[ajoute couleur sur l'audience, déclarations, détails sur la
condamnation]
L'ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, a été condamné
mercredi à trois ans de prison par un juge fédéral de Manhattan,
après avoir à nouveau attaqué le président américain en affirmant
avoir "couvert ses sales coups".
Juste avant de connaître sa sentence, M. Cohen a fait son mea culpa
d'une voix étranglée et en retenant quelques larmes, déclarant
devant une salle d'audience bondée regretter s'être mis au service
du milliardaire, dont il a été l'homme de confiance pendant plus
d'une décennie.
Evoquant un récent tweet de Donald Trump le traitant de "faible",
l'avocat et homme d'affaires de 52 ans a estimé que "c'était vrai,
mais pour une autre raison: je pensais que c'était mon devoir de
couvrir ses sales coups plutôt que d'écouter ma conscience".
S'exprimant devant ses parents, ses beaux-parents, sa femme et ses
enfants, il a affirmé que c'était sa "loyauté" envers le
milliardaire new-yorkais qui l'avait "conduit sur la voie des
ténèbres".
M. Cohen a notamment reconnu avoir payé en 2016 deux femmes "à la
demande" de Donald Trump pour qu'elles taisent leur liaison
supposée avec le milliardaire.
C'est une nouvelle attaque contre le président des Etats-Unis, qui
cherche depuis des mois à discréditer son ancien avocat, le
qualifiant de menteur et d'opportuniste.
Des différents collaborateurs de Donald Trump épinglés par la
justice ces derniers mois, Michael Cohen est le seul à avoir
appartenu à la garde rapprochée du président. Ce qui fait de lui un
témoin à charge particulièrement dangereux pour l'occupant de la
Maison Blanche.
Depuis que M. Cohen a impliqué M. Trump dans les paiements à ses
deux maîtresses supposées, les médias américains spéculent sur une
éventuelle inculpation du président dans cette affaire.
La plupart des juristes semblent l'exclure tant qu'il est à la
Maison Blanche mais les procureurs new-yorkais continuent d'étayer
leur dossier: ils ont indiqué mercredi que l'éditeur du magazine
National Enquirer, qui a effectué le paiement à l'une des deux
femmes, corroborait les déclarations de M. Cohen et coopérait
désormais avec les enquêteurs.
- Anti-héros -
Depuis que les enquêteurs ont perquisitionné en avril les bureaux
et le domicile new-yorkais de M. Cohen, ce dernier a effectué un
revirement spectaculaire.
Il a reconnu en août avoir caché au fisc quatre millions de dollars
de revenus de ses sociétés de taxis et avoir organisé le paiement
de 280.000 dollars aux deux femmes, Stormy Daniels et Karen
McDougal, qui menaçaient d'évoquer en pleine campagne
présidentielle leur liaison avec M. Trump.
Il a affirmé que ces paiements avaient été effectués à la demande
du milliardaire "pour influencer l'élection".
En novembre, il a aussi avoué avoir minimisé devant le Congrès les
contacts de l'équipe de campagne de M. Trump avec Moscou, pour
éviter d'alimenter le dossier du procureur spécial Robert Mueller,
qui enquête sur une éventuelle collusion entre l'équipe Trump et la
Russie.
Il a ainsi écorné la défense de Donald Trump, qui assure n'avoir
rien à cacher sur ses liens avec Moscou.
En condamnant Michael Cohen à trois ans de prison et 100.000
dollars d'amende au total, le juge fédéral William Pauley a suivi
les recommandations des procureurs.
Ces derniers, qui enquêtaient sur les volets de fraude fiscale et
de paiements aux maîtresses présumées, avaient estimé que même si
que M. Cohen avait avoué ses délits, il n'avait pas suffisamment
aidé les enquêteurs pour bénéficier d'une peine substantiellement
inférieure à celle recommandée pour ce type de délits, à savoir
quatre à cinq ans de prison.
Ils reprochaient à Michael Cohen de continuer à minimiser la
gravité de ses actes, empreints de "tromperie systématique".
En achetant le silence de maîtresses présumées de l'ancien magnat
de l'immobilier, il a "trompé les électeurs en cachant des
allégations dont il pensait qu'elles pourraient avoir un effet
notable sur l'élection" présidentielle, ont-ils souligné.
- Espoir de clémence -
Michael Cohen avait lui espéré que les informations qu'il a
fournies au procureur spécial Robert Mueller sur les contacts avec
la Russie lui permettrait d'éviter la prison.
"Il a fourni des preuves contre la personne la plus puissante du
pays", a fait valoir son avocat Guy Petrillo, appelant le juge à la
clémence pour "donner du courage" à d'autres personnes susceptibles
d'aider l'enquête de M. Mueller.
Une représentante du procureur spécial a d'ailleurs souligné à
l'audience qu'après avoir initialement menti au Congrès sur
l'ampleur de ses contacts avec la Russie, Michael Cohen avait
fourni des informations "vraies et pertinentes" sur ce dossier
explosif.
L'enquête de M. Mueller n'est pas terminée, au grand dam de Donald
Trump qui la qualifie de "chasse aux sorcières". Beaucoup de médias
américains spéculent sur des inculpations à venir, comme celle du
fils aîné de Trump, Donald Junior, ou de son gendre Jared
Kushner.
Mais si Michael Cohen a collaboré pleinement sur ce dossier, c'est
parce qu'"il savait qu'il était sous menace imminente
d'inculpation" à New York, ont souligné les procureurs
new-yorkais.
Donald Trump n'a pas encore réagi à la condamnation de son ancien
conseiller. Dans un tweet début décembre, il avait émis l'espoir
que celui qui l'a trahi écoperait d'une "longue peine de
prison".
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
December 12, 2018 16:40 ET (21:40 GMT)
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