PARIS (Agefi-Dow Jones)--Pour être rituel et plutôt convenu, l'audit de la situation des finances publiques par la Cour des comptes vient asséner une vérité trop occultée lors de la campagne : le déficit prévisible en 2017 et 2018 est très supérieur aux affichages fallacieux de l'équipe Hollande et justifie des correctifs sans rapport avec ceux qu'envisageait le candidat Macron.



On sait déjà que cet audit, remis jeudi, évoquera un déficit prévisible de 3,2% cette année et autant l'an prochain. Soit pour 2017 un trou de plus de 4 milliards à combler pour ne pas dépasser le plafond de 3% fixé par le traité de Maastricht.



L'exercice devra être renouvelé, en plus rude, en 2018. Sachant que dépenses et recettes déjà votées n'ont qu'un rapport lointain avec la réalité à prévoir et qu'il faudra en plus financer les mesures fiscales du candidat : exonération de la taxe d'habitation pour 80% des ménages et réforme de l'ISF entre autres.



La Cour des Comptes est si indignée qu'elle parle d'"insincérité". On en saurait dire plus crûment que l'ancien patron de Bercy Michel Sapin est du bois dont on fait les chèques.



Pour Emmanuel Macron, le défi est redoutable. Tout à sa volonté de relancer l'Europe, il entend pour rendre à la France son influence donner des gages de sérieux à l'Allemagne. La réforme du droit du travail engagée mercredi en fait partie.



Mais le volet finances publiques n'est pas moins important. La Chancelière épingle régulièrement "certains pays" encore en procédure de déficit excessif : ils sont deux, l'Espagne, bien partie pour en sortir en 2018, et la France.



Lanterne rouge du sérieux budgétaire, celle-ci peut-elle prétendre au rôle de leader politique ? La question n'admet plus de faux fuyant.





-Philippe Mudry, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: ECH





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June 28, 2017 12:30 ET (16:30 GMT)




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