Le plan décevant d'Orange confine la valeur au rôle de belle endormie -- DJ Plus
04 Décembre 2019 - 5:14PM
Dow Jones News
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Orange a raté son grand rendez-vous avec
le marché. Mercredi vers 16h45, le titre de l'opérateur télécoms
décroche de 4,5% à la Bourse de Paris, à 13,72 euros, accusant la
plus forte baisse de l'indice CAC 40. Il n'avait pas connu pareille
déflagration depuis le résultat du référendum sur le Brexit en juin
2016.
Le groupe a dévoilé mercredi des orientations stratégiques que les
investisseurs attendaient avec impatience. Certains avaient
fantasmé une annonce choc, à même de dynamiser immédiatement le
cours de Bourse. Mais le nouveau plan stratégique, baptisé
Engage2025, peine à convaincre. Les objectifs de la feuille de
route présentée par le PDG, Stéphane Richard, et son directeur
financier, Ramon Fernandez, sont jugés "prudents" par la plupart
des analystes.
Pour la période 2021-2023, l'ex-France Télécom anticipe une
croissance annuelle de son excédent brut d'exploitation ajusté
(Ebitdaal) comprise entre 2% et 3% en moyenne, ce qui "ne serait
pas si mal", remarque un courtier basé à Londres. Mais cet
indicateur clé de la rentabilité ne progressera pas ou peu en 2020,
a prévenu Stéphane Richard.
Selon Goldman Sachs, la faiblesse des performances en Espagne et la
désavantageuse répartition du chiffre d'affaires en France
expliquent cette prévision décevante. Jusqu'ici, les analystes
tablaient sur une légère croissance de l'Ebitdaal l'an prochain.
"Les objectifs d'Orange sont peu ambitieux à court terme, mais le
sont plus à long terme", juge Goldman Sachs, résumant le sentiment
du marché.
"Les investisseurs devront patienter jusqu'en 2021 et au-delà pour
observer des résultats positifs plus tangibles", abonde Bryan
Garnier. Le courtier est également échaudé par la hausse de 200
millions d'euros des dépenses d'investissement attendue en 2020, en
raison de coûts exceptionnels. Les investissements commenceront
seulement à se stabiliser en 2021, leur véritable diminution
n'étant attendue qu'à partir de 2022, lorsque le déploiement de la
fibre optique sera achevé en France.
Le processus de désengagement des tours est engagé
Emboîtant le pas à ses concurrents français, Bouygues Telecom, SFR
et Free, ou internationaux, tels Vodafone et Telefonica, Orange a
posé les bases d'une cession partielle des tours de son réseau
mobile en Europe, répondant ainsi aux attentes du marché.
Considérées comme non stratégiques, 1.500 tours ont déjà été cédées
au groupe espagnol Cellnex, pour 260 millions d'euros. "Mais il n'y
aura pas d'autres cessions concernant des infrastructures de ce
type", a averti Ramon Fernandez, demandant aux investisseurs de
s'armer de patience.
Avant de céder le solde de ces actifs de haute valeur, l'opérateur
créera dans un premier temps dans la plupart de ses marchés
européens des "TowerCos", des entités dédiées à la gestion de ces
sites. A terme, Orange envisage de regrouper tout ou partie de ces
structures locales, dans une "TowerCo" européenne dont il garderait
le contrôle majoritaire. Le groupe pourrait ainsi profiter de
l'appétit des investisseurs pour ce type d'actifs en Europe.
Selon les estimations des analystes, les 40.000 tours encore
détenues par Orange en Europe sont valorisées entre 10 et 15
milliards d'euros. Le potentiel de création de valeur est donc
colossal mais tardera à se révéler. "Les premiers travaux
commenceront en 2020 en France et en Espagne", a indiqué le
groupe.
La stagnation du dividende sanctionnée
L'action Orange a aussi viré au rouge mercredi car les dirigeants
ont averti que le dividende qui sera versé chaque année au titre
des cinq exercices à compter de 2019 s'inscrira à 0,70 euro par
action, comme celui payé cette année. L'opérateur n'exclut pas "une
hausse éventuelle" du dividende au cours de cette période. En
attendant, la stagnation du coupon à son niveau actuel est qualifié
de "stratégie frileuse" par Morgan Stanley. Jefferies souligne que
les analystes anticipaient une hausse du dividende à 0,75 euro par
action au titre de 2019, puis à 0,80 euro au titre de 2020.
Consacrée "belle endormie" de la cote parisienne par les
intermédiaires financiers en raison d'un cours de Bourse en recul
de 6,9% sur un an et en hausse de seulement 3,6% sur trois ans,
l'action Orange vient de manquer une occasion idéale de se
réveiller.
Sa valorisation, en ligne avec celle de ses concurrents, et
l'éloignement de la perspective d'une consolidation du secteur des
télécoms en France comme en Europe, ne plaident pas pour un rebond
du titre.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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