Gare aux bonnes affaires au rayon des foncières cotées - Plus Inter
09 Juillet 2020 - 1:53PM
Dow Jones News
Carol Ryan,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Alors que l'explosion de l'e-commerce
fait planer depuis des années une épée de Damoclès dans le ciel des
exploitants de centres commerciaux, c'est maintenant au tour de la
pandémie de faire souffler un vent mauvais sur le secteur.
Les valeurs boursières ont beau sembler bon marché, les
investisseurs ont sans doute intérêt à se cantonner au
lèche-vitrine tant que les répercussions de long terme sur les
revenus locatifs restent incertaines.
Les sociétés foncières cotées du secteur de la distribution
comptent au nombre des plus grands perdants de la crise sanitaire.
Le titre de la franco-néerlandaise Unibail-Rodamco-Westfield,
propriétaire de centres commerciaux Westfield à Londres, Paris et
San Francisco, entre autres, a perdu près des deux-tiers de sa
valeur cette année.
La valorisation boursière de son concurrent américain Simon
Property Group a pour sa part été divisée par deux. Sur le papier,
ces valeurs jadis fiables affichent maintenant un rendement du
dividende d'environ 10%, même après réduction des versements.
Une dette exponentielle
Les centres commerciaux constituaient jusqu'à présent une source
fiable et régulière de revenus -- l'une des raisons pour lesquelles
ils occupaient traditionnellement une place de choix dans le
portefeuille des fonds de pension. Ce facteur explique également
pourquoi ces foncières sont entrées dans la crise avec une dette
exponentielle. Les foncières européennes affichent un endettement
net moyen de 13,4 fois l'excédent brut d'exploitation attendu,
selon le cabinet de conseil en immobilier Green Street.
Leurs concurrentes américaines sont légèrement moins endettées. Il
est de plus en plus difficile d'estimer l'évolution de leurs
revenus locatifs. Moins d'un tiers des loyers dus en avril ont été
collectés par les exploitants américains de centres commerciaux,
selon Fitch Ratings.
Des baisses de loyers pérennes seront nécessaires pour éviter une
explosion des taux d'inoccupation. Même des marques internationales
bien financées comme la chaîne suédoise de prêt-à-porter H&M
ont entamé des négociations pour obtenir des réductions pouvant
aller jusqu'à 25%. Les dépôts de bilan de grands magasins comme
J.C. Penney pourraient se révéler particulièrement épineux : aux
Etats-Unis, des clauses locatives autorisent en effet les
détaillants à interrompre leur bail sans pénalité si les magasins
phares du centre commercial où elles sont situées restent vacants
pendant 12 à 18 mois.
La menace exponentielle du e-commerce
La pandémie a également accentué les risques que présentaient déjà
pour les exploitants le commerce en ligne. Bernstein estime que
d'ici à la fin de cette année, 23% de l'ensemble des achats de
vêtements en Europe se feront en ligne, contre 18% en 2019. Les
Etats-Unis sont confrontés à une augmentation similaire du commerce
électronique, alors que le pays dispose maintenant d'un périmètre
record d'espaces commerciaux. Le ratio actuel est de neuf centres
commerciaux pour un million de foyers, selon les données d'UBS,
contre huit centres commerciaux en 1980, lorsque le commerce en
ligne n'existait pas.
Les créanciers commencent à s'inquiéter de la solvabilité des
exploitants de galeries marchandes. Le taux des obligations à 10
ans émises par les enseignes européennes de prêt-à-porter a
augmenté de près de 4 points de pourcentage depuis mars, à 6,6%,
indique Rob Virdee, de Green Street. En comparaison, le taux moyen
de 2,1% des titres de dette émis par les propriétaires d'immeubles
commerciaux semble exagérément optimiste.
Les actifs fonciers sont certes rassurants pour les actionnaires
comme pour les porteurs d'obligations, mais leurs valorisations
sont pour l'heure extrêmement incertaines. La valeur d'entreprise,
qui tient compte de la dette et de la capitalisation boursière,
offre une bonne indication de la façon dont les investisseurs
valorisent l'impact de la Covid-19 sur les portefeuilles
immobiliers sous-jacents. La valeur d'entreprise
d'Unibail-Rodamco-Westfield a reculé de seulement 15% cette année,
alors que celle de l'américaine Simon Property a chuté de 35%.
L'avenir des centres commerciaux s'annonçant assez chaotique, les
investisseurs à la recherche de bonnes affaires en trouveront
sûrement de plus intéressantes ailleurs.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH
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July 09, 2020 07:33 ET (11:33 GMT)
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