SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Les ambitieux projets annoncés la semaine dernière par Google dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA) générative sont pain béni pour un fabricant de puces. Un.



Au cours d'une présentation qui a duré deux heures mercredi dernier dans le cadre de sa conférence I/O pour les développeurs, Google a tout fait pour mettre en avant l'utilisation de la puce H100 de Nvidia, un processeur haut de gamme destiné aux centres de données que le fabricant de semi-conducteurs n'a commencé à livrer que cette année. Aucun autre fabricant de puces ni fournisseur de composants pour centres de données n'a reçu pareille dédicace.



Et Google n'est pas le seul à en faire étalage. Le directeur général de Microsoft, Satya Nadella, a lui aussi pris bien soin de mentionner Nvidia le mois dernier, à l'occasion de la conférence téléphonique de présentation des résultats du groupe, pour renforcer son argument selon lequel Microsoft dispose "de l'infrastructure d'IA la plus puissante" pour entraîner les grands modèles de données. Là encore, aucun autre fabricant de semi-conducteurs n'a été cité.



C'est une aubaine pour Nvidia, fabricant de puces le mieux valorisé du marché. Le groupe a déjà vu sa capitalisation boursière presque doubler depuis le début de l'année.



Lors de la publication de ses propres résultats, prévue ce mois-ci, Nvidia devrait faire état d'une hausse de 4% sur un an de son chiffre d'affaires lié aux centres de données, à 3,9 milliards de dollars, pour le trimestre clos à la fin avril. Cela peut paraître un peu mince pour une division qui avait enregistré une croissance à deux chiffres l'an dernier, mais par rapport au plongeon de 38% accusé par le segment centre de données d'Intel lors du trimestre fini en mars, le résultat paraît presque honorable. Même Advanced Micro Devices, qui rattrape Intel sur son marché clé, a enregistré une croissance plus ou moins nulle dans son activité de centres de données sur le trimestre clos en mars et le groupe anticipe de surcroît un repli pour le trimestre en cours.



Des dépenses d'investissement en baisse



L'avantage de Nvidia provient de ses processeurs graphiques, spécifiquement conçus pour l'IA. Or les géants de la tech comme Google, Microsoft, Amazon et Meta Platforms étant maintenant lancés dans la course au développement de technologies d'IA générative du type ChatGPT, ils ont besoin de composants tels que la puce H100 de Nvidia. Ces mêmes entreprises sont toutefois confrontées dans le même temps à un ralentissement de leurs activités stratégiques et sont donc sous pression pour freiner leurs dépenses d'investissement.



Les dépenses d'investissement cumulées des quatre groupes susmentionnés ont diminué de 4% sur un an au cours du trimestre clos en mars : il s'agit du premier repli depuis quatre ans. La société de recherche Dell'Oro Group prévoit que les dépenses d'investissement propres aux centres de données augmenteront d'environ 5% cette année, après une envolée de 36% en 2022.



Néanmoins, l'impact de ce ralentissement ne sera pas uniformément ressenti. La nécessité d'investir dans des puces onéreuses comme la H100 de Nvidia pour alimenter les offres d'IA générative implique de diminuer d'autres dépenses liées aux centres de données. "Il apparaît très clairement que les clients consolident leurs achats de serveurs traditionnels afin de libérer une partie de leur budget pour les serveurs GPU qui coûtent 20 fois plus", constate Joe Moore, analyste chez Morgan Stanley, dans un rapport publié vendredi.



Le projet de Google d'intégrer des fonctions d'agent conversationnel à son activité de recherche sur Internet est à lui seul extrêmement coûteux. Pierre Ferragu, chez New Street Research, estime qu'alimenter toutes les recherches Google avec des puces Nvidia représenterait des dépenses d'investissement supplémentaires de 80 milliards de dollars, même s'il ajoute s'attendre à ce que le groupe compense une partie de ces besoins avec ses propres puces TPU, fabriquées en interne.



L'envolée des achats de puces réalisés l'an dernier devrait encore soutenir d'autres fabricants de semi-conducteurs pour centres de données. Joe Moore, de Morgan Stanley, note que l'opportunité que représente l'IA pour AMD est plus importante que prévu : l'analyste estimait précédemment que l'IA représenterait pour le fabricant de puces un chiffre d'affaires de 100 millions de dollars en 2024. Joe Moore table maintenant sur un montant de l'ordre de 400 millions de dollars.



Reste que les gains générés par l'IA seront l'un des rares points positifs dont bénéficiera le secteur, qui reste confronté à une véritable chute des ventes. La Semiconductor Industry Association a indiqué ce mois-ci que les ventes avaient reculé de 21% en mars par rapport au même mois de 2022, soit la plus forte baisse mensuelle accusée par le secteur depuis 2009.



Le dernier ralentissement majeur observé par l'association a duré 13 mois, tandis que le ralentissement actuel a commencé il y a huit mois. Même la trésorerie des géants de la tech a ses limites.



-Dan Gallagher, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV



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May 17, 2023 03:36 ET (07:36 GMT)




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