Dimitri Delmond,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--La performance de Saint-Gobain terrasse celle du CAC 40. En six mois, l'action du spécialiste des matériaux de construction a bondi d'environ 43%, prenant deux fois plus de hauteur que l'indice vedette de la Bourse de Paris, qui a dans le même temps gagné près de 23%. Pour autant, Saint-Gobain, qui vient d'annoncer que le rebond de son activité au second semestre lui permettrait de verser un dividende de 1,33 euro au titre de 2020, n'a pas encore réalisé son plein potentiel en Bourse.



"Compte tenu de la croissance des ventes et des résultats au troisième trimestre, ainsi que d'un bon début de quatrième trimestre, le résultat d'exploitation du groupe au second semestre 2020 sera en progression à structure et taux de change comparables par rapport au second semestre 2019", a indiqué jeudi soir Saint-Gobain. Vendredi, l'action gagne 0,3% en réaction à ces annonces.



Après une pause liée à la crise sanitaire, le conseil d'administration a réaffirmé sa politique de dividende privilégiant un paiement en espèces et visant un taux de distribution normalisé de 35% à 40% du résultat net courant.



Une revalorisation boursière en bonne voie



Après sa performance boursière de 2020, le titre Saint-Gobain s'échange selon un ratio valeur d'entreprise sur excédent brut d'exploitation (Ebitda) estimé pour 2020 de 7,3 selon Factset, 7% supérieur à sa moyenne des cinq années précédentes. Deutsche Bank, qui a débuté le 17 novembre le suivi du titre avec une recommandation à "acheter", estime que le ratio valeur d'entreprise sur Ebitda du groupe français comme celui de ses pairs européens CRH, HeidelbergCement et LafargeHolcim mériterait d'atteindre 8 à moyen terme.



Sur la base des prévisions de résultats pour l'exercice 2020, l'application d'un ratio valeur d'entreprise sur Ebitda de 8 au titre Saint-Gobain ajouterait instantanément 11% à son prix. Selon Deutsche Bank, la revalorisation boursière de l'ex-Manufacture royale de glaces de miroirs est en bonne voie, alors que l'empreinte carbone directe et indirecte de ses produits diminue.



En route vers la neutralité carbone



La plupart des analystes qui suivent Saint-Gobain considèrent que le groupe est parfaitement positionné pour profiter de la vague de rénovation des bâtiments qui déferle sur ses principaux marchés. Le plan de relance dévoilé début septembre par le gouvernement français prévoit de consacrer 6,7 milliards d'euros entre 2021 et 2022 à la rénovation thermique des bâtiments. Cette initiative est complétée par le pacte vert construit par la Commission européenne.



Saint-Gobain réalise la moitié de son chiffre d'affaires dans le domaine de la rénovation en Europe, s'appuyant sur un portefeuille de produits taillé pour réduire l'empreinte carbone des bâtiments. "Nos solutions d'isolation vendues en une année permettent ainsi d'éviter plus de 100 fois les émissions de gaz à effet de serre de l'ensemble du groupe, ce qui représente plus de 1.200 millions de tonnes équivalent CO2 sur l'ensemble de leur cycle de vie", a récemment déclaré Pierre-André de Chalendar, le PDG de Saint-Gobain, lors de la présentation de la feuille de route qui doit mener le groupe à la neutralité carbone en 2050.



Barclays, qui a fait de Saint-Gobain son action favorite dans le secteur de la construction, des matériaux et des infrastructures, souligne également que de nouvelles cessions d'actifs pourraient soutenir le cours de Bourse.



Lapeyre amené à sortir du périmètre



Après avoir cédé l'an passé des actifs réalisant 3,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, puis soldé sa participation dans Sika en mai, pour un montant de 2,41 milliards d'euros, Saint-Gobain vient d'entrer en négociations exclusives avec le fonds d'investissement allemand Mutares pour lui vendre Lapeyre. Ce spécialiste de l'aménagement de la maison, acquis par Saint-Gobain en 1996, a accusé une perte d'exploitation de 34 millions d'euros l'an passé.



Selon une source proche du dossier, Saint-Gobain pourrait céder Lapeyre contre une somme à "deux chiffres en millions d'euros". Mais les conditions d'un éventuel accord prévoient que Saint-Gobain renfloue dans le même temps de 245 millions d'euros le bilan de sa filiale, c'est-à-dire in fine que le groupe paie pour se débarrasser de l'actif.



Il s'agit d'un mal nécessaire. "La cession d'activités déficitaires ou à faible marge est susceptible de contribuer significativement à l'atteinte de l'objectif du groupe d'une hausse de plus de 100 points de base de sa marge d'exploitation entre 2018 et 2021", assure UBS. Selon les calculs de la banque suisse et de JPMorgan Cazenove, la vente de Lapeyre ajoutera 20 points de base à la marge d'exploitation de Saint-Gobain en 2021.



Les investisseurs apprécieraient d'autres cessions



La rotation d'actif pourrait se poursuivre et permettre à Saint-Gobain de satisfaire ses ambitions. "Nous restons convaincus que le management a coché les noms de Pont à Mousson et des activités de distribution au Royaume-Uni au menu des prochaines cessions", avance Oddo BHF.



La vente de ces deux autres "vaches sacrées" aiderait Saint-Gobain à encore consolider ses marges et à cimenter un peu plus ses relations avec les investisseurs.



-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH - VLV



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(END) Dow Jones Newswires



November 27, 2020 05:07 ET (10:07 GMT)




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