Actualisé: Le gouvernement prendra une décision "d'ici l'été" sur la forme du rapprochement EDF/Areva (Macron)
22 Mai 2015 - 9:55PM
Dow Jones News
Le gouvernement n'a pas encore pris sa décision concernant la
forme que prendra le rapprochement entre Areva et EDF, a déclaré
vendredi le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, ajoutant
qu'une réunion consacrée à ce dossier se tiendrait le 3 juin à
l'Élysée et que la décision serait arrêtée "d'ici l'été".
"Le gouvernement n'a pas arrêté sa décision", a déclaré le ministre
à l'issue d'une réunion de près de deux heures à Bercy avec les
représentants des syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC, FO, Unsa-Spaen) du
groupe Areva.
"La réunion du 3 juin autour du président de la République sera un
moment important" pour l'avancée du dossier et tous les acteurs,
dont les salariés, auront "une pleine visibilité" "d'ici l'été", a
ajouté M. Macron.
EDF a officialisé mardi son intérêt pour une reprise de la division
réacteurs d'Areva ou, a minima, pour un rapatriement chez
l'électricien public des ingénieurs d'Areva, sans toutefois
chiffrer sa proposition.
Selon des informations du journal Les Echos, l'électricien aurait
fait une offre valorisant les activités qui l'intéressent à un peu
pus de 2 milliards d'euros, déduction faite des passifs de la
société, soit 7,5 fois l'excédent brut d'exploitation.
L'offre "indicative", selon la source citée par le journal, porte
sur trois activités d'Areva NP, employant 15.000 salariés, mais
exclut certains projets risqués, ainsi celui de réacteur de
troisième génération EPR en Finlande.
"Nous ne sommes pas en train de faire du meccano financier, en
découpant des bouts d'entreprise pour savoir si elles doivent aller
d'un côté ou de l'autre", a affirmé le ministre, assurant que la
priorité du gouvernement était de définir "une nouvelle stratégie
industrielle" pour la filière nucléaire.
"Ce ne sont pas les partenaires qui nous indiquent la stratégie
qu'on peut avoir", a-t-il encore déclaré.
A l'issue de la réunion, M. Macron a salué "l'esprit de
responsabilité" qui a présidé à la discussion, avec "des
représentants syndicaux experts du sujet, et en même temps très
responsables et donc très exigeants".
- Frustration des représentants syndicaux -
De leur côté, les syndicats d'Areva ont fait part d'une certaine
frustration.
"On n'a pas eu de réponse (à nos questions sur l'avenir d'Areva et
de la filière nucléaire, NDLR)", a déclaré à l'AFP Pascal Evariste
(CGT). "On a eu l'assurance que des réponses seront trouvées, ce
n'est pas tout à fait la même chose."
Sur les intentions d'EDF, "rien n'a été annoncé", mais le ministre
"a sifflé très fermement la fin de la récréation entre EDF et
Areva", a-t-il poursuivi, en allusion à la concurrence entre les
deux entreprises. Pour autant, a observé M. Evariste, "on voit que
sur la valorisation de parties d'Areva, il y a déjà de grandes
bagarres".
Le syndicaliste s'est dit "un peu frustré" de la rencontre, même
s'il n'en attendait "pas forcément grand-chose".
"On aura avant fin juillet une description de la filière, mais en
attendant, les négociations continuent sur le social", a-t-il
souligné, relevant que "le plan social prévu est pleinement assumé
par le ministre", en raison de la sous-charge d'activité.
Même tonalité chez Jean-Pierre Bachmann (CFDT), pour qui "on n'a
rien réglé", malgré un "échange fructueux".
"Ce n'est pas avec 300, 400 millions qu'on redresse Areva", donc le
projet d'EDF pour Areva NP "ne répond pas à l'équation financière",
a estimé le syndicaliste, pour lequel l'État "a la responsabilité
de la gouvernance" et la "responsabilité de prendre la décision qui
sauve Areva".
"Nous, on pensait que la bonne méthode, c'était de dire à Areva et
EDF de déposer une offre conjointe. Ce n'est pas ce que (le
gouvernement) a fait. EDF travaille d'un côté et Areva travaille de
l'autre", a-t-il déploré.
Vu que l'échéance a été fixée à juillet, "on est toujours dans le
domaine de l'hypothèse", a relevé M. Bachmann, qui a assuré que
"les salariés vont faire entendre leur voix".