Le 22 janvier 2015, la BCE a officialisé son programme de rachat massif d’actifs de 60 milliards d’euros par mois, de mars 2015 jusqu’à fin septembre 2016.
Le QE a dépassé les attentes des investisseurs ce qui a permit au CAC 40 de finir en hausse et de gagner 1.52% à 4452.80 points.
La BCE est à la base une institution indépendante. Son objectif initial était de maîtriser l’inflation autour de 2%. Aujourd’hui, le problème de l’inflation n’existe plus. Nous avons vu surgir le phénomène de déflation depuis la crise des Subprimes. La déflation est un phénomène très difficile à combattre. C’est ce dernier qui a entraîné le krach boursier de 1929. Tomber dans une spirale déflationniste serait catastrophique pour la zone euro. La faiblesse de la demande en Europe entraîne les entreprises à baisser leurs prix pour récupérer des parts de marché. Mais pour préserver leurs marges, elles vont avoir tendance à réduire les salaires ou leurs effectifs.
Pour certains économistes, le “quantitative easing” est une bonne nouvelle. Il va permettre de réduire le blocage de certains pays en Europe (Grèce, Espagne…) et d’éviter que la zone euro entre en déflation. La création massive de liquidités et son injection dans les circuits financiers a pour objectif de faire repartir la croissance dans les pays de la zone euro. De nombreuses puissances comme les Etats-Unis, le Japon, l’utilisent mais ils ne sont pas encore parvenus aux résultats attendus.
Le premier outil de la BCE a été de mettre en place des taux directeurs extrêmement bas. L’objectif était d’inciter de relancer l’investissement en motivant les banques à emprunter et donc d’encourager les investisseurs et les ménages à emprunter à leur tour à des taux très faibles.
Or, cet assouplissement monétaire n’a pas fonctionné car l’Europe n’a pas résolu son problème de transmission et de “trappe à la liquidité”. En effet, inonder le marché de liquidité ne change rien si les banques ne jouent pas le jeu. Elles se sont servit de ces liquidités pour les utiliser à d’autres fins : renforcer leurs bilans, conserver ces actifs qui sont rares, rembourser le TLTRO à la BCE ou encore acheter des obligations « sûres » à long terme en euros qui rapporte encore un peu.
La confiance des banques envers la solvabilité des emprunteurs était inexistante donc ces dernières n’ont pas prêté et la baisse des taux directeurs n’a rien changé.
Face à cet échec, la BCE n’avait pas d’autres choix que de mettre en place des mesures non conventionnelles plus importantes pour lutter contre l’inflation qui demeure très basse.
Mais comment ça fonctionne étant donné que la banque centrale ne possède rien ?
Quasiment tous les rachats seront effectués par les banques centrales nationales des 19 pays de la zone euro. La technique est de racheter de la dette avec de l’argent crée ce qui amènerait à effacer une partie de la dette des pays. Le partage du risque sera minime; 20% d’actifs feront l’objet à une mutualisation du risque et 80% n’obéiront pas au partage du risque. Par exemple, la Banque de France achètera essentiellement des titres français.
Les réactions face à l’action de la BCE ont été très controversées.
Les allemands très réticents à cette mesure expansionniste, craint que la création massive de liquidités facilite l’endettement et que la dépréciation de l’euro décourage les pays du Sud (Espagne, Grèce…) à faire des réformes structurelles. De plus, elle ne veut surtout pas assumer sa part d’éventuelles pertes. Contrairement à ce qu’ils disent, ils vont quand même y gagner car la dévaluation de l’euro va leur permettre d’être encore plus compétitif sur les marchés émergents.
Les plus grands gagnants de ce QE seront les entreprises exportatrices du CAC 40 avec la dévaluation de l’euro. Ensuite, les pays du Sud (Grèce, Italie, Espagne…) qui vont bénéficier de taux plus avantageux pour octroyer des crédits et donc cela va relancer l’investissement. En effet, depuis quelques années, ils font face à un défaut de crédit, appelé “crédit crunch”.
Cette création massive de liquidité qui va entraîner la baisse de l’euro alors qu’elle était déjà extrêmement basse, va avoir des conséquences négatives. Comme nous le savons, les pays de la zone euro font 60% de leur commerce international au sein de la zone euro à l’exception de l’Allemagne et de la France. Il y aura donc une dissolution de la zone euro avec des dévaluations plus ou moins importantes des pays d’Europe du Sud par rapport à l’Allemagne.
On remarque que mettre en place une politique monétaire pour les pays membres peut avoir de lourdes conséquences sur chaque pays membre. En effet, la BCE représente l’ensemble de la zone euro, il y a donc beaucoup plus de risques qui sont difficiles à évaluer. La BCE a donc sollicité l’aide des gouvernements de la zone euro pour que chacun fasse son travail sur le besoin de réformes. Sans réformes structurelles, il est difficile de dire que le QE sera efficace. Si les déficits des Etats restent élevés, la confiance des ménages et des entreprises continuera à être bloqué et la relance du crédit et de l’investissement sera nulle.
Le meilleur exemple qui illustre mes propos ci-dessus, est le cas du Japon. L’inflation reste à des niveaux historiquement bas et les investisseurs et les demandeurs de prêts sont inexistants. Le QE n’a fait qu’empiré l’endettement du Japon. De plus, lorsque le QE s’arrêtera, le Japon rentrera dans une phase de profonde récession qui sera très violente.
En conclusion, la baisse des taux et la création monétaire ne reflètent pas la demande des consommateurs.
À voir par la suite, comment le QE va sortir l’Europe de la crise…