CORR: Ingenico doit relancer son activité historique pour justifier son indépendance - DJ Plus
23 Janvier 2019 - 7:29PM
Dow Jones News
(Correction: Merci de noter que Gemalto a accepté l'offre de rachat
de Thales à la fin 2017 et que l'opération, qui attend de nouvelles
autorisations réglementaires, doit encore être finalisée).
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ingenico a terminé 2018 sur une nouvelle
déception. Mardi après Bourse, le spécialiste des terminaux et des
solutions de paiement a abaissé pour la troisième fois depuis
juillet son objectif d'excédent brut d'exploitation (EBITDA) pour
2018, à 485 millions d'euros, contre 510 millions auparavant.
Sans surprise, le marché a sanctionné ce nouveau pas de travers,
Ingenico ayant plongé de 13,6% mercredi à la Bourse de Paris. Le
groupe a imputé ce nouveau dérapage à une contre-performance de la
division Banques et Acquéreurs, qui loge l'activité historique des
terminaux de paiement. Ce segment a notamment pâti de reports
d'appels d'offres, d'effets de change négatifs et d'un "mix"
géographique défavorable.
L'histoire d'Ingenico rappelle à de nombreux égards celle du
fabricant de cartes à puce Gemalto: une activité historique en
décroissance, des avertissements sur résultats à répétition, et des
opérations de fusion-acquisition qui ne compensent pas le déclin du
périmètre traditionnel. Or, Gemalto avait fini par accepter une
offre de rachat de Thales à la fin 2017, avec une prime qu'Oddo BHF
avait jugée à l'époque "relativement faible".
Pour éviter qu'un tel scénario se produise, Ingenico, qui a fait le
choix de rester indépendant en décembre dernier en ne s'alliant pas
à Natixis, devra restaurer sa crédibilité et remettre d'aplomb son
activité historique. Un pari titanesque pour le nouveau directeur
général Nicolas Huss, arrivé à la tête du groupe en novembre après
l'éviction de Philippe Lazare.
Un plan d'économies en février
Lors d'une conférence dédiée aux analystes, Nicolas Huss s'est dit
confiant dans sa capacité à remettre sur le chemin de la croissance
l'activité Banque & Acquéreurs. Mais il n'a donné aucun
horizon.
Citigroup considère néanmoins que le groupe devrait communiquer
lors la publication de ses résultats annuels, le 12 février, un
objectif de croissance faible ou même nul pour le segment Banques
et Acquéreurs, en se concentrant davantage sur les réductions de
coûts. Ingenico compte redresser cette activité via un plan
d'économies qui doit être également annoncé le 12 février.
Ces annonces devront se montrer convaincantes. Barclays juge que la
faible performance du quatrième trimestre dans l'activité Banques
et Acquéreurs "soulève des questions sur les perspectives de ce
segment et les capacités du groupe à faire des prévisions" sur
cette division. "Nous pensons que la direction est confrontée à des
décisions difficiles sur le devenir de l'activité de paiement et
sur les moyens de générer davantage de croissance sur l'activité
services de paiement", abonde Citigroup. "Le tumulte de la dernière
année -- et même des deux dernières années - laisse penser que ces
problèmes ne seront pas faciles à résoudre", ajoute la banque
américaine.
La vache à lait ou les vautours
Ingenico n'a pas vraiment le choix: "soit ils redressent l'activité
terminaux de paiement et la vendent, le plus vite sera le mieux,
soit ils échouent et dans ce cas des vautours viendront frapper à
la porte", juge Richard-Maxime Beaudoux, analyste chez Bryan
Garnier. Cette idée d'une vente de l'activité terminaux de paiement
n'a pas été écartée par le directeur général Nicolas Huss. En
novembre, le responsable a affirmé aux Echos ne pas "avoir arrêté
ses options" sur ce segment et se donner "jusqu'à l'été" pour le
remettre à plat.
Dans le cas où cette activité serait conservée, Nicolas Huss devra
de toute façon la redresser. "Retransformer dès cette année la
division Banque et Acquéreurs en une vache à lait, avec une marge
élevée grâce à des coûts réduits et une croissance limitée fait
sens", estime Maxime Dubreil d'Invest Securities.
Le dirigeant n'est pas encore dos au mur. "Le conseil
d'administration semble soutenir la direction dans la voie de
l'indépendance", relève Maxime Dubreil. "La spéculation est bien
retombée sur la valeur, au moins à court terme", poursuit
l'analyste.
En outre, la présence de Bpifrance, qui détient 5,4% du capital,
sert de paravent. "Bpifrance est là pour défendre les intérêts
stratégiques de la France. Elle ne s'opposerait pas à une vente des
terminaux de paiement, qui n'est plus vue comme une activité
stratégique. Mais en revanche elle bloquerait celle du groupe
entier ou de l'activité services de paiement", analyse
Richard-Maxime Beaudoux de Bryan Garnier. Contactée par l'agence
Agefi-Dow Jones, une porte-parole de Bpifrance n'était pas
disponible dans l'immédiat pour apporter un commentaire.
Ingenico offre aujourd'hui une valorisation à bon prix, avec un
cours à son plus bas niveau depuis près de cinq ans. Mais les
investisseurs ne céderont pas à cet argument et voudront du concret
sur la trajectoire, avertit Citigroup. Nicolas Huss n'aura pas le
droit à l'erreur, le 12 février prochain.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
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