de sept ans et
demi.
-Le groupe de services informatiques Atos (-75,9%) a connu une
nouvelle année noire, plombée par des errances de gouvernance et un
projet de scission qui a laissé les investisseurs perplexes. Arrivé
en janvier en provenance de l'opérateur satellitaire Eutelsat, le
directeur général Rodolphe Belmer a quitté son poste à la
mi-juillet. Il a été remplacé par Nourdine Bihmane, qui est épaulé
de deux directeurs généraux délégués, Philippe Oliva et et Diane
Galbe. Ce remaniement a eu lieu à peine un mois après l'annonce
d'un projet de séparation du groupe en deux sociétés distinctes:
Tech Foundations, qui regroupera les activités historiques
d'infogérance, et Evidian, qui réunira l'informatique
dématérialisée ("cloud"), les données massives, ou "big data", et
la cybersécurité. Dans l'attente de cette opération, prévue au
second semestre 2023, la visibilité risque de rester restreinte
pour Atos, d'autant que la conjoncture économique mondiale se
détériore.
-Valneva (-74,6%) a perdu près des deux tiers de sa valeur
boursière en 2022 après avoir flambé de plus de 200% en 2021. Les
investisseurs qui spéculaient sur les perspectives offertes par son
candidat-vaccin contre le Covid-19, le VLA2001, sont tombés de
haut. Faute d'avoir obtenu le feu vert de l'Agence européenne des
médicaments (EMA) dans les délais impartis, la société de
biotechnologies a vu la commande reçue de la Commission européenne
réduite de 60 millions à 1,25 million de doses. En l'absence
d'autres contrats, Valneva a annoncé en novembre une réduction de
20% à 25% de ses effectifs et la suspension de la production du
vaccin. Le groupe compte désormais sur le reste de son portefeuille
de produits en développement pour redorer son blason. Il a ainsi
levé en septembre plus de 100 millions d'euros lors d'une
augmentation de capital destinée à poursuivre le développement
clinique de deux candidats-vaccins: le VLA1553 contre le
chikungunya et le VLA15 contre la maladie de Lyme. Le groupe a
déposé en décembre une demande d'autorisation du VLA1553 aux
Etats-Unis et prévoit de faire de même en Europe au premier
semestre 2023. Après avoir multiplié les déboires cette année,
Valneva devra convaincre autorités de santé et investisseurs des
mérites de ce vaccin.
-Korian (-63,7%) a été emporté en 2022 par l'effet Orpea. Depuis le
scandale, l'exploitant de maisons de retraite et de cliniques a
pourtant multiplié les efforts pour distinguer son modèle
économique de celui de son concurrent. Le groupe juge ainsi que sa
dette financière nette - 3,6 milliards d'euros au 30 juin - est
raisonnable et souligne que le poids de sa dette immobilière se
situe à 55%, contre 85% pour d'autres acteurs du secteur. Coté
opérationnel, Korian a relevé en juillet son objectif de croissance
organique pour 2022 et table sur une marge d'excédent brut
d'exploitation (Ebitda), avant prise en compte de la norme
comptable IFRS 16, proche des 13,7% atteints en 2021. En Bourse,
Korian compte sur l'ESG (environnement, social et gouvernance) pour
redresser la barre. Dans ce cadre, le groupe adoptera en 2023 le
statut de société à mission avec des engagements extra-financiers
renforcés tout en intégrant davantage ses parties prenantes -
patients, familles, collaborateurs - dans sa gouvernance.
-Valérie Venck, Vincent Alsuar, Dimitri Delmond, Alice Doré,
Pierre-Jean Lepagnot et François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1
41 27 48 25; vvenck@agefi.fr ed: DID - VLV - LBO
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December 30, 2022 12:47 ET (17:47 GMT)
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