Manitou doit poursuivre ses efforts de désendettement
27 Octobre 2009 - 5:02PM
Dow Jones News
Manitou devra encore réduire sa dette pour pouvoir financer sa
croissance et réaliser des acquisitions dans les pays émergents,
alors que la perspective d'un véritable rebond de son activité ne
semble envisageable qu'à l'horizon 2011.
Le fabricant d'engins de manutention souffre aujourd'hui d'une
exposition marginale aux pays émergents, d'où devrait venir le gros
de la croissance future du secteur.
Plutôt que de s'y implanter de manière organique, Manitou aurait
intérêt à brûler une étape en y réalisant une ou plusieurs
acquisitions.
Mais l'endettement du groupe limite ses marges de manoeuvre. Bien
qu'il ait réduit sa dette nette de 35% au cours des neuf premiers
mois de l'année, l'endettement fin septembre représentait encore
plus de 80% des fonds propres affichés fin juin, un niveau élevé
pour une société industrielle.
Il est vrai que Manitou n'a pas utilisé son crédit revolving, et
conserve donc une capacité de tirage de 140 millions d'euros. Face
à une chute de moitié de son chiffre d'affaires, Manitou a en effet
pris des mesures radicales pour protéger ses cashflows et éviter
d'y avoir recours. Mais dans le cadre de la restructuration de sa
dette mi-2009, le groupe s'est engagé à ne pas laisser son ratio
dette nette sur fonds propres dépasser 100% jusqu'en 2011.
Certes, s'il identifiait une cible suffisamment intéressante,
Manitou pourrait envisager une augmentation de capital. Mais elle
serait a priori lourdement dilutive, à des cours toujours
historiquement déprimés. Une perspective qui pourrait déplaire à
l'actionnariat familial réuni autour de la famille Braud.
D'autant que la situation du groupe reste difficile. Malgré
quelques signes laissant espérer une stabilisation de son activité
au quatrième trimestre 2009, Manitou lui-même table sur une année
2010 de transition.
Après avoir relativement résisté en début d'année, le secteur
agricole se dégrade depuis l'été dernier. Ce segment, qui génère
autour de 40% du chiffre d'affaires du groupe, est frappé par la
crise du lait, la chute des cours des matières premières (élevage
et céréales), et la raréfaction du crédit.
Après les concessionnaires, les loueurs d'engins de manutention
assainissent également leurs parcs d'engins inutilisés. La mise sur
le marché de l'occasion de matériels pratiquement neufs à des prix
très attractifs entre en concurrence directe avec les appareils de
Manitou et pèse sur ses ventes.
En amont, Manitou est confronté au risque croissant de défaillance
de ses fournisseurs, qui remet potentiellement en cause sa capacité
à servir ses clients. Manitou sous-traite pratiquement 80% de la
valeur de ses appareils auprès d'environ 600 fournisseurs. Le
groupe s'y refuse actuellement, mais il pourrait être contraint de
soutenir certains d'entre eux financièrement.
Autant de raisons pour l'entreprise de poursuivre son
désendettement à marche forcée. Le fait de réduire
significativement sa dette lui permettrait entre autres de donner
des gages de confiance à ses actionnaires, qui pourraient dès lors
être plus enclins à injecter de nouveaux fonds dans leur
entreprise.
- Ambroise Ecorcheville, Dow Jones Newswires; 01 40 17 17 71;
ambroise.ecorcheville@dowjones.com
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