Ipsos doit reprendre l'initiative après la disparition de Jean-Marc Lech - DJ Plus
04 Décembre 2014 - 3:50PM
Dow Jones News
Le décès du coprésident d'Ipsos, Jean-Marc Lech, annoncé cette
semaine intervient en pleine période d'incertitudes pour le groupe
d'études par enquêtes, qui devra aborder la nouvelle ère qui
s'ouvre en relevant plusieurs défis, notamment celui de ses relais
de croissance et de la révolution numérique.
"Bon client" des plateaux de télévision, connu pour ses bons mots
et ses prédictions risquées, notamment en période électorale,
Jean-Marc Lech avait rejoint Ipsos en 1982, alors que la société
réalisait un chiffre d'affaires d'à peine 12 millions de francs. Il
avait ensuite copiloté son ascension parmi les principaux acteurs
mondiaux du secteur.
Incertitudes sur l'actionnariat
S'il est encore trop tôt pour évaluer précisément les répercussions
de cet événement sur l'actionnariat du groupe, la stabilité de la
gouvernance est assurée. Didier Truchot, co-président et directeur
général d'Ipsos, avait repris les fonctions de son partenaire l'été
dernier, lorsque ce dernier avait suspendu son activité pour
raisons de santé.
Alors que Jean-Marc Lech détenait indirectement quelque 6,6%
d'Ipsos à travers la holding LT Participations, Natixis exclut
"tout retour de papier" sur le marché, estimant qu'une transaction
sur les actions concernées aurait lieu au sein de la holding
(regroupant Didier Truchot et les sociétés familiales Sofina et
FFP) et non au niveau d'Ipsos.
Le courtier Portzamparc envisage pour sa part plusieurs scénarios
et indique qu'un placement sur le marché, en augmentant le
flottant, pourrait alimenter la spéculation quant à une
recomposition plus profonde de l'actionnariat.
"Nous ne faisons aucun commentaire sur la participation de
Jean-Marc Lech dans LT Participations. Il n'avait pas de
participation significative dans Ipsos", a indiqué jeudi la
directrice financière d'Ipsos, Laurence Stoclet, dans un courrier
électronique.
Passe difficile
La disparition de Jean-Marc Lech intervient à une période délicate
pour le groupe, qui peine à renouer avec la croissance organique
dans une conjoncture difficile et après les problèmes d'intégration
rencontrés avec le britannique Synovate. Le groupe prévoit que 2015
sera l'année du retour de la croissance, mais le marché reste
sceptique. En baisse de 22% depuis le début de l'année, l'action
Ipsos évolue désormais au même niveau qu'au début de l'année
2010.
Selon certains analystes, le groupe devrait profiter de cette
période de transition pour se recentrer sur ses activités à plus
forte croissance, particulièrement dans le numérique. Ces nouveaux
services connaissent certes une croissance rapide, mais ne
représentent pour l'instant que 7% du chiffre d'affaires total, et
leur marge de progression n'est pas infinie.
Point sur la stratégie
Le positionnement du groupe dans l'univers du marketing numérique
reste d'ailleurs à être clarifié. Dans un entretien accordé à Dow
Jones Newswires en avril dernier, la directrice financière d'Ipsos
estimait que la révolution numérique ne représentait pas une menace
pour le groupe en termes de concurrence, mais lui permettrait au
contraire de mieux appréhender le comportement des
consommateurs.
Pourtant, selon certains observateurs comme Exane BNP Paribas, la
constitution et l'analyse de bases de données massives sur les
habitudes des consommateurs (big data) risquent de permettre aux
groupes publicitaires de court-circuiter les sociétés d'études
comme Ipsos.
La journée de rencontre avec les investisseurs prévue le 15 janvier
prochain pourrait être l'occasion d'aborder ces différents points
et de rétablir la confiance dans le potentiel d'Ipsos à
l'avenir.
Au cours de ses deux décennies chez Ipsos, Jean-Marc Lech avait
réussi à donner un visage humain, débonnaire et plaisant au secteur
des études et des sondages à l'époque même de sa
professionnalisation et de son expansion. Personnage atypique, qui
avait toujours refusé d'apprendre à parler anglais, il établissait
également un lien -paradoxal- entre la sociologie de Pierre
Bourdieu, dont il avait été l'élève, et les grandes multinationales
à qui il proposait désormais ses services.
Même si "personne n'est imprévisible", comme le veut la devise
d'Ipsos, difficile de dire aujourd'hui si le groupe sera plus
soucieux de tourner la page ou de faire vivre l'héritage de son
ancien patron.
-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72;
thomas.varela@dowjones.com
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