(Actualisation: précision sur la date de mise en service de l'EPR de Flamanville ainsi que sur le surcoût de l'activation éventuelle d'une solution de repli pour la réparation des soudures et cours de Bourse)



PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'électricien EDF a évalué mercredi à 1,5 milliard d'euros le coût de la réparation des 8 soudures de traversées défectueuses détectées sur son réacteur EPR de Flamanville, ce qui portera le coût total du chantier à 12,4 milliards d'euros, soit trois fois le budget initial.



"Ces coûts supplémentaires seront comptabilisés pour l'essentiel en autres produits et charges d'exploitation et non en CAPEX", a précisé EDF dans un communiqué.



Après la découverte de ces anomalies cet été, EDF a une nouvelle fois repoussé la mise en service de son réacteur nucléaire de nouvelle génération, désormais prévue pour fin 2022. Le projet de réparation validé mardi par le conseil d'administration prévoit une date de chargement du combustible à fin 2022, soit un retard de dix ans sur les estimations initiales. "Entre le chargement du combustible et le fonctionnement à pleine puissance de l'EPR, il faut compter cinq à six mois", a précisé Xavier Ursat, directeur exécutif d'EDF en charge des projets nucléaires, lors d'une conférence téléphonique.



Le scénario de reprise des soudures privilégié par EDF est l'utilisation de robots télé-opérés, conçus pour mener des opérations de grande précision à l'intérieur des tuyauteries concernées. Le groupe espère que la validation de ce scénario par l'autorité de sûreté nucléaire (ASN) interviendra au plus tard à la fin de l'année 2020, date à laquelle EDF pourra engager les travaux.



Un second scénario, fondé sur l'extraction et la remise à niveau des tuyauteries dans les bâtiments auxiliaires de sauvegarde, est conservé à ce stade à titre de solution de repli. "La probabilité d'activation de ce plan B est faible, mais si nous devions l'activer, l'entrée en service du réacteur serait repoussée d'une année et le surcoût serait de 400 millions d'euros", a indiqué Xavier Ursat.



Du fait du décalage de la date de chargement du combustible, il n'y aura plus en 2020 de revenus associés à la phase de tests de l'installation à comptabiliser en déduction des investissements nets. "Dans ce contexte, le groupe ajuste son objectif d'investissements nets totaux pour 2020 à environ 15,5 milliards d'euros au lieu d'un objectif initial d'environ 15 milliards d'euros", a ajouté EDF.



L'autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait adressé un courrier à EDF le 19 juin dernier afin de demander à l'électricien de remettre à niveau les soudures de traversées de l'EPR de Flamanville, compte tenu des nombreux écarts survenus lors de leur réalisation.



Le mois dernier, l'ASN avait également décidé de placer la centrale nucléaire de Flamanville sous surveillance renforcée, au vu des difficultés rencontrées sur ce site de Normandie depuis la mi-2018.



A Flamanville, l'ASN avait relevé des déficiences dans la maîtrise des gestes techniques associés à certaines activités d'exploitation ainsi que des défauts de maintenance et de surveillance des prestataires. En outre, la qualité des documents transmis par EDF dans le cadre de la visite décennale du réacteur 1 avait été jugée "insuffisante". La mise sous surveillance renforcée décidée par l'ASN concernait les réacteurs 1 et 2 de la centrale de Flamanville. Le réacteur 3 de type EPR, en construction sur le même site, n'était pas concerné.



Flamanville n'est pas la seule centrale du parc d'EDF à voir ses chantiers dépasser le coût et le calendrier prévus. Le mois dernier, le groupe avait averti s'attendre à un nouveau surcoût concernant la construction de deux réacteurs nucléaires sur le site britannique d'Hinkley Point C.



"Les coûts à terminaison du projet sont désormais estimés entre 21,5 et 22,5 milliards de livres sterling 2015 [une livre valant alors 1,23 euro], soit une augmentation comprise entre 1,9 et 2,9 milliards de livres sterling 2015 par rapport aux évaluations précédentes. L'amplitude de la fourchette sera fonction de la réussite des plans d'actions opérationnels à mener en partenariat avec les fournisseurs", avait alors indiqué EDF dans un communiqué.



A Hinkley Point C, le risque de retard du chantier, de 15 mois pour le réacteur numéro 1 et de neuf mois pour le numéro 2, s'est ainsi "accentué". Ce risque de report, initialement annoncé en juillet 2017, induirait un coût supplémentaire potentiel de l'ordre de 0,7 milliard de livres sterling 2015, selon EDF.



Ces surcoûts et retards interviennent dans un contexte tendu pour le groupe, qui a renoncé à présenter au gouvernement français un plan d'évolution de sa structure en fin d'année.



Pour l'heure, le projet baptisé "Hercule" a seulement été présenté en juin dans ses grandes lignes aux organisations syndicales, qui s'y opposent. Ce projet prévoit la scission du groupe avec d'un côté un "EDF bleu" comprenant le nucléaire, les barrages et le transport de l'électricité, et de l'autre un "EDF vert" avec notamment Enedis, EDF Renouvelables, Dalkia et la direction du commerce. Cette deuxième entité serait introduite en Bourse à hauteur de 35%.



En début de séance mercredi, l'action EDF abandonne 1,1%, à 9,44 euros.



-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV - ECH



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October 09, 2019 03:10 ET (07:10 GMT)




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