Ipsen peut maîtriser son risque générique grâce à ses relais de croissance - DJ Plus
28 Mai 2019 - 9:21AM
Dow Jones News
François Berthon,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les dernières semaines ont pu sembler
chaotiques aux actionnaires d'Ipsen réunis ce mardi en assemblée
générale. La chute de 18,5% observée entre le 23 avril et le 10 mai
a été partiellement effacée par un rebond de plus de 11%.
Que la santé soit considérée comme un secteur défensif n'empêche
pas les risques, ni la forte croissance. Ipsen connaît les deux. La
volatilité importante observée dernièrement sur le cours de Bourse
d'Ipsen a été déclenché par la crainte de l'arrivée prochaine d'un
générique de son produit phare, la Somatuline, indiquée pour
traiter certaines tumeurs neuroendocrines.
Le laboratoire a répondu à cette inquiétude en deux temps. D'abord
fin avril, en rappelant qu'aucun lancement commercial d'un
générique de son anti-cancéreux phare ne pouvait intervenir avant
deux ans en Europe.
Puis, lors de la journée investisseurs du 13 mai, le groupe a
détaillé un portefeuille de projets en développement à même de
venir soutenir sa croissance au cours des prochaines années, avec
cinq nouvelles molécules innovantes en développement clinique, et
neuf soumissions réglementaires prévues entre 2019 et 2022.
Un risque réel mais connu
La nervosité des investisseurs est compréhensible. La Somatuline
est le plus important produit d'Ipsen, dont il a représenté près de
40% du chiffre d'affaires en 2018. Pour des ventes globales du
groupe en hausse de 20,1%, à 2,22 milliards d'euros, l'an dernier,
le médicament a généré 846,7 millions d'euros de revenus, frôlant
le milliard de dollars, qui sera probablement dépassé en 2019.
La menace émane du laboratoire britannique Amdipharm Mercury,
filiale du canadien, Advanz. Celui-ci a déposé un dossier de
demande d'autorisation de mise sur le marché auprès de l'autorité
sanitaire finlandaise, la FIMEA, pour une copie de lanréotide, le
principe actif de Somatuline.
La Finlande n'est qu'une première étape. Il est logique de penser
qu'Advanz a l'intention de cibler le reste de l'Europe, grâce à une
procédure de reconnaissance mutuelle sur les principaux marchés
européens, avant d'envisager l'Amérique du Nord.
"Il faudra du temps à Advanz", compte tenu des délais nécessaires
pour obtenir les autorisations de mise sur le marché par pays, mais
"le processus est bel et bien en marche", préviennent les analystes
d'Oddo BHF.
Le risque est cependant connu depuis longtemps. Il a "toujours été
clair que l'arrivée d'un générique était possible à partir de
2021", rappelle de son côté Christophe Dombu, analyste chez
Portzamparc.
D'autre part, sur ce marché pour l'instant verrouillé par la
Somatuline d'Ipsen et son concurrent, la Sandostatin de Novartis,
"la bataille se joue sur les nouveaux patients essentiellement",
souligne Christophe Dombu. Le traitement des tumeurs endocrines et
de l'acromégalie s'étend sur de longues durées. Les patients dont
la maladie s'est stabilisée avec une molécule évitent généralement
d'en changer en cours de route. Le marché potentiel pour un nouvel
entrant s'en trouve par conséquent limité.
Des prévisions à la fois conservatrices et convaincantes
Prudent, le groupe a construit ses prévisions pour 2022 d'un
chiffre d'affaires d'environ 3,2 milliards d'euros et d'une marge
opérationnelle supérieure à 32% en considérant le scenario d'une
arrivée la plus rapprochée possible d'une concurrence
générique.
Jugés conservateurs par la plupart des analystes, ces objectifs
impliquent une croissance annuelle moyenne de 10% du chiffre
d'affaires et de 12% du résultat opérationnel, une performance
"remarquable au sein de l'industrie pharmaceutique", souligne JP
Morgan.
Ces projections s'appuient en partie sur le déploiement rapide du
palovarotène, le produit phare de la biotech canadienne Clementia
Pharmaceuticals récemment acquise par Ipsen.
En revanche, elles ne prennent pas en compte de potentielles
nouvelle indications que le groupe pourrait obtenir, notamment pour
son anti-cancéreux Cabometyx dont on attend au premier semestre
2020 des résultats de phase III en combinaison avec l'Opdivo du
géant pharmaceutique américain Bristol-Myers Squibb.
Onyvide, autre anti-cancéreux du groupe, donnera lieu par ailleurs
à deux publications scientifiques clés dès cette année. Des
résultats intermédiaire d'une étude de phase II dans le traitement
en première ligne du cancer du pancréas métastatique seront
dévoilés en juillet, tandis que des données sur le traitement en
seconde ligne du cancer du poumon à petites cellules sont attendus
au second semestre.
De bonnes surprises susceptibles d'inciter les analystes à
réévaluer leur objectif de cours sont donc envisageables. A 133,24
euros selon Factset, il représente déjà un potentiel de hausse de
20%.
-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93;
fberthon@agefi.fr ed: ECH
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