La France devient une terre d'activistes, tant mieux pour son attractivité - DJ Plus
23 Octobre 2020 - 11:09AM
Dow Jones News
Alexandre Garabedian,
L'Agefi
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Qui a dit que la France manquait
d'actionnaires activistes ? Unibail, Suez, Lagardère : voilà trois
entreprises dont l'actualité bouillonnante prouve la vitalité du
monde des affaires tricolore.
Le géant des centres commerciaux se prépare le mois prochain à une
belle bataille en assemblée générale, placé sous le feu d'un tandem
associant une star du patronat, Xavier Niel, et un inconnu du grand
public mais ô combien expert des arcanes immobiliers, Léon
Bressler.
Suez a livré et perdu face à Veolia la première manche d'un bras de
fer qui renvoie aux grandes heures du tournant du millénaire,
lorsque la Bourse vivait au rythme des offres publiques hostiles.
Et que dire de la citadelle Lagardère, d'abord assiégée par un
fonds pour mieux préparer le terrain à un affrontement entre deux
éminents représentants du capitalisme français, Vincent Bolloré et
Bernard Arnault, qui seraient plus à même de faire fructifier les
actifs du groupe sous une autre forme.
Oui, voilà longtemps que le CAC 40 et ses antichambres n'avaient
connu pareils feux d'artifice. Cette agitation bat en brèche la
représentation encore vivace hors de nos frontières d'un
capitalisme français confit dans son entre-soi. Non pas que la
tentation des petits arrangements entre amis ait disparu sous nos
latitudes. La bagarre Suez-Veolia en a offert un bel échantillon,
du bal des visiteurs du soir aux habituelles pressions sur les
administrateurs, en passant par cette improbable pilule empoisonnée
que le conseil de la cible a sortie de sa manche sans plus de
considération pour l'intérêt des actionnaires.
Les vieux réflexes ont la vie dure. Ils s'appuient sur un droit
français qui s'est doté, au nom de la protection de l'entreprise
contre de supposés "prédateurs", de mécanismes de défense
disproportionnés comme les bons Breton. Ces dispositifs et cette
rhétorique n'ont pas rendu service à l'attractivité de la Place
financière de Paris. La vigilance s'impose aussi sur
l'interprétation de la raison d'être, qui rend possible de
nouvelles formes d'obstruction à la démocratie actionnariale.
Il est heureux, à cet égard, que les réflexions menées autour de
l'activisme aient abouti à des propositions équilibrées de la part
des autorités. Les vendeurs à découvert que certains rêvaient de
clouer au pilori ont une fonction de lanceurs d'alerte, quand bien
même ils s'inscriraient dans une optique de court terme.
Au-delà, c'est toute la sphère des investisseurs, financiers ou
industriels, qui fait montre aujourd'hui d'un engagement accru.
Ceux-ci ont toutes les raisons de peser sur les choix stratégiques
des émetteurs à l'heure où la crise ouvre aux plus résistants des
opportunités de croissance et impose aux plus fragiles de
douloureux arbitrages.
Les propriétaires de l'entreprise donnent de la voix ? Seuls les
administrateurs et les dirigeants un peu trop attachés à leur siège
s'en plaindront.
-Alexandre Garabedian, L'Agefi. ed: ECH
L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
October 23, 2020 04:49 ET (08:49 GMT)
Copyright (c) 2020 L'AGEFI SA