TF1 et M6 programmés pour les M&A et la revanche des valeurs cycliques -- DJ Plus
18 Novembre 2020 - 4:05PM
Dow Jones News
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--TF1 et M6 patientent en coulisses.
Soutenus par la croissance plus dynamique qu'escompté de leurs
recettes publicitaires, les deux groupes d'audiovisuels du SBF 120
ont enregistré au troisième trimestre des résultats supérieurs aux
attentes des analystes. Ces derniers mois, TF1 et M6 sont également
parvenus à limiter l'impact de la pandémie de coronavirus sur leurs
résultats en réalisant de substantielles économies.
Entre janvier et septembre, M6 a compensé 71% de la perte de
chiffre d'affaires en grande partie imputable à la crise sanitaire
en réduisant ses coûts. TF1 a même réussi à contrebalancer 85% du
manque à gagner au niveau de ses revenus grâce au strict
encadrement de ses dépenses.
Les deux groupes accusent toutefois un retard conséquent sur le
terrain boursier. Depuis le début de l'année, TF1 et M6 reculent
respectivement de 15% et 27% tandis que le SBF 120, leur indice de
référence, abandonne 8% sur la période.
Deux titres faiblement valorisés
Pendant longtemps, les diffuseurs français ont profité de l'appétit
des fonds d'investissement américains pour le secteur des médias.
Mais ces investisseurs aux poches profondes ayant désormais
tendance à réduire leur exposition aux actifs européens, les titres
TF1 et M6 ont perdu un soutien de taille.
Aux cours actuels, TF1 et M6 s'échangent selon un ratio cours sur
bénéfice net par action de 10,6, selon FactSet, contre un multiple
moyen de 19,2, soit quasiment deux fois plus élevé, pour l'ensemble
du SBF 120.
"TF1 est sous-valorisé en Bourse par rapport à la valeur de ses
actifs et à sa capacité à s'adapter aux évolutions de ses marchés",
a commenté Philippe Denery, le directeur général adjoint en charge
des finances et des achats du groupe, dans un entretien accordé à
l'agence Agefi-Dow Jones. "Nous avons contribué à laisser croire
aux marchés financiers que notre métier de base, la diffusion,
n'était pas solide en concentrant notre communication sur nos
efforts dans la production et le digital par exemple", regrette
également le dirigeant.
La revalorisation, une question de temps
Dans un contexte de baisse généralisée des marchés depuis janvier,
les deux champions français de la télévision en clair ont également
pâti de leur statut de valeurs cycliques, dont le potentiel de
croissance est jugé, peut-être à tort, limité. Car tout espoir de
rebond n'est pas perdu: Barclays anticipe que les valeurs cycliques
du secteur européen des médias, TF1 et M6 en tête, conservent du
potentiel en Bourse.
Ces titres pourraient combler leur retard alors que les prévisions
d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) pour 2022 se rapprochent du
niveau de 2019, soit avant le début de la crise sanitaire, explique
Barclays. Il pourrait s'écouler un certain temps, reconnaît
néanmoins la banque britannique, avant que le marché applique à
nouveau à ces actions le généreux ratio valeur d'entreprise sur
Ebitda dont elles bénéficiaient fin 2019.
"La prochaine mise sur le marché d'un vaccin contre le Covid-19
paraît comme un facteur susceptible d'accélérer la revalorisation
des valeurs cycliques", appuie un autre analyste.
Une inévitable consolidation
En attendant, TF1 et M6 pourraient regagner la confiance des
investisseurs en devenant les moteurs de la consolidation du
paysage audiovisuel français. Selon Oddo BHF, M6 gagnerait à
acquérir les chaînes de télévision gratuite d'Altice. Le groupe
dont le capital est détenu à hauteur de 48,3% par RTL Group
mettrait ainsi la main sur une chaîne d'information (BFM TV) et sur
deux canaux aux contenus patrimoniaux (RMC Découverte et RMC
Story).
"Fort d'un bilan désendetté, M6 est prêt à investir", indique à
l'agence Agefi-Dow Jones Jérôme Lefébure, le directeur
administratif et financier du groupe. Tout comme Altice, le
responsable ne souhaite toutefois pas commenter le scénario
envisagé par Oddo BHF.
"La crise sanitaire du coronavirus pourrait accélérer le caractère
inévitable de la consolidation du marché", conclut Philippe Denery
chez TF1.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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