De nombreuses banques européennes risquent de subir des pertes liées à leur exposition à l'émirat de Dubaï, estimée à 40 milliards de dollars, à la suite de la demande par le conglomérat public Dubai World d'un moratoire de six mois sur le remboursement de sa dette.



Cette demande de rééchelonnement a en effet soulevé des inquiétudes concernant les niveaux de créances douteuses des banques, qui donnaient ces derniers temps des signes d'amélioration.



Jeudi, la plupart des banques ont indiqué que leur exposition à Dubaï et à Dubai World était peu importante, ou bien n'ont pas voulu faire de commentaire.



L'émirat de Dubaï accuse une dette totale de 80 milliards de dollars, dont la moitié serait détenue par des banques européennes, ont estimé les analystes. La dette de Dubai World en représente une grande partie, soit 60 milliards de dollars.



L'émirat a provoqué des remous sur les marchés financiers mercredi en annonçant la restructuration de Dubai World et une demande de moratoire sur sa dette jusqu'à fin mai 2010. Vers 14h50, les grands indices de Londres, Paris et Francfort affichaient un recul de l'ordre de 1,9%, tandis que l'indice Stoxx Europe 600 des valeurs bancaires perdait 3,7%.



Les actions HSBC Holdings PLC (HBC) et Royal Bank of Scotland Group PLC (RBS) reculaient de 4,3% et 4,2% respectivement.



HSBC, RBS, Lloyds Banking Group PLC (LYG), ING Groep NV (ING) et Calyon, filiale de Crédit Agricole SA (ACA.FR), figurent parmi les banques ayant agi en qualité de chef de file ou teneur de livre pour l'émission obligataire de 5,5 milliards de dollars de Dubai World en juin 2008, aux côtés de Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ (MTU), Sumitomo Mitsui Banking Corporation (JD-SMU), Emirates Bank et Mashreq Bank (MASQ.DFM).



Calyon a indiqué dans un e-mail qu'il était faiblement exposé à la dette de Dubai World, et qu'il ne pensait pas devoir s'inquiéter au sujet de la restructuration du conglomérat.



ING a indiqué que son exposition était négligeable, et Credit Suisse Group (CS) a affirmé de son côté que son exposition n'était "pas importante".



Les autres banques n'ont pas souhaité faire de commentaire, n'ont pas répondu aux demandes d'informations ou bien n'étaient pas disponibles dans l'immédiat.



Selon des analystes de Credit Suisse, les banques européennes pourraient voir leurs provisions pour créances douteuses augmenter de 5% en 2010, soit un impact total de 5 milliards d'euros après impôts, si 50% de leur exposition à Dubaï se soldait par des pertes.



Selon les données de Dealogic, d'autres banques ont mis en place des emprunts obligataires ou des crédits bancaires pour Dubaï, parmi lesquelles Barclays PLC (BCS), Citigroup Inc. (C) et Deutsche Bank AG (DB). Barclays n'a pas répondu aux appels. Citigroup n'a pas souhaité faire de commentaire, tandis qu'une personne proche du dossier a indiqué que l'exposition de Deutsche Bank à Dubai World était négligeable.



-Margot Patrick, Dow Jones Newswires



(Jethro Mullen à Paris, Andrew Critchlow à Dubaï, Eyk Henning à Francfort, Katharina Bart à Zurich, Maarten Van Tartwijk à Amsterdam et Michael Wilson à Londres ont contribué à cet article.)