L'eldorado américain des M&A devient plus exigeant pour les groupes étrangers -Plus USA
21 Juin 2017 - 11:53AM
Dow Jones News
Christine Lejoux,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les entreprises étrangères demeurent
friandes d'acquisitions aux Etats-Unis. Mais en raison des
incertitudes croissantes que l'administration Trump fait peser sur
les perspectives du marché américain des M&A (mergers and
acquisitions), leur appétit risque de diminuer.
Au cours des trois premiers mois de l'année, les rachats
d'entreprises américaines par des groupes étrangers ont représenté
un montant total de 139,1 milliards de dollars, soit le plus haut
niveau jamais observé par MergerMarket pour un premier trimestre.
Mieux, les deux principales acquisitions réalisées aux Etats-Unis
sur les trois premiers mois de l'année ont été le fait de deux
entreprises étrangères. Le cigarettier britannique British American
Tobacco a racheté la participation de 57,8% qu'il ne détenait pas
encore dans le capital de son concurrent américain Reynolds
American, pour 60,7 milliards de dollars. Et Reckitt Benckiser,
également basé au Royaume-Uni, a acquis le spécialiste américain de
la nutrition infantile Mead Johnson, pour 17,8 milliards de
dollars.
L'échec essuyé en mars par Donald Trump au sujet de la réforme de
l'assurance-santé, et les polémiques incessantes à Washington sur
d'éventuels liens entre la Russie et des membres de
l'administration Trump, ont jeté le doute sur la capacité du
président américain à honorer ses promesses d'allègement de la
fiscalité des sociétés, de déréglementation de certains secteurs
d'activité et d'investissements dans les infrastructures. Or la
perspective de l'entrée en vigueur de ces mesures pro-business
compte pour beaucoup dans l'attractivité du marché américain, aux
yeux des acquéreurs étrangers.
Vigilance accrue du CFIUS
L'incertitude de la mise en place de ces mesures s'ajoute au risque
de voir la nouvelle administration se montrer beaucoup plus sévère
que la précédente en matière d'autorisation de rachats de sociétés
américaines par des groupes étrangers, Donald Trump ayant pour
credo la défense des intérêts américains avant tout. "En raison de
cette politique "d'America first", toutes les sociétés étrangères
désireuses de se lancer dans des fusions-acquisitions
transfrontalières aux Etats-Unis doivent inscrire le CFIUS sur leur
check-list", prévient Alexander Koff, avocat associé au sein du
cabinet Venable LLP. Le CFIUS (Committee on Foreign Investment) est
cet organisme permettant au président des Etats-Unis d'interdire le
rachat d'une entreprise américaine par une société étrangère qui
lui semblerait menacer la sécurité nationale.
Les acquisitions d'entreprises américaines par des groupes chinois
ont d'ailleurs chuté de 86,6% au premier trimestre, à 3,5 milliards
de dollars, d'après MergerMarket. Les réglementations décidées fin
2016 par la Chine pour limiter les sorties de capitaux afin
d'endiguer la pression baissière sur le yuan ne sont certes pas
étrangères à ce plongeon. Mais celui-ci résulte également d'une
"sévérité accrue de la part du CFIUS", souligne la société de
recherche.
Des valorisations élevées aux Etats-Unis
La montée du billet vert et la hausse des valorisations à la Bourse
de New York risquent également de pousser les prétendants étrangers
à une acquisition aux Etats-Unis à réfléchir à deux fois avant de
passer à l'acte. Après le rally post élection présidentielle,
l'indice élargi S&P 500 se paie 17,7 fois les bénéfices estimés
pour les douze prochains mois, un multiple supérieur à sa moyenne
des cinq dernières années (15,3), et même de la dernière décennie
(14), d'après FactSet. Ces valorisations posent d'autant plus
question que les entreprises européennes sont autrement moins
chères, au moment même où la reprise économique se confirme sur le
Vieux Continent, alors que la croissance des Etats-Unis montre
quelques signes d'essoufflement.
Tout en reconnaissant que "la clé demeure la mise en oeuvre (des
opérations), où il est essentiel de s'assurer que les aspects les
plus sensibles sont gérés avec précaution", Arnaud Bouyer,
co-responsable de la banque d'affaires de Morgan Stanley à Paris,
affirme que "l'intérêt de (ses) clients européens pour les M&A
aux Etats-Unis reste intact. Les fondamentaux du marché
garantissent une bonne marge de manoeuvre."
Alexander Koff, chez Venable, se montre lui aussi rassurant.
L'avocat estime que si le rythme des grandes fusions-acquisitions
transfrontalières ciblant des entreprises américaines pourrait
ralentir au cours des prochains mois, le marché des opérations de
taille moyenne, plus simples à mettre en oeuvre et moins sensibles,
devrait en revanche prendre le relais. Trump ou pas Trump, le
potentiel du marché américain continue de faire rêver les
entreprises étrangères.
-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (01) 41 27 48 14 ;
clejoux@agefi.fr ed : ECH
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