Le mariage entre Tiffany et LVMH aiguise les appétits dans le luxe - DJ Plus
01 Avril 2021 - 4:24PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
Paris (Agefi-Dow Jones)--Les noces de Tiffany et LVMH vont-elles
déclencher une nouvelle phase de consolidation dans le luxe ? Alors
que la plupart des observateurs prédisent un fort rebond des ventes
ces prochaines années tiré par l'Asie et par le commerce en ligne,
les poids lourds du secteur disposent de bilans très robustes qui
leur permettent d'envisager des opérations d'envergure.
D'ici à la fin 2021, les cinq premiers groupes cotés européens de
luxe en termes de valorisation boursière devraient afficher une
trésorerie nette cumulée d'environ 3 milliards d'euros, selon les
estimations de FactSet. En recourant aux marchés de la dette, avec
un levier d'endettement moyen de 2 fois l'excédent brut
d'exploitation (Ebitda), ils pourraient disposer de 65 milliards
d'euros à investir dans des fusions-acquisitions, calcule UBS.
Il n'est pas étonnant dans ce contexte que les investisseurs
s'interrogent sur la prochaine grosse opération dans le secteur.
Les spéculations se sont concentrées ces dernières semaines sur les
groupes Kering et Richemont, respectivement numéro deux et trois
mondial.
Pour UBS, Kering est susceptible de réaliser une opération
transformante dans les 12 à 18 prochains mois, afin notamment de
réduire sa dépendance à Gucci. "La combinaison des deux marques
phares de l'industrie du luxe, Gucci [Kering, ndlr] et Cartier
[Richemont, ndlr], pourrait répondre aux inquiétudes liées aux
activités mode de Kering et à la gestion des petites marques de
Richemont, créant ainsi un groupe capable de défier la domination
de LVMH", affirme la banque.
Johann Rupert détient la clé d'une transaction
Mais la valorisation de Richemont, à 46 milliards d'euros,
constitue un obstacle de taille, sachant que Kering peut mobiliser
jusqu'à 19 milliards d'euros s'il cède sa participation restante
dans Puma, selon UBS. Une transaction avec une partie en actions
serait envisageable mais le groupe français devrait d'abord
convaincre Johann Rupert, le président et principal actionnaire de
Richemont, de céder le contrôle de son groupe.
Selon le site spécialisé Miss Tweed, Johann Rupert aurait repoussé
en début d'année une proposition informelle de rachat de
François-Henri Pinault, le président-directeur général de Kering.
Contactés par l'agence Agefi-Dow Jones, Kering et Richemont n'ont
pas souhaité faire de commentaire.
"L'intérêt pour Johann Rupert de vendre aujourd'hui ses parts dans
Richemont ne semble pas évident. Il reste très impliqué dans la
gestion du groupe, or un rapprochement avec Kering impliquerait une
perte de contrôle. Par ailleurs Richemont est en train d'exécuter
un plan de transformation de son modèle économique intéressant,
potentiellement créateur de davantage de valeur", souligne Thomas
Chauvet, directeur de la recherche actions sur le secteur du luxe
chez Citi.
Des valorisations élevées dans le secteur
Kering pourrait se tourner vers une cible plus à sa portée. Selon
Paola Carboni, analyste d'Equita Sim, Burberry serait un bon choix.
Les ventes du groupe britannique sont certes trois fois moins
importantes que celles de Gucci mais permettraient tout de même de
réduire le poids relatif de la principale division de Kering, selon
l'analyste. Avec une capitalisation de 9 milliards d'euros,
Burberry entre dans le champ d'une acquisition en numéraire.
"Kering dispose de réservoirs de croissance au sein d'un
portefeuille de marques complémentaires et différenciées et qui ne
sont pas toutes au même stade de leur développement. Je ne pense
pas que Kering soit obsédé par l'idée de faire une acquisition, en
tous cas pas à n'importe quel prix", affirme Thomas Chauvet. Le
groupe a indiqué lors de la présentation de ses résultats annuels
qu'il mettrait en 2021 l'accent sur la croissance organique et sur
la redynamisation des ventes de Gucci, mais restait à l'affût
d'opportunités d'acquisitions.
A défaut d'une méga-fusion, il est fort probable que la
consolidation du secteur du luxe se poursuive en 2021. Le rachat en
décembre de la marque de sportswear de luxe italienne Stone Island
par Moncler, et plus récemment l'investissement de la famille
Agnelli dans le chausseur français Christian Louboutin, en sont des
exemples. "Nous sommes toujours dans un marché de vendeurs",
prévient HSBC.
Autrement dit, les acheteurs devront se montrer patients, ou
particulièrement généreux, s'ils veulent convaincre les
actionnaires familiaux à la tête de la plupart des marques
indépendantes de céder la main.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: VLV
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April 01, 2021 10:04 ET (14:04 GMT)
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