2019, une année cruciale pour le titre Genfit et la "maladie du soda" - DJ Plus
31 Octobre 2018 - 4:54PM
Dow Jones News
François Berthon,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Tombée mi-octobre à des plus bas depuis
décembre 2016, l'action Genfit connaît depuis deux semaines un
regain d'intérêt sensible lui permettant de retrouver les 20 euros.
Pour autant, les 70 euros de février 2015 restent loin et la
société de biotechnologie spécialisée dans les maladies
métaboliques et inflammatoires affiche un recul de 15% depuis le
début de l'année. Genfit n'a pas été épargné par la désaffection
qui touche l'ensemble du secteur depuis de longs mois. Et celle-ci
tend même à s'aggraver au fur et à mesure que diminue la propension
au risque des investisseurs avec les tensions sur les marchés.
Indépendamment du contexte, la biotech lilloise se rapproche
pourtant d'un moment crucial de son histoire. C'est en 2019 qu'elle
a prévu de publier ses premiers résultats de phase III pour son
produire phare, l'elafibranor, développé comme traitement contre la
NASH, la stéatose hépatique non alcoolique ("Non Alcoholic
Steatohepatitis" en anglais). Devenu un véritable enjeu de santé
publique en quelques années, la "maladie du soda", qui provoque une
accumulation de graisse dans le foie, une inflammation et une
dégénérescence des cellules hépatiques, toucherait 12% de la
population adulte des pays développés (Williams et al, 2011) et
l'on estime que la maladie deviendra la principale cause de
transplantation du foie d'ici 2020.
Un potentiel de "multi-blockbuster"
"Le marché est inexploité, sans traitement disponible et pourrait
représenter 10 à 15 milliards de dollars", rappelle Jean-Jacques Le
Fur, analyste chez Bryan Garnier. Sur ce marché colossal et en
pleine croissance, sur lequel toutes les places restent à prendre,
Genfit est bien placé. L'élafibranor devrait faire partie des
premiers médicaments lancés pour traiter cette pathologie, avec
l'Ocaliva de la société de biotechnologie américaine Intercept
Pharmaceuticals. Mais "ce dernier a des effets secondaires que nous
considérons incompatibles avec un traitement chronique", fait
remarquer Jean-Jacques Le Fur qui s'attend pour cette raison à ce
qu'elafibranor recueille rapidement la majorité des prescriptions.
En prenant l'hypothèse d'un lancement d'Elafibranor en 2021, Bryan
Garnier estime le potentiel de ventes à 4 milliards d'euros, ce qui
ferait du produit de Genfit un "multi-blockbuster".
"L'Ocaliva d'Intercept reste pour nous, en termes de données
cliniques, un compétiteur sérieux d'Elafibranor car il semble avoir
une activité sur la NASH et la fibrose", estime pour sa part Pierre
Corby, chez Oddo BHF. La fibrose est le tissu cicatriciel qui
remplace les cellules hépatiques endommagées. Toutefois, pour Oddo
BHF, le principal concurrent d'elafibranor serait plutôt le "MGL
3196" du laboratoire américain Madrigal, mais ce dernier ne devrait
débuter la phase III de ses études cliniques que d'ici fin 2018,
laissant Genfit avec plusieurs années d'avance.
Future "colonne vertébrale" des traitements de la NASH ?
Surtout, la maladie de la NASH ayant des origines
multifactorielles, il apparaît de plus en plus évident qu'une prise
en charge optimale de la NASH nécessitera d'associer plusieurs
médicaments. Et compte tenu du profil de l'efficacité et de
l'absence d'effets secondaires montrés jusqu'à présent par
elafibranor, le produit de Genfit se positionne comme la future
"colonne vertébrale" de ces combinaisons de l'avis de nombreux
analystes.
"Le potentiel de combinaison d'Elafibranor continue de se renforcer
avec de nouvelles données cliniques précliniques", note d'ailleurs
Yasmeen Rahimi, analyste chez Roth Capital Partners, à l'approche
du congrès de l'AASLD, The Liver Meeting qui se tient cette année à
San Francisco du 9 au 13 novembre. Genfit y présentera notamment de
nouvelles combinaisons de traitements anti-NASH construites autour
d'elafibranor et d'un inhibiteur d'une enzyme, l'acétyl-CoA
carboxylase (ACC), impliquée dans la fabrication des lipides.
Parmi les bureaux d'études couvrant Genfit, Roth Capital Partners
affiche l'objectif de cours le plus élevé à 116 euros, soit près de
6 fois le cours de Bourse actuel, pour une capitalisation
potentielle de 3,6 milliards d'euros. Cela peut paraître beaucoup
mais, les concurrents américains de Genfit affichent des
capitalisations déjà considérables: 2,6 milliards de dollars pour
Intercept Pharmaceuticals, 2,8 milliards de dollars pour Madrigal,
à comparer aux 640 millions d'euros (725 millions de dollars)
actuels de Genfit.
Bien sûr, les analystes fondent leurs calculs sur un succès -
hypothétique à ce stade - de l'étude de phase III en cours sur
elafibranor, dont les principaux résultats intermédiaires sont
attendus à la fin 2019. D'ici là, la publication avant fin 2018 des
résultats de phase "2a" évaluant le même produit dans la cholangite
biliaire primitive (CBP), une maladie rare du foie caractérisée par
la destruction progressive des canaux biliaires intra-hépatiques,
"pourrait servir de catalyseur à court terme", estime Christophe
Dombu, analyste chez Portzamparc.
L'année 2019 s'annonce donc clé pour la NASH, les principaux
acteurs devant publier les résultats de leurs études de phase III.
Cela pourrait entretenir la spéculation l'an prochain. Avant cela,
des résultats positifs dans la CBP permettrait au titre Genfit de
finir 2018 en beauté.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: ECH
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