François Schott,



Agefi-Dow Jones





Paris (Agefi-Dow Jones)--Les noces de Tiffany et LVMH vont-elles déclencher une nouvelle phase de consolidation dans le luxe ? Alors que la plupart des observateurs prédisent un fort rebond des ventes ces prochaines années tiré par l'Asie et par le commerce en ligne, les poids lourds du secteur disposent de bilans très robustes qui leur permettent d'envisager des opérations d'envergure.



D'ici à la fin 2021, les cinq premiers groupes cotés européens de luxe en termes de valorisation boursière devraient afficher une trésorerie nette cumulée d'environ 3 milliards d'euros, selon les estimations de FactSet. En recourant aux marchés de la dette, avec un levier d'endettement moyen de 2 fois l'excédent brut d'exploitation (Ebitda), ils pourraient disposer de 65 milliards d'euros à investir dans des fusions-acquisitions, calcule UBS.



Il n'est pas étonnant dans ce contexte que les investisseurs s'interrogent sur la prochaine grosse opération dans le secteur. Les spéculations se sont concentrées ces dernières semaines sur les groupes Kering et Richemont, respectivement numéro deux et trois mondial.



Pour UBS, Kering est susceptible de réaliser une opération transformante dans les 12 à 18 prochains mois, afin notamment de réduire sa dépendance à Gucci. "La combinaison des deux marques phares de l'industrie du luxe, Gucci [Kering, ndlr] et Cartier [Richemont, ndlr], pourrait répondre aux inquiétudes liées aux activités mode de Kering et à la gestion des petites marques de Richemont, créant ainsi un groupe capable de défier la domination de LVMH", affirme la banque.



Johann Rupert détient la clé d'une transaction



Mais la valorisation de Richemont, à 46 milliards d'euros, constitue un obstacle de taille, sachant que Kering peut mobiliser jusqu'à 19 milliards d'euros s'il cède sa participation restante dans Puma, selon UBS. Une transaction avec une partie en actions serait envisageable mais le groupe français devrait d'abord convaincre Johann Rupert, le président et principal actionnaire de Richemont, de céder le contrôle de son groupe.



Selon le site spécialisé Miss Tweed, Johann Rupert aurait repoussé en début d'année une proposition informelle de rachat de François-Henri Pinault, le président-directeur général de Kering. Contactés par l'agence Agefi-Dow Jones, Kering et Richemont n'ont pas souhaité faire de commentaire.



"L'intérêt pour Johann Rupert de vendre aujourd'hui ses parts dans Richemont ne semble pas évident. Il reste très impliqué dans la gestion du groupe, or un rapprochement avec Kering impliquerait une perte de contrôle. Par ailleurs Richemont est en train d'exécuter un plan de transformation de son modèle économique intéressant, potentiellement créateur de davantage de valeur", souligne Thomas Chauvet, directeur de la recherche actions sur le secteur du luxe chez Citi.



Des valorisations élevées dans le secteur



Kering pourrait se tourner vers une cible plus à sa portée. Selon Paola Carboni, analyste d'Equita Sim, Burberry serait un bon choix. Les ventes du groupe britannique sont certes trois fois moins importantes que celles de Gucci mais permettraient tout de même de réduire le poids relatif de la principale division de Kering, selon l'analyste. Avec une capitalisation de 9 milliards d'euros, Burberry entre dans le champ d'une acquisition en numéraire.



"Kering dispose de réservoirs de croissance au sein d'un portefeuille de marques complémentaires et différenciées et qui ne sont pas toutes au même stade de leur développement. Je ne pense pas que Kering soit obsédé par l'idée de faire une acquisition, en tous cas pas à n'importe quel prix", affirme Thomas Chauvet. Le groupe a indiqué lors de la présentation de ses résultats annuels qu'il mettrait en 2021 l'accent sur la croissance organique et sur la redynamisation des ventes de Gucci, mais restait à l'affût d'opportunités d'acquisitions.



A défaut d'une méga-fusion, il est fort probable que la consolidation du secteur du luxe se poursuive en 2021. Le rachat en décembre de la marque de sportswear de luxe italienne Stone Island par Moncler, et plus récemment l'investissement de la famille Agnelli dans le chausseur français Christian Louboutin, en sont des exemples. "Nous sommes toujours dans un marché de vendeurs", prévient HSBC.



Autrement dit, les acheteurs devront se montrer patients, ou particulièrement généreux, s'ils veulent convaincre les actionnaires familiaux à la tête de la plupart des marques indépendantes de céder la main.



-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: VLV



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(END) Dow Jones Newswires



April 01, 2021 10:04 ET (14:04 GMT)




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