Cet article décrit les caractéristiques des entreprises
présentant une rentabilité économique négative. L'analyse de
l'évolution de la rentabilité au cours de la période comprise entre
1999 et 2008 sur la base des comptes annuels des sociétés non
financières fait apparaître que chaque année, une entreprise sur
dix affiche une perte et que, dans le cas des PME, cela concerne
même une entreprise sur quatre. Ces constatations nécessitent une
analyse approfondie.
Seule une minorité des entreprises ayant enregistré une
rentabilité économique négative durant la période comprise entre
1999 et 2008 affiche année après année un résultat négatif (1,3%).
La branche d'activité « Activités immobilières » présente la
proportion la plus élevée: 4,3% des entreprises y enregistrent des
pertes chaque année. Pour la majorité des sociétés non financières
(85,6%), la période de rentabilité économique négative ne dure pas
plus de quatre ans. Dans 37,2% des sociétés, le résultat négatif
constitue même un événement exceptionnel qui est corrigé dès
l'année suivante.
Les entreprises affichant une rentabilité économique négative
sont, proportionnellement, davantage présentes dans l'industrie non
manufacturière que manufacturière, en particulier dans les branches
« Activités immobilières » et « Hébergement et restauration ». Un
seul secteur de l'industrie manufacturière, celui de la branche
d'activité « Textiles, vêtements et chaussures », abrite un nombre
relativement élevé d'entreprises présentant une rentabilité
négative. Les secteurs comportant relativement peu d'entreprises
présentant une rentabilité négative sont celui de la métallurgie et
du travail des métaux et celui de la construction.
Une analyse réalisée en fonction de la taille des entreprises et
distinguant grandes entreprises et PME montre que ce sont les PME
qui sont proportionnellement les plus touchées par une rentabilité
économique négative.
Le critère de l'âge s'avère ne jouer aucun rôle dans le cas des
PME. En revanche, les grandes entreprises affichant une rentabilité
économique négative sont en moyenne deux à trois ans plus jeunes
que les autres entreprises. Dans la branche d'activité « Énergie,
eau et déchets » et dans les industries chimique et pharmaceutique,
la différence d'âge médian entre l'ensemble des grandes entreprises
et celles présentant une rentabilité négative est même de trois à
quatre ans.
C'est dans la région de Bruxelles-Capitale que la proportion
d'entreprises affichant une rentabilité négative est la plus
élevée. Il s'agit, en outre, de la seule entité géographique où le
nombre d'entreprises en déficit représente plus de la moitié des
entreprises, tandis que dans les provinces, environ une entreprise
sur quatre (23,4%) n'arrive pas à générer des bénéfices. Il
convient toutefois de remarquer que les entreprises ayant plusieurs
sièges d'exploitation ont souvent leur siège social dans la région
de Bruxelles-Capitale, de sorte que la ventilation géographique
doit être interprétée avec toute la prudence requise.
Pour la majorité des entreprises, la rentabilité économique
négative s'explique par la clôture de l'exercice sur une perte
d'exploitation. Dans cette population, 33,1% des grandes
entreprises et 44,9% des PME dégagent même un chiffre d'affaires
insuffisant pour réaliser de la valeur ajoutée. Les grandes
entreprises, principalement, présentent de nombreuses différences
sectorielles. La proportion d'entreprises dont la valeur ajoutée
est négative est plus élevée dans les branches d'activité «
Construction », « Énergie, eau et déchets » et « Activités
immobilières », ce qui peut être le signe que la marge bénéficiaire
de ces secteurs est faible.
En application de la procédure de la sonnette d'alarme, les
entreprises en déficit doivent comparer leur actif net au capital
social. Le respect de cette procédure imposée par le législateur
est très important, aussi bien pour la poursuite de l'entreprise
qu'en termes de responsabilité pour les administrateurs et les
gérants. Dans 39,8% des grandes entreprises et 45,2% des PME
présentant une rentabilité économique négative en 2008, l'actif net
est descendu à moins de la moitié du capital social, si bien que
l'assemblée générale devait se réunir dans les deux mois suivant la
constatation de la perte. Dans la branche d'activité « Hébergement
et restauration », cette situation concerne 63,1% des grandes
entreprises et 62% des PME. Enfin, 30,8% des grandes entreprises et
42,1% des PME présentant une rentabilité économique négative sont
potentiellement susceptibles d'être confrontées à une demande de
dissolution de l'entreprise par le tribunal.