Suez devra tirer au mieux les synergies de GE Water pour en justifier le prix -DJ Plus
09 Mars 2017 - 4:22PM
Dow Jones News
Ambroise Ecorcheville
DOW JONES NEWSWIRES
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Suez (SEV.FR) est parvenu à ses fins. Au
nez et à la barbe des fonds d'investissement, le géant du
traitement de l'eau et des déchets va racheter GE Waters pour 3,2
milliards d'euros.
Stratégique et structurante, l'opération est pourtant tièdement
accueillie. Pour que Suez puisse la concrétiser, ses actionnaires
devront mettre la main à la poche.
Certes, Suez a tenté d'adoucir leur addition. Le groupe s'est
associé à la Caisse de Dépôt du Québec, qui lui apportera 700
millions d'euros contre 30% de l'entité devant réunir GE Waters et
les actifs de Suez dans l'eau industrielle.
Malgré cela, les actionnaires de Suez devront financer la
transaction à hauteur de 750 millions d'euros. Ce qui représente
tout de même près de 10% de sa capitalisation boursière.
Ses trois premiers actionnaires, dont Engie (ENGI.FR),
participeront à sa levée de fonds au prorata de leur participation,
qui est au total de 42%. Ceux qui refuseront d'y contribuer se
verront dilués au capital.
Le groupe pris entre un prix et une dette élevés
Les actionnaires de Suez ont donc de quoi être frustrés. D'autant
que le groupe s'apprête à payer le prix fort pour GE Waters.
Les 3,2 milliards d'euros que le français a offerts pour la filiale
de l'américain General Electric (GE) ressortent au-dessus de la
fourchette de 2 à 3 milliards initialement évoquée par la
presse.
Ils valorisent GE Waters 12,5 fois son excédent brut d'exploitation
2016. Après synergies de coûts, ce ratio est certes ramené à 10.
Mais il reste sensiblement supérieur à celui affiché par Suez, qui
est de 8,5 selon Oddo Securities.
De toute façon, Suez n'aurait pas eu les moyens de reprendre seul
GE Waters.
De 8 milliards d'euros fin 2016, sa dette nette représente déjà 3
fois son excédent brut d'exploitation (Ebitda). Un multiple que le
groupe de services aux collectivités s'est engagé à ne pas
dépasser, pour conserver sa note de crédit "A3" auprès de Moody's
et ne pas fragiliser son bilan.
Tel qu'il a été structuré, le financement de la transaction doit
permettre au français de respecter cet engagement. A condition,
selon les analystes, que les 600 millions d'euros de titres
hybrides qui doivent être émis dans le cadre de l'opération soient
bien classés en capitaux propres. Ce qui est autorisé par les
normes IFRS, mais pourrait faire l'objet de retraitements par les
investisseurs les plus prudents.
Pas de marge d'erreur sur le plan opérationnel
Pour rendre le rachat de GE Waters plus digeste aux yeux de ses
actionnaires, Suez devra tenir ses promesses en matière de
synergies.
Le groupe a promis 65 millions d'euros de synergies de coûts par
an, dont 80% au terme de la troisième année. Il prévoit également
des synergies de ventes de 200 millions d'euros. Et envisage des
synergies avec les autres métiers du groupe.
Malheureusement, la réalisation de l'ensemble de ces synergies
n'est pas acquise, ont souligné plusieurs analystes. "Le retour sur
investissement sera très sensible à la bonne réalisation des
objectifs de synergie et de croissance", a relevé Oddo
Securities.
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Sur le plan stratégique, il ne
fait guère de doute que le rachat de GE Waters devrait renforcer
Suez.
L'opération devrait notamment accroître de 13% son chiffre
d'affaires et multiplier par 5 - à environ 2,5 milliards d'euros -
son exposition à un segment de marché en croissance d'environ 5%
par an.
Cela alors que Suez a avoué il y a une semaine que 2017 devrait
constituer un nouvel exercice de faible croissance de son activité
et de ses bénéfices.
Par ailleurs, l'acquisition de GE Waters permettra à Suez de
renforcer ses activités digitales et de diversifier ses positions
sur le plan géographique.
Il n'empêche que les modalités financières de l'opération ont de
quoi décevoir les investisseurs.
D'autant qu'avec un cours à ses plus bas depuis la fin 2014, Suez
devra émettre un relativement plus grand nombre de titres pour
lever la même somme sur le marché.
Alors que l'action Suez s'inscrivait déjà en recul depuis le début
de l'année, sa légère baisse en Bourse jeudi après l'annonce du GE
Water est bien compréhensible.
- Ambroise Ecorcheville, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 90;
aecorcheville@agefi.fr ed: ECH
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March 09, 2017 10:02 ET (15:02 GMT)
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