Rochelle Toplensky,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Un problème pour les compagnies aériennes est un problème pour les banques. Un problème pour les groupes pétroliers est un problème pour les banques. Un problème pour les restaurants devient aussi celui des banques.



Epine dorsale de l'économie, les banques ne sont épargnées sur aucun front. Habituellement protégées par la diversité des crédits qu'elles accordent, puisque seuls un ou deux secteurs ou régions rencontrent généralement des difficultés à un instant T, elles sont maintenant frappées de plein fouet par la suspension généralisée de la vie économique destinée à freiner l'expansion de la pandémie actuelle. Cette suspension génère une crise qui touche à peu près toutes les industries, dans toutes les zones géographiques.



Il n'est pas surprenant, dans ces conditions, que les investisseurs du secteur bancaire aient les nerfs à vif. En Europe, les actions ont quasiment perdu la moitié de leur valeur cette année et sont revenues à des niveaux qui n'avaient plus été observés depuis les années 1980, tandis que le coût de l'assurance contre un risque de défaut des banques, représenté par les CDS, ne cesse d'augmenter depuis la fin février. Les obligations dites AT1 (additional Tier 1), emprunts perpétuels pouvant être convertis en actions ou dépréciés, voire annulés, si le ratio de solvabilité d'une banque tombe sous un certain seuil, ont plongé d'environ 20% ou plus ce mois-ci.



Les détenteurs de ces titres de dette subordonnée AT1, ou CoCos, peuvent perdre leur mise si l'émetteur a besoin de fonds propres supplémentaires. Ce risque est compensé par des taux d'intérêt très élevés. Si, pour les investisseurs en quête de rendement, le pari semblait relativement sûr voilà encore quelques mois, ce n'est désormais plus le cas.



Les règles prudentielles ont renforcé le secteur



Les banques sont bien plus solides maintenant qu'il y a dix ans, les nouvelles règles prudentielles mises en place depuis la crise financière de 2008 les ayant contraintes à augmenter leurs ratios de fonds propres. Bon nombre d'entre elles se demandent pourtant si leurs réserves seront suffisantes.



Le problème fondamental est lié au fait que l'ampleur de la vague de défauts à venir est impossible à estimer. Même dans des circonstances normales, seules les banques connaissent réellement l'état de leurs portefeuilles de prêts.



Les rapports financiers donnant maintenant des informations plus fournies et détaillées qu'auparavant, il est possible de glaner quelques indices ici et là. En Europe, la néerlandaise ING semble lourdement exposée à un secteur gazier et pétrolier dont l'état de santé s'est sensiblement détérioré. Selon les analystes de RBC Capital Markets, il en va de même pour la britannique Barclays et pour les françaises BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.



Ces données ne reflètent toutefois qu'un côté de la médaille. Ces prêts servent-ils à de nouveaux projets d'exploration pétrolière, à l'issue nécessairement incertaine, ou bien à la construction d'usines pétrochimiques ? L'emprunteur est-il un géant du secteur présentant un niveau d'endettement relativement bas, ou une petite entreprise naviguant sur la corde raide ?



Le secteur pétrolier, source d'inquiétude



Les producteurs d'or noir sont une source d'inquiétude majeure parce qu'ils empruntent des milliards et se trouvent confrontés à une brutale chute des cours. Mais qu'en est-il des prêts accordés par les banques aux compagnies aériennes, aux groupes de divertissement ou même aux distributeurs ? Alors qu'Européens et Américains sont maintenant confinés chez eux, nombreux sont les secteurs qui risquent de voir leur trésorerie réduite à néant même si l'état d'urgence se révèle de courte durée, ce qui serait le scénario le plus favorable.



Les abaissements de taux pourront sans doute venir au secours de quelques emprunteurs et retarder les défauts de paiement, mais à plus long terme, ils pénaliseront les banques qui auront déjà du mal à dégager des bénéfices. La volonté manifeste des gouvernements à garantir les prêts et à dégainer l'arsenal budgétaire est davantage appréciée.



La reprise qui semble peu à peu se profiler en Chine donne quelques motifs d'optimisme quant à la durée et à l'impact économique des mesures de confinement en Europe et aux Etats-Unis. Reste que le rebond chinois demeure très incertain et que les gouvernements, systèmes économiques et établissements de prêts occidentaux n'ont rien à voir avec ceux de la Chine. Il n'existe en Occident aucun précédent valable d'une récession découlant d'une pandémie.



Les investisseurs n'auront sans doute aucune réelle visibilité sur la situation avant le mois d'avril, lorsque les banques publieront leurs résultats du premier trimestre. Les nouvelles règles comptables obligent les banques européennes et américaines à comptabiliser les pertes sur prêts plus rapidement qu'auparavant. Même si cette prise en compte anticipée risque de susciter des craintes, elle devrait également fournir de précieuses informations sur les banques les plus exposées à la crise actuelle.



Une chose est sûre : pour les banques, la prochaine saison de publication des résultats sera la plus scrutée de ces dernières années.



-Rochelle Toplensky, The Wall Street Journal



(version française Emilie Palvadeau) ed : ECH



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March 20, 2020 08:20 ET (12:20 GMT)




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