L’Afrique dispose de 30% des réserves mondiales des matières premières minérales non énergétiques pour lesquelles les grandes puissances coloniales, émergentes et occidentales se battent. Les ressources naturelles telles que le pétrole, le gaz naturel, le charbon, les pierres précieuses, ou encore le zinc pour n’en citer que quelques-unes, sont exploitées majoritairement par des grandes multinationales occidentales. Depuis quelques années, on assiste à l’exploitation des ressources naturelles par de nouveaux intervenants, notamment les pays asiatiques dont la Chine et l’Inde ou les états pétroliers en manque de place ; des terres agricoles sont achetées, et les surfaces concernées sont très importantes. Les anciennes puissances coloniales n’hésitent pas à parler de recolonisation ou encore d’exploitation du continent.
Quand la Chine et le monde se livrent une guerre d’investissements pour conquérir le continent des matières premières.
Depuis 2000, la Chine investit de plus en plus en Afrique. En effet, les échanges commerciaux entre la chine et l’Afrique ont été multipliés par vingt en moins de quinze ans pour atteindre 200 milliards de dollars en 2013, environ deux fois plus que les USA avec 110 milliards.
Ayant besoin de sécuriser ses réserves en matières première, le pays de Mao livre une guerre à l’occident sur les investissements en Afrique. Les chinois n’y vont pas de main morte, et ont montré leur puissance et leur union avec l’Afrique en le symbolisant par la construction du nouveau siège de l’Union africaine qui a couté 200 millions de dollars. D’autres cadeaux ont été faits tels que la construction d’un hôpital en Angola, d’une raffinerie de sucre au Mali, des stades au Sierra Leone et au Benin, sans compter les promesses comprenant la construction de 100 écoles, 30 hôpitaux, ainsi que des centres pilotes agricoles.
Selon le recueil d’essais intitulé « China returns to Africa » publié par l’université de Columbia, « La principale motivation du gouvernement chinois est la recherche stratégique de ressources et sa volonté de faire en sorte que les besoins énergétiques grandissants de la Chine soient satisfaits par les fournisseurs de matières premières ». La Chine achète actuellement plus du tiers du pétrole africain.
Lors du sommet sino-africain de Sharm el Sheikh en Egypte, la Chine s’est engagée à mettre 10 milliards de dollars de prêts bonifiés à disposition de l’Afrique sous trois ans. Evidemment, ces prêts ne sont pas sans contrepartie, comme en RDC (République Démocratique du Congo) où la Chine aurait octroyé un prêt de 6 milliards de dollars pour la mise en place de la production de cuivre et de cobalt.
En dehors du fait de s’approvisionner en matières premières sur le continent, la Chine a aussi trouvé un nouveau marché pour ses produits. En effet, les marchés africains sont envahis par les produits chinois, du Caire à Johannesburg, en passant par Dakar ou Brazzaville, près de 80% des produits manufacturés sont Made in China ! Les entreprises chinoises ont aussi gagné des chantiers importants autrefois réservés à des sociétés occidentales tels que la construction d’un port à 480 millions de dollars au Kenya, ou encore une ligne de train à quatre milliards de dollars en Afrique orientale. L’Afrique est aussi devenue une terre d’exil pour les chinois, en effet on ne compte pas moins de 750 000 chinois contre 100 000 français sur le continent en 2007. Cela favorise aussi l’expansion de la culture chinoise sur le continent.
Bien sûr, cela ne plait pas à l’occident qui reproche à la Chine de ne s’intéresser qu’aux matières premières africaines, tout en inondant le continent de produits de moindres qualités. En effet, les deux parties convoitent les mêmes choses, à savoir les matières premières et le marché africain qui ne compte pas moins d’un milliard de consommateurs. Certes, c’est une population qui a encore un faible pouvoir d’achat, mais les entreprises chinoises connaissent ce marché qui est similaire à celui de leur pays.
Devant l’association de la presse diplomatique, Bernard Kouchner, a déclaré : «Les Chinois gagnent tous les marchés, la main d’œuvre est bon marché ; ils construisent à l’heure … ». L’ancien ministre des affaires étrangères propose «une politique commune, certainement des Français et des Anglais. Et pourquoi pas y ajouter les Portugais et les Belges, les anciennes puissances coloniales et aussi les Américains» pour résister à la concurrence économique chinoise, particulièrement sensible sur les marchés africains.
Barack Obama a quant à lui décidé qu’il était temps d’investir encore plus sur le continent africain. En effet, lors du sommet Afrique-Etats Unis, le président américain a déclaré que « l’Amérique doit comprendre l’importance de l’Afrique. Vous avez là-bas de la croissance, des marchés qui prospèrent, des entrepreneurs et des talents extraordinaires ». Pour ce faire, Il prévoit un budget de 33 milliards de dollars d’engagement américain en Afrique et un optimisme pour le renouvellement de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act). General Electrique prévoit d’investir 2 milliards de dollars en Afrique d’ici 2018 en formations professionnelles, constructions d’infrastructures et initiatives de développement durable.
Même si l’amitié sino-africaine semble forte, il y a quand même quelques échecs. En effet, les africains supportent mal l’arrivée massive des petits commerçants chinois, qui risquerait de créer des conflits ethniques sur le continent. Il existe aussi un gros écart de culture et de compréhension entre les deux populations. Que ce soit la barrière de la langue ou encore l’insuffisance d’infrastructures qui fait perdre beaucoup d’argent aux industriels chinois (coupure d’électricité qui finit par mettre les machines en pannes ou faire perdre du temps et donc de l’argent), tout n’est pas rose entre les deux parties. Les africains reprochent aussi aux chinois de ne pas transmettre leurs savoirs et de ne pas embaucher les ouvriers africains lorsqu’ils travaillent sur des chantiers en Afrique. Pour ne pas que cela nuise aux rapports sino-africain, la chine a offert près de 20 000 bourses d’études aux étudiants africains afin qu’ils étudient en Chine.
Connaitre ce continent, ses points forts, et ses points faibles vous aidera beaucoup pour vos investissements si vous êtes attiré par les matières premières dont le cours de plusieurs d’entre elles varient en fonction des évènements qui ont lieu sur le continent africain. En dehors de ses matières premières, le continent africain offre aussi une main d’œuvre de plus en plus qualifiée à des prix très attractifs, et un marché avec près d’un milliard de consommateurs.
L’Afrique offre toujours de belles surprises et opportunités, ce serait dommage de ne pas en profiter tant qu’il est encore temps tout en participant au développement de ce continent.
Comment un petit investisseur africain peut profiter de cette opportunité comme les petits commerçants chinois.