Le coronavirus consacre les distributeurs alimentaires en valeur refuge -- DJ Plus
16 Mars 2020 - 4:10PM
Dow Jones News
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Laissez tomber le yen et l'or, mettez
plutôt les actions des épiciers dans votre panier. Alors que la
Bourse de Paris enchaîne les séances "rouge vif" en raison de la
pandémie de coronavirus, les investisseurs se tournent vers les
titres défensifs, au premier rang desquelles figurent ceux des
distributeurs alimentaires. Lundi, pendant que le SBF 120 plonge de
7,7%, l'action Carrefour plie de 3,3% et Casino avance même de 2%.
Sur le mois écoulé, ces deux valeurs ont, certes, chuté d'environ
20%, mais cette baisse est deux fois moins marquée que celle de
l'indice (-40%).
Du fait des mesures préventives adoptées par les différents
gouvernements pour limiter la propagation du coronavirus, les
magasins des distributeurs alimentaires sont les seuls autorisés à
rester ouverts dans plusieurs pays européens dont l'Italie,
l'Espagne et désormais la France. Dans ces territoires, les
consommateurs, également inquiets des dispositions de confinement
qui peuvent leur être imposées, ont tendance à constituer des
stocks de nourriture.
Les magasins de proximité, les supermarchés et les hypermarchés ont
ainsi enregistré une progression significative de leur trafic de
clients et de chiffre d'affaires au cours du premier trimestre,
notant même une forte accélération de ces indicateurs en fin de
période.
Bryan, Garnier & Co constate que le marché français des
produits de grande consommation (PGC) a augmenté de 6% au cours de
la dernière semaine de février et de 8% au cours de la première
semaine de mars, contre une croissance hebdomadaire généralement
inférieure à 1%. En intégrant les revenus des drives et des
livraisons à domicile, l'activité a bondi de 9,2% en France lors de
la première semaine de mars dans les PGC.
Anticipant une poursuite de cette tendance au moins jusqu'en avril,
l'intermédiaire financier considère les titres des groupes
Carrefour et Casino, surtout exposés au marché français, comme de
véritables "valeurs refuge". "En matière de bénéfices et de flux de
trésorerie attendus, ces actions procurent une visibilité de plus
en plus rare sur le marché", abonde Jefferies.
La fièvre acheteuse pourrait se prolonger
Le pic de consommation observé en France permettra aux groupes
tricolores de grande distribution d'enregistrer de "solides
résultats au premier semestre, alors que l'essentiel des
entreprises évoluant dans d'autres secteurs d'activité risquent de
fortement décevoir", pronostique un analyste basé à Londres.
La forte demande ponctuelle imposera à Carrefour et à Casino
d'importants surcoûts de logistique, puisqu'ils devront augmenter
l'espace de stockage chez leurs fournisseurs et accroître la
fréquence des dessertes pour réapprovisionner leurs magasins. Mais
ces surcoûts seront plus que compensés par le levier opérationnel
dont ces distributeurs disposent et qui s'actionne naturellement
lorsque la croissance de leurs ventes dépasse 3%, assure Clément
Genelot chez Bryan, Garnier & Co.
Les analystes ne sont toutefois pas en mesure d'évaluer précisément
dans quelles proportions les marges des groupes de distribution
vont augmenter au premier semestre. Ce qui est sûr, c'est qu'à la
flambée des volumes s'ajoutera une inflation des prix de certains
produits secs dans les rayons des moyennes et grandes surfaces en
cas de demande excédentaire.
La relative résistance boursière des épiciers par rapport au reste
de la cote parisienne pourrait durer jusqu'à la fin de la crise
sanitaire, du fait de la faiblesse de leur valorisation et de la
solidité de la chaîne d'approvisionnement pour les produits de
première nécessité. "Les entrepôts français sont pleins",
s'enthousiasme un spécialiste de la logistique, quand les
fournisseurs assurent disposer de deux mois de stocks pour la
plupart des denrées alimentaires, dont les pâtes.
Il n'est pas trop tard pour acheter ces valeurs défensives. Entre
vendredi dernier et lundi, Barclays, Jefferies et JPMorgan Cazenove
ont tous trois relevé leur recommandation sur l'action Carrefour,
également bien implanté en Espagne et en Italie.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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