Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Airbus enclenche une restructuration historique pour réagir à la crise sanitaire. Le groupe européen d'aéronautique a annoncé mardi soir envisager environ 15.000 suppressions de postes dans le monde dans sa branche d'aviation commerciale, dont 5.000 en France et 5.100 en Allemagne, d'ici à l'été 2021 au plus tard. Ce plan d'adaptation au Covid-19 représente 11,1% de la main d'oeuvre totale d'Airbus en 2019 et 18,5% des effectifs de la branche aéronautique, calcule Jefferies.



Airbus doit désormais travailler les modalités de ce plan avec les partenaires sociaux. Le gouvernement français comme les syndicats ont appelé Airbus à minimiser l'impact social. Le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a demandé mercredi à l'avionneur de limiter les départs contraints.



"Il est évident qu'une restructuration est nécessaire mais son ampleur nous paraît excessive", indique Roland Chamerois, délégué syndical central de la CFDT Airbus. Le syndicat Force Ouvrière a également enjoint au groupe de revoir ses chiffres à la baisse, affirmant qu'il n'accepterait "aucune forme de licenciements contraints".



Les réductions d'effectifs annoncées ne tiennent toutefois pas compte des plans de soutien de la France et de l'Allemagne, qui doivent encore être approuvés par les Parlements des deux Etats. Selon des calculs internes à l'entreprise, 1.500 suppressions de postes dans chacun des deux pays pourraient être évitées via ces différents dispositifs. Jean-Baptiste Djebbari a lui évoqué 2.000 emplois "sauvés" en France.



Une chute drastique de la demande d'avions



Douloureuse, la restructuration planifiée par le groupe européen n'en demeure pas moins impérative. Le trafic aérien est attendu en baisse de près de 55% en 2020 par l'Association internationale du transport aérien (IATA) et Airbus n'anticipe pas un retour à son niveau pré-Covid avant 2023 voire 2025. Guillaume Hue, partner du cabinet Archery Consulting, souligne qu'en raison de cette chute, "la demande d'avions va connaître une baisse drastique sur la période 2020-2024, de l'ordre de 40% à 60% par rapport à ses niveaux de pré-crise".



En conséquence, Airbus a réduit dès avril ses cadences de production d'environ un tiers. Guillaume Faury, le président exécutif du groupe, a également indiqué mardi aux journalistes que l'avionneur anticipait "un niveau bas de production et de livraisons pour les deux prochaines années".



Par ailleurs, les activités spatiales et de défense d'Airbus peuvent difficilement jouer un rôle de parachute pour le groupe. Cette division représentait à peine 15% des revenus du groupe l'an passé contre près d'un tiers pour Boeing. Airbus a d'ailleurs lancé, avant la crise du Covid-19, une restructuration propre à cette division pour restaurer sa rentabilité.



La société européenne n'a donc d'autre choix que d'adapter sa structure de coûts fixes. UBS évoque des "suppressions de postes nécessaires pour préserver le leadership du groupe" et qui devraient "permettre à Airbus de rétablir sa position concurrentielle et de sortir de cette récession en meilleure forme malgré la réduction significative de la production". La banque suisse évalue jusqu'à 1,5 milliard d'euros les économies qui pourraient être dégagées à partir de la mi-2021 au travers de ce plan d'adaptation, tandis que Citi évoque un montant compris entre 1,2 et 1,5 milliard d'euros. Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, un porte-parole d'Airbus a indiqué que le groupe n'avait pas livré d'estimation officielle.



Un subtil équilibre à trouver



La restructuration d'Airbus doit traduire un équilibre subtil entre les réductions de postes nécessaires et l'impératif de conserver les compétences clefs pour anticiper la reprise et les futurs défis de l'aéronautique. Jefferies estime à ce titre "optimales" les baisses de main d'oeuvre annoncées pour préparer le moyen terme. "L'ordre de grandeur des réductions d'effectifs annoncées par Airbus paraît cohérent avec, d'une part, la nécessité de s'adapter à très court terme au niveau du marché des trois-quatre prochaines années et, d'autre part, la nécessité de préserver les compétences pour assurer les remontées de cadence qui auront lieu sur la seconde partie de la décennie", juge de son côté Guillaume Hue, d'Archery Consulting.



Les actionnaires surveilleront ainsi les avancées de ce plan d'adaptation en espérant que la reprise du trafic aérien soit la plus rapide et durable possible. Si Airbus traverse la plus grave crise de son histoire, le groupe dispose d'atouts pour saisir au mieux le potentiel rebond, avec une gamme d'avions court- et moyen-courriers compétitive. "La qualité des produits et le positionnement d'Airbus doivent lui permettre de sortir plus rapidement de cette crise", souligne Oddo BHF, qui a réitéré son opinion à l'achat. Plus globalement, 63% des analystes sondés par FactSet recommandent d'acheter la valeur. Ils ne sont que 41% pour Boeing.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV



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(END) Dow Jones Newswires



July 01, 2020 09:19 ET (13:19 GMT)




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