Vivendi prend un virage risqué en délaissant la musique pour l'édition - DJ Plus
16 Septembre 2021 - 4:48PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Vivendi accélère sa transformation. Aux
investisseurs qui s'interrogeaient sur les prochaines décisions
stratégiques du conglomérat contrôlé par Vincent Bolloré après la
scission d'Universal Music Group (UMG), le groupe a répondu en
annonçant mercredi soir un projet de rachat du groupe de
distribution et de médias Lagardère.
Vivendi reprendra dans un premier temps les parts du fonds Amber
Capital, afin de monter à 45% du capital et lancera ensuite une
offre publique d'achat obligatoire sur le reste des titres.
L'opération est conditionnée aux autorisations de la Commission
européenne et du Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui devront
déterminer si le rapprochement de deux poids lourds de l'édition
(Editis, Hachette) et des médias (Canal+, Europe1, Paris Match)
peut être envisagé sans atteinte aux principes de libre concurrence
et de pluralisme des médias.
Ces annonces ont été accueillies fraîchement par le marché, le
titre Vivendi cédant 0,2% jeudi après-midi.
Des synergies limitées
L'offre potentielle de Vivendi représente une issue favorable pour
les actionnaires de Lagardère, avec une prime de 25% sur le cours
de clôture du titre mercredi, commentent les analystes de Citi. En
revanche, "pour les actionnaires de Vivendi, cela ne semble pas
aussi positif, l'acquisition manquant de logique stratégique
vraiment convaincante", poursuit la banque américaine.
Compte tenu des probables cessions d'actifs nécessaires pour
obtenir le feu vert des autorités de la concurrence, notamment dans
l'édition en France, les synergies d'un tel rapprochement semblent
limitées, affirme Bryan Garnier.
L'intermédiaire financier note également que la reprise de
Lagardère Travel Retail, la filiale de distribution spécialisée
dans les gares et aéroports, ajouterait une nouvelle activité
potentiellement dilutive pour la marge de Vivendi et qui
augmenterait sa décote de holding. "Nous apprécierions une scission
des activités de Travel Retail afin d'envisager l'opération sous un
jour plus favorable", ajoute Bryan Garnier.
UMG, un actif difficilement remplaçable
En ouvrant le capital d'UMG, Vivendi a certes réussi à révéler la
valeur cachée de sa maison de disques, récupérant au passage plus
de 9 milliards d'euros. Son bilan assaini lui permet de financer
plusieurs acquisitions, outre celle de Lagardère.
Mais l'abandon par le groupe de sa "pépite" UMG et son virage vers
les médias et l'édition soulève des interrogations sur ses
résultats futurs. En 2020, UMG a généré plus des deux-tiers du
bénéfice opérationnel de Vivendi. La maison de disques vise une
marge d'exploitation de 25% à moyen terme, là où celles des
activités d'édition et de Canal+ se situent aujourd'hui entre 5% et
10%.
S'il parvient à rapprocher Hachette d'Editis, il en tirera
certainement des synergies et une position de leader sur un marché
relativement décorrélé des cycles économiques qui a fait preuve
d'un certain dynamisme pendant la crise sanitaire. Le groupe mise
par ailleurs sur des synergies avec ses autres filiales, notamment
Canal+, au travers d'adaptations de romans en films ou séries.
Mais il lui sera difficile de compenser la perte de revenus d'UMG.
"Alors que de nombreux investisseurs sont prudents sur les actifs
restants chez Vivendi, cette opération renforce l'exposition du
groupe à des médias matures généralement peu appréciés", indique
Oddo BHF à propos du projet d'acquisition de Lagardère.
Une OPA peut en cacher une autre
Vivendi a néanmoins des arguments à faire valoir auprès des
investisseurs. La plupart des analystes s'attendent à une baisse du
titre après la scission, qui aura lieu la semaine prochaine. Ce
pourrait être l'occasion pour le groupe de racheter ses propres
actions, voire pour le Groupe Bolloré, qui détient 27% du capital
de Vivendi, de lancer une offre publique d'achat.
"Ces deux solutions réduiraient la décote de holding tout en
offrant aux investisseurs qui ne partagent pas la vision à long
terme de Vivendi la possibilité de vendre en ayant eu un accès
sécurisé à UMG à un prix attractif", indique JPMorgan.
Pour Oddo BHF, ces deux options sont "tout à fait possibles" et
pourraient intervenir avant le rachat envisagé de Lagardère. Dans
cette perspective, les actionnaires de Lagardère, dont le titre
bondit de 20% ce jeudi, pourraient être tentés de prendre leurs
bénéfices et d'en investir une partie dans Vivendi.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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